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Démantèlement des bandes armées : Les mailles fines de la SU

Près de 10 mois après les premières arrestations liées à la Force spéciale, la Sûreté urbaine continue son œuvre de démantèlement des groupes, qui auraient prévu de s’attaquer à des infrastructures vitales du pays et de le plonger dans le chaos en marge des manifestations politiques. Après le premier groupe arrêté aux mois de juin et mars, un nouveau gang a été mis hors d’état de nuire à la veille du procès en Appel Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko, prévu hier. Pour tous ces groupes, le dessein est le même : plonger le pays dans le chaos. Et la Su poursuit la traque.

Par Justin GOMIS – A la Sûreté urbaine, la chasse à l’homme ne s’arrête jamais. La police a permis d’éviter le pire à Dakar, ce lundi, à l’occasion du procès en Appel pour diffamation mettant aux prises le ministre Mame Mbaye Niang et le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko.

A l’aide d’un important lot de cocktails Molotov, ce nouveau «Commando» voulait affronter, avec de telles armes, les Forces de l’ordre. Bien sûr, c’est la Sûreté urbaine qui a réussi à déjouer leur plan après avoir exploité des renseignements et découvert les armes dans une maison inachevée à Malika.
Cheikh Omar Bitèye, marabout domicilié à Malika plage, Abdourahmane Mboup, menuisier établi à Sangalkam, Baye Mbaye Kane, commerçant vivant à Malika et Ahmadou Fofana, un tailleur résidant à Malika, sont en garde à vue au Commissariat central de Dakar. Avant leur défèrement dans les prochaines heures au Parquet pour des menaces sur la sécurité nationale. Aujourd’hui, la police poursuit ses investigations pour remonter la chaîne de complicité. La Sûreté urbaine continue à rassembler les pièces du puzzle… Près d’un mois après l’arrestation de personnes pour participation à un «complot contre l’autorité de l’Etat» et «menaces sur la sécurité nationale», de nouveaux éléments font leur apparition : on ne connait pas jusqu’où étaient prêts à aller les agents de la «Force spéciale» et du «Commando» de Pastef dont plusieurs éléments ont été arrêtés par la police, ce qui est sûr, selon les premiers éléments de l’enquête, ils allaient provoquer des troubles. En attendant, la Su poursuit ses investigations, multiplie les arrestations et continue la traque des autres membres du «gang», qui risquent gros.

Depuis le mois de juin, c’est le quotidien des agents de la Sûreté urbaine, unité d’enquête logée au Commissariat central de Dakar : déjouer les plans sinistres de certains groupes «grâce à un système de renseignements pointu». Au mois de juin, la Sûreté urbaine, qui mène des enquêtes liées à un groupe considéré comme «terroriste», avait aussi démantelé la «Force spéciale». La traque des «malfaiteurs» avait permis l’arrestation de Pape Ousmane Seck, Bouna Ba, Madické Diop, Abdoul Aziz Niang, François Mancabou, Babacar Ndao, Abdoulaye Ndiaye, Assane Dramé, Mor Guèye, Ibrahima Diédhiou et Abdoul Aziz Niang, et plus tard Amy Dia et Yaya Cissé.

Connexion «Force spéciale» et «Commando»
Les membres de cette supposée «Force spéciale» avaient pour objectif, selon l’enquête, de saboter des centrales électriques, le Ter, d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, de s’en prendre aux intérêts français. Ils devaient profiter de la manif’ de Yaw du 17 juin dernier, pour mettre en branle leur projet. Mais, les renseignements de la police ont réussi à tuer dans «l’œuf», les «projets d’attentat» contre les infrastructures vitales du pays.
Au mois de juin dernier, le juge d’instruction du deuxième cabinet avait déjà placé sous mandat de dépôt, 11 personnes pour complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions, dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’arme à feu.

Comme la loi sur le terrorisme a renforcé les moyens d’investigation des enquêteurs, la Sûreté urbaine a poursuivi son enquête pour «démêler l’écheveau». Elle a permis de montrer qu’il y avait une connexion réelle entre le «Commando» et la «Force spéciale».

Drivée par Mouramani Kaba Diakité, propriétaire de l’Hôtel les Ambassades des Parcelles Assainies, Fekabilé Yakhara-bayo, cette organisation, selon le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar, devait aussi s’adonner à des actions subversives à l’aide d’engins explosifs aux cocktails Molotov en marge du procès Mame Mbaye Niang-Sonko du 16 mars dernier.

Ancien commando de l’Armée, Famara Mané alias Nianthio, qui avait gardé une partie des explosifs de la Force spéciale et agent rompu à la confection d’engins explosifs, et Mouramani Kaba Diakité, coordonnateur des activités du «Commando», devaient con-fectionner des éléments capables de ralentir l’intervention des Forces de l’ordre. Selon l’enquête policière, ils devaient installer le chaos à Dakar à travers des actes subversifs menés lors des manifestations publiques.

Cobra
De Karang à Diaobé en passant par les Parcelles Assainies, Keur Massar Sud, Guédiawaye, Pikine, les différents profils «impliqués» dans ces projets «funestes» sont filés, traqués par les enquêteurs qui ont décidé d’étouffer le projet dans l’œuf en procédant à leur arrestation. Les cibles prioritaires étaient claires : s’en prendre à des personnalités des milieux politique, judiciaire, religieux et de la presse. Après leur défèrement pour association de malfaiteurs, terrorisme, atteinte à la sûreté de l’Etat, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles politiques graves, destruction de biens publics et privés, incendies criminels, vols, pillages, meurtres, une information judiciaire a été ouverte : les membres du groupe arrêtés ont été placés sous mandat de dépôt.

Pour l’instant, les enquêtes se poursuivent au niveau de la Sûreté urbaine. Elle est devenue une unité d’investigations très performante de la Police. La hiérarchie lui a délégué toutes les enquêtes sensibles du moment. Au-delà de trois dossiers sur les menaces de la sécurité nationale, elle diligente les dossiers «politico-judiciaires» qui rythment la vie du pays comme «l’affaire sur l’assassinat» du leader du parti Pastef.

Dans l’ombre, Bara Sangharé drive la Sûreté urbaine depuis octobre 2019. Emporté par la polémique de la pharmacie Falilou Mbacké de la Patte d’Oie pour une histoire d’achat de médicaments, qui avait fait du bruit, il a été enlevé du Commissariat des Parcelles Assainies avant d’être envoyé à la Direction générale de la Police nationale comme conseiller du directeur. Connu à la Sûreté urbaine où il a passé de longues années, Cobra a donné plus d’étoffe à celle-ci, qui a désormais le même écho que la Dic dans la conscience collective.

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