AUTOMOBILE

« La France meurt de ses injonctions contradictoires » (Véronique Bédague, Nexity)

GRAND ENTRETIEN – Alors que Nexity, le premier promoteur immobilier français, vient de publier un bénéfice opérationnel de 367 millions d’euros, en légère baisse de 1%, sa PDG depuis le 1er janvier, Véronique Bédague, détaille sa vision du secteur de l’immobilier et du logement, dont la demande mais aussi l’investissement est complètement chamboulé par la hausse des taux. Déplorant que ses alertes sur la crise du logement restent lettre morte, celle qui fut directrice de cabinet de Manuel Valls à Matignon et pressentie l’an dernier pour prendre la tête du gouvernement met en garde le gouvernement sur le risque social que font planer le manque de logements en France et l’application des mesures environnementales pour éradiquer les passoires thermiques. Par ailleurs sur les sujets aussi divers que la consolidation du marché, les nouvelles offres immobilières pour s’adapter aux changements de comportements des Français, la parité femmes-hommes dans les entreprises, ou encore le projet de réforme des retraite, Véronique Bédague n’évacue aucune question

LA TRIBUNE – Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a fait état vendredi dernier d’une dégringolade des réservations de logements neufs l’an dernier. L’immobilier neuf est-il en panne ?

VÉRONIQUE BÉDAGUE – Au premier semestre 2022, nous avions tous en tête que nous manquions de permis de construire, mais la demande était encore là. En septembre, nous avons constaté un retournement du marché avec une baisse de la demande en raison de la brutalité de la hausse des taux qui sont passés de 0 à 3% en l’espace d’un an. Les conséquences sont lourdes : avec le même budget, nos clients particuliers achètent environ 8 m² de moins. Ils ont donc perdu presque une pièce en un an. La hausse des taux a également impacté négativement l’investissement. Les investisseurs préfèrent placer leur argent sur des obligations qui affichent des taux d’intérêt de 4 à 5% que d’investir dans du logement dont le rendement moyen s’élève à moins de 3%. Le deuxième semestre 2022 a donc été compliqué. Et le premier semestre 2023 le sera également car cette tendance continue. Au premier semestre 2023, nous prévoyons bien une baisse de la demande des particuliers et des investisseurs qui se détournent du logement, que ce soit des particuliers avec un Pinel qui ne fonctionne plus, que des institutionnels qui préfèrent mettre leur argent dans des obligations.

Et après le premier semestre, que prévoyez-vous ?

La demande devrait s’améliorer au second semestre. Quant aux taux, nous écoutons les analystes. Selon leur scénario central, ils vont continuer de monter puis peut-être baisser en 2024.

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