SOCIETE
L’EXHIBITIONNISME SENSUEL DES FUTURES MARIÉES
Ça se raconte dans les marchés, grands-places, véhicules de transports publics, cérémonies de mariage ou de baptême, dans les familles… « Henné time » est sans doute l’un des mots les plus utilisés ces derniers temps. De quoi s’agit-il ? A quelques heures de la nuit de noces, la jeune mariée organise une fête avec ses amies et proches une cérémonie nocturne au cours de laquelle elle est parée de henné aux mains, aux pieds, de bijoux, entre autres, accompagnée de pas de danse et de chants, parfois avec un accoutrement sensuel dominé par un « béthio » (petit pagne) exposé. Auparavant, cette cérémonie était pratiquée dans la pure tradition, un cortège nuptial sans aucune forme d’extravagance. Mais aujourd’hui, on est arrivé à y voir pire que de petits pagnes. Parfois c’est la nudité revendiquée, filmée, « tik tokée ». Henné time rime avec « aimer time », mais le show fait des dégâts dans les cérémonies et prend d’autres tournures. Bés bi décortique ce phénomène.
« Bride to be » ou encore enterrement de vie jeune fille, un phénomène qui avait choqué bon nombre de Sénégalais. La future mariée était entourée de ses amies, toutes sont vêtues de peignoirs en satin doux de couleur blanche où il est imprimé au dos « Team Brides », assortis des écharpes personnalisées. Le tout en harmonie avec des chaussures pantoufles de spa. Mieux, la future mariée était coiffée d’une couronne en strass et brille de mille feux, le visage est maquillé de manière soft. Avec l’émergence des réseaux sociaux, cette pratique a été dévoyée et fait scandale dans certaines cérémonies.
En effet, cette page « Bride to be » fermée, revoilà une nouvelle tendance aux allures d’exhibitionnisme sensuel qui fait polémique surtout sur la toile. Et ça se passe sur les réseaux sociaux notamment tik-tok. Le « Henné time » est devenu une tendance pour ne pas dire une règle chez les futures mariées sénégalaises. La fiancée organise à la veille de la cérémonie du mariage, une soirée nocturne aux allures d’enterrement de vie de jeune fille en compagnie de ses copines. Une bâche est dressée, bien décorée en mode traditionnelle avec des tissus en wax, « cuub », de petit mortier, etc., c’est selon la communauté. La future mariée s’habille également en grand boubou assorti d’accessoires ressemblant à une princesse « peul », « sérère », « wolof »… Bien allongée sur un matelas avec drap blanc, souvent une natte multicolore, elle est dressée au milieu de la tente et deux colonnes lui font face. Les amies bien drapées dans leurs boubous traditionnels avec des foulards et un éventail en wax à la main, se tiennent debout. Pendant ce temps, la future mariée est en train de se faire belle avec un professionnel qui lui applique soigneusement du henné moderne de couleur rouge bordeaux aux mains et aux pieds avec de belles figurines. Parfois le nom de l’époux est mis en exergue. L’espace est embaumé par l’odeur de l’encens. Du thé, du lait frais distribué aux invités. La cérémonie est rythmée par une ambiance électrique, souvent par les « Bogoman » et le spectacle est à son paroxysme.
Le « Henné time » dévoyé de son sens
Le « Henné time », appelé autrement à l’époque, était un moment pour la future épouse d’exalter la richesse culturelle de sa communauté où les « badiènes (tantes paternelles) chantent les louanges et conseillent à leur fille qui va entamer une nouvelle vie. Et c’était accompagné de pas danse qui allient grâce et élégance, avec émotion. C’était des moments dans la tradition pure. Hélas, le constat est amer car depuis un certain moment, ce qui se fait n’a rien n’avoir avec la tradition. C’est devenu une séance d’exhibition sexuelle. Les femmes se lancent dans un concours de danse perverse, rivalisent de beauté de leur « béthio (petit pagne) », et de « bines-bines (perles que les femmes mettent autour des reins) » qui brillent autour de leur rein suivant le rythme effréné des tams-tams.
Le plus choquant des « Henné time » qui a défrayé la chronique est celui de la vendeuse de savon de dépigmentation, Mame Ndiaye « savon ». Pour célébrer ses 10 ans de vie conjugale, elle a organisé un « Henné time » dont la vulgarité et le laisser-aller a heurté la sensibilité d’un bon nombre de Sénégalais. Elle y est allée avec ses amies dans un « leumbeul » sensuel, en exhibant leurs sous-vêtements, des lingeries et bines-bines. Une séance qui a heurté et interpellé plus d’un.