Idrissa Seck et ses ministres ont quitté Macky Sall. S’en est suivi le départ de son député Mariétou Dieng du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar. Ce qui a remis sur la table le débat sur la majorité relative que détenait le camp présidentiel à Assemblée nationale. Avec la situation actuelle, l’avenir de Macky Sall ou de l’opposition se joue entre les mains du leader de Rewmi. Qui contrôlera désormais l’hémycicle ?
Qu’en sera-t-il de l’Assemblée nationale? De l’avis de Moussa Tine, fondateur du parti de centre gauche l’Alliance Démocratique PÉNCÓO, député de 2001 à 2006, une belle opportunité se présente pour l’opposition.
L’opposition en gagne
« Dès lors, la sortie d’Idrissa Seck de la majorité présidentielle offre une belle opportunité de trouver une solution parlementaire, donc pacifique, à tous ces facteurs sociopolitiques hautement chrysogènes. Avec les députés de Yewwi, de Wallu, avec aussi Cheikh Bara Doli Mbacké et Mamadou Lamine Diallo évidemment ainsi que les deux députés non-inscrits, Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall, ainsi que Mariétou Dieng de Rewmi, il ne fait pas de doute que l’opposition arrivera à une majorité simple de 83 députés sur 165 », a-t-il indiqué.
Moussa Tine en considère même que serait une aubaine pour l’opposition de faire supprimer ou modifier certains articles du code électoral qui empêchent Khalifa Sall et Karim Wade d’être éligible.
« Cela suffira pour voter une loi d’amnistie même si, à mon avis, la meilleure voie n’est pas celle-ci. Tout de même, une telle majorité, il sera possible de supprimer le mot électeur de l’article 57 du code électoral et modifier les articles 29 et 30 », a fait remarquer l’ancien parlementaire.
En effet, souligne- t-il « lesdits articles sont des lois ordinaires et non des lois organiques ou constitutionnelles. Par conséquent, il est possible de les modifier à la majorité simple des membres de l’Assemblée nationale. »
Le sort de Macky Sall et consort sera définitivement scellé, Moussa Tine invite le Parti Rewmi d’éclairer l’opinion sur son ancrage dans l’opposition. « Rewmi et, à sa tête, son président, ont par cette occasion la possibilité d’éclairer l’opinion, affermissant ainsi leur ancrage dans l’opposition. »
Conséquence: « une nouvelle majorité parlementaire – pas politique – donnera également l’avantage d’un contrôle du Bureau de l’Assemblée, et ce, sans toucher au mandat de son président (élu pour 5 ans). On pourra de surcroît s’assurer de l’effectivité d’un équilibre agissant entre les pouvoirs. L’enjeu et les défis sont de taille. Il faudra bien s’y tenir d’ici à la prochaine présidentielle.»
La démission de la députée de Rewmi n’est bénéfique pour l’opposition que si Idy affirme son encrage dans l’opposition
Mais pour Adama Sadio, Dr en Sciences politiques le départ de Mariétou Dieng de la mouvance présidentielle n’est bénéfique pour l’opposition, que si réellement Idrissa Seck était dans une opposition au sens propre du terme.
« Tout semble indiqué que M. Seck n’est pas réellement dans l’opposition. Autrement dit, on est dans une continuité du « mbourou ak sow ». Comme Idy l’a si bien dit, lors de sa dernière sortie, il est pour la stabilité, pour la paix entre autres ».
Notre interlocuteur semble ne pas être surpris de voir la députée de Rewmi, devenue non-inscrite « voter ou accompagner la majorité Benno Bok Yakar à l’assemblée nationale ».
Alors il fait remarquer que tous les signaux sont au vert après cette déclaration de Benno Bokk Yakkar. « Il semble même que Benno a déjà réagi et a dit qu’il ne va pas réserver le même sort à cette députée que Mimi Touré. Cela est tout à fait clair et montre que Idy n’est pas réellement dans l’opposition. Pour moi il est dans l’opposition juste pour casser la dynamique unitaire et contestataire contre la troisième candidature du chef de l’état. Mais aussi certainement pour casser la bipolarisation qui existe même si c’est de plus en plus médiatique. »
Dr Adama Sadio en conclut même que le chef de l’Etat va lancer un dialogue avec l’opposition et au regard international on dira que le chef de l’opposition du Sénégal a répondu présent au dialogue du chef de l’Etat. « Pour vous dire qu’il y a pas de séparation totale. Ils (Macky et Idy) sont dans ce « mbour’ok sow » mais d’une manière beaucoup plus subtile. C’est juste ça. A l’élection présidentielle, en cas de second tour, ne soyez pas surpris que le président Idrissa Seck rejoint le candidat Macky Sall si bien-sûr ce dernier est candidat ».