SOCIETE
Dakar: le traditionnel « ngalakh » servi à tout prix, malgré la cherté du panier de la ménagère
Au Sénégal, la fin du Carême rime avec la préparation du « ngalakh ». Un plat traditionnel à base de mil, pâte d’arachides et pain de singe. Et c’est surtout un repas distribué aux voisins et aux amis musulmans à l’occasion des fêtes de Pâques. Cette tradition de partage sera bel et bien respecté cette année, malgré la hausse vertigineuse des prix sur les denrées.
Madame Béatrice Ndioukane, la trentaine s’occupe des préparatifs du plat de la fête chez elle. Résidente à Thiaroye (banlieue dakaroise) elle fait part les difficultés qu’elle a rencontrées au moment de faire ses achats.
« C’est vraiment cher le marché. Le sac de pain de signe qui coûtait 10.000 FCFA est maintenant à 15.000 FCFA. Sans compter le sucre qui reste introuvable. Mais par mesure de précaution, j’ai acheté du sucre par kilo que j’ai gardé soigneusement chez moi bien avant la fête », confie-t-elle. Avant de faire remarquer que la cherté de la vie ne « leur empêchera pas de sacrifier au traditionnel plat servi en majorité à leurs voisins et amis ».
Alors même si le contexte économique semble ne pas être facile pour les familles, les bassines de « ngalakh » seront de rigueur. Il y en aura pour tout le monde ! C’est ce qu’assure Jean-Paul Diouf, Kinésithérapeute de profession.
« Effectivement, il y a une flambée criarde des denrées de première nécessité. Ce qui fait que le panier de la ménagère est carrément difficile. Du coup, la dépense que je donnais à madame a été revue considérablement à la hausse. Mais, ce qui est sûr est que cette tradition de partage entre frères et sœurs, voisins et parents sera perpétrée », promet ce père de famille.
Par contre, monsieur Diouf pointe du doigt sur l’absence de contrôle du marché qui d’ailleurs encourage les commerçants véreux a augmenté les prix de leurs articles à l’approche des fêtes. « Les commerçants augmentent les prix de leurs marchandises de gauche à droite. Et ce qui me fait mal est qu’il n’y a pas de contrôle », regrette-t-il.
Madame Ndiaye de son coté n’est pas trop inquiétée de ce que propose le marché en terme de prix. Résidente dans une maison de trois étages et être la seule chrétienne fait d’elle une spéciale.
« Ah moi je rends grâce à Dieu. Vous savez je suis la seule chrétienne de cette étage. Et à l’approche de la fête mes voisins musulmans avec qui je partage ce domicile m’aide vraiment. Des sceaux de pâte d’arachides, du pain de signe et même du mil me sont offerts. Y’en a même qui me donne de l’argent. Vraiment chez moi le dialogue islamo-chrétienne n’est pas que de parole », acclame-t-elle avec joie au bout du fil.
Quant à Evelyne, C’est la rareté et la cherté du prix du sucre qui l’inquiète. « Le kilo de sucre est à 700 fcfa au lieu de 600 à Golf Sud. Le paquet du morceau de sucre qui était à 1.000 a connu une hausse de 200 ». Malgré cette cherté, la communauté chrétienne compte servir à tout prix ce plat, devenu symbole de la bonne relation avec les musulmans au Sénégal.