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Borne présente sa feuille de route pour les « cent jours d’apaisement » et « d’action » voulus par Macron
[Article publié le 26 octobre et mis à jour à 13H05]
Tourner la page des retraites et faire cesser les concerts de casseroles, c’est ce qui incombait aujourd’hui à la cheffe du gouvernement qui présentait, ce mercredi, sa feuille de route pour les « cent jours d’apaisement » et « d’action» décrétés par Emmanuel Macron. Après la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel, le chef de l’Etat n’a pas cessé d’énumérer ses « chantiers prioritaires » (travail, « justice et ordre républicain et démocratique », « services publics » incluant école et santé).
Ce mercredi, Elisabeth Borne a ainsi détaillé des « solutions concrètes (et) des actions qui changent la vie (des Français) », à l’issue du Conseil des ministres où elle a exposé les mesures pour tenter de tourner la page de la réforme très contestée des retraites.
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Parmi ces mesures, on retrouve, notamment, un projet de loi sur l’industrie verte qui sera présenté mi-mai.
La Première ministre s’est, en outre, dite « confiante » de pouvoir trouver des majorités projet par projet
Loi immigration : Emmanuel Macron n’exclut pas un recours au 49.3
Ce qui semble néanmoins plus difficile concernant la loi immigration pour lequel il faudra plus de temps que prévu. Le texte ne sera pas présenté ni examiné avant la rentrée prochaine, a indiqué Elisabeth Borne ce mercredi. Et pour cause : «Aujourd’hui, il n’existe pas de majorité», selon la Première ministre. Après plusieurs revirements sur le véhicule législatif de la loi immigration, l’exécutif a également revu ses plans sur le calendrier. Résultat, le projet ne sera finalement pas inscrit à l’ordre du jour de la session parlementaire actuelle, qui s’achève cet été.
Sur ce volet, Emmanuel Macron a prôné « un seul texte » pour « durcir nos règles » en matière d’expulsion tout en améliorant l’intégration. Écartant ainsi l’hypothèse d’un projet découpé en plusieurs textes pour faciliter son adoption, comme il l’avait lui-même évoqué il y a un mois. Mais, « je ne sais pas vous dire quel sera le chemin. Il faut construire une majorité politique », a-t-il dit, interrogé sur l’éventualité d’une adoption au 49.3. Il « fait évidemment partie des hypothèses », a jugé mardi Olivier Dussopt. Même si, sur la loi immigration, il faudra « tout faire pour l’éviter », a ajouté le ministre du Travail, engagé sur ce texte aux côtés du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Elisabeth Borne, quant à elle, s’est opposée à recourir au recours à cet article pour faire passer cette loi. L’exécutif pourrait aussi choisir de contourner l’obstacle, en dévoilant également des mesures réglementaires. Elisabeth Borne en a esquissé la voie, en annonçant par exemple la semaine dernière la division par deux du délai d’obtention de titres d’identité, une des fameuses « solutions concrètes » vantées par la Première ministre.
Un « partage de la valeur en entreprise »
Sur le volet travail, il a évoqué un texte de loi transposant « très vite » l’accord national interprofessionnel sur le « partage de la valeur » en entreprise, conclu entre les organisations patronales et syndicales. Il a également cité un projet « sur France Travail (transformation de Pôle Emploi, NDLR) et sur les lycées professionnels, sur lesquels on doit avancer d’ici l’été » et qui sera porté par le ministre Olivier Dussopt.
Selon des sources gouvernementales et parlementaires, Elisabeth Borne devait également tracer les contours d’une future loi sur le numérique comprenant la mise en place d’un « filtre anti-arnaque », la transcription en droit français des nouveaux règlements européens sur les services et marchés numériques (DSA-DMA), ou encore un « renforcement » du blocage des sites pornographiques à destination des mineurs.
Social, santé, service national universel, inflation… Emmanuel Macron donne le cap
Sur le front social, Emmanuel Macron est revenu dans Le Parisien, face aux lecteurs du quotidien, sans plus de précisions, sur la réforme du RSA « pour que jamais une heure de travail ne puisse être moins intéressante » que ce dispositif, ainsi que « la solidarité à la source » pour que tous ceux qui ont droit aux aides les reçoivent et, ainsi, lutter contre la fraude. Il a par ailleurs affiché une certaine prudence sur la généralisation du service national universel (SNU). « Je ne vais pas vous dire que la rentrée prochaine le SNU sera obligatoire. C’est une question de montée en charge progressive. Quelques départements, puis un peu plus », a-t-il dit. Sur la santé, il réaffirme vouloir « accélérer la délégation d’actes (prescription de certains médicaments ouverte aux pharmaciens, vérification de la vue par des opticiens, etc) », mais déplore sans prendre de pincettes : « je me tape les corporatismes ».
Face à l’inflation, le chef de l’Etat a plaidé pour que « le travail paye mieux », renvoyant la balle aux « employeurs » et au « dialogue social ». « Le Smic continue d’augmenter, les autres salaires doivent suivre, et cela fait partie des sujets que l’on a mis à la négociation ». Alors qu’un lecteur lui reprochait de ne pas assez parler d’écologie, le chef de l’Etat confirme a confirmé son souhait de lancer « un grand projet de restauration écologique » des écoles, promettant des « financements » aux communes pour lutter contre les « passoires thermiques ».
Elisabeth Borne effectuera le service après-vente jeudi matin lors des « 4 vérités » sur France 2. Mais après la séquence des retraites, et alors qu’Emmanuel Macron a accumulé les déclarations distantes à l’endroit de sa Première ministre, les spéculations vont bon train sur son avenir à Matignon. « Je suis inquiet », souffle un cadre de la majorité, sceptique sur les « cadeaux » que pourraient offrir la droite au Parlement pour permettre l’adoption des lois.
L’intersyndicale prépare le 1er mai
Au-delà du sort de la Première ministre, cette nouvelle séquence doit permettre à Emmanuel Macron de tourner la page de la réforme des retraites alors qu’il ne peut plus faire un déplacement sans être accueilli par un concert de casseroles. « Les 100 jours d’Emmanuel Macron, c’est une manière de dire (…) « il y a eu un raté au démarrage, on ne s’est pas compris, on remet tout à plat, on repart à zéro », estime Philippe Moreau-Chevolet, professeur de communication politique à Sciences-Po. Selon lui, le président va tenter de « provoquer une nouveauté par jour », en allant sur le terrain, en réinvitant les syndicats en mai, dans une sorte d’« ego trip » à double tranchant.
Reste à savoir si la méthode qui rappelle l’idée du « grand débat national » choisi pour calmer la fronde des gilets jaunes en 2018, suffira à convaincre les oppositions. Le chef de l’Etat promet de faire le bilan de la méthode « le 14 juillet » prochain. Dans l’immédiat, l’intersyndicale, de son côté, prépare les manifestations du 1er mai dont elle souhaite faire une démonstration de force. « Ça peut être le baroud d’honneur », estime un ministre.