Avocat, membre du collectif de la défense du journaliste d’investigation Babacar Touré, informe que leur client est « condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois (3) jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens , dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle ».
«Le journaliste d’investigation Babacar Touré, gardé à vue sans raison juridique soutenable, semble t-il, sur instruction de dernière minute du trop puissant Parquet de la République, se trouve présentement dans les locaux du commissariat central de Dakar, alors qu’il a été déféré deux jours plutôt au tribunal où il aurait dû,dans les plus brefs délais c’est à dire le même jour, comparaitre devant le Procureur de la République qui devait soit le libérer immédiatement au vue du dossier,soit le placer sous mandat dépôt pour être jugé au plus tard le 3eme jour ouvrable par un tribunal chargé d’établir le bien ou le mal fondé des accusations portées contre lui, soit comparaitre un juge d’instruction pour que ce dernier décide de l’opportunité ou non d’ordonner sa détention dans un lieux prévu par la loi», rappelle Me Ly.
L’avocat soutient que « le journaliste a passé des journées entières entre les cellules de la cave du tribunal et celles des locaux de la police, dans des conditions dégradantes pour la personne humaine, ce qui interpelle toutes les organisations nationales et internationales chargées de contrôler les lieux de privation de liberté et de veiller sur les conditions de détention des personnes en attente d’être libérées ou jugées».
A tous les points de vues, le journaliste est juridiquement en « détention arbitraire depuis son déferrement, parce qu’en dehors de la garde à vue et de la prolongation de celle ci strictement réglementées par la loi,le parquet ne justifie pas de son pouvoir de prolonger les supplices des citoyens présumés innocents, en les renvoyant entre les mains de policiers ou de gendarmes qui n’étaient plus habilités à les garder sous écrou».
Selon la robe noire, cette situation d’illégalité manifeste, engage la responsabilité aussi bien de l’ordonnateur que celle du gardien qui n’ignore pas l’absence de base légale de l’ordre reçu». Pire encore, le commissariat central a interdit le droit de visite aux avocats de la défense, sur instruction du Procureur de la République, lequel s’arroge des pouvoirs que même un juge d’instruction ne possède pas».
« En ma qualité d’avocat du journaliste d’investigation, j’attire l’attention sur l’illégalité du retour de parquet, qui n’est qu’une mesure violant plusieurs règles du droit international des Droits de l’homme et une détention arbitraire, parce qu’elle n’est pas ordonnée par un juge et n’est écrit nulle part dans la législation interne», alerte Me Ly.
A l’en croire, cette mesure est une humiliation des avocats, en ce qu’elle constitue une grave entrave à l’exercice de la profession et une violation des Droits de la défense,de même qu’elle porte atteinte au fonctionnement régulier de l’institution judiciaire.
Il affirme avoir passé trois heures à essayer de voir son client, afin de lui expliquer les trois seules possibilités qui s’offrent au ministère public à ce stade de la procédure et s’assurer de son état de santé. « J’ai épuisé les voies légales pour le rencontrer, vainement. J’informe par ailleurs l’opinion nationale et internationale, que j’avais adressé des correspondances au Procureur de la République pour avoir accès à des documents judiciaires qui confortent l’innocence du journaliste et le caractère fantaisiste des accusations portées contre lui. A cette heure-ci, aucune instruction n’aurait été encore donnée , alors que le temps presse pour la défense qui n’a aucun accès ni aucune information sur le dossier depuis que la police judiciaire a transmis ce dossier au procureur, ce que est inadmissible dans un État de Droit», révèle-t-il.
Pour Me Ciré Clédor Ly, la justice ne doit pas être un facteur déstabilisateur d’une nation. Sa force réside dans la neutralité, la loyauté et la compétence des hommes qui l’incarne, ainsi que dans le respect de la dignité humaine et des lois. « Mon client est condamné à rester enfermé dans les locaux du commissariat central encore trois jours au moins, privé de toute visite de ses avocats et des siens , dans des conditions qui ne permettent aucun contrôle, par la seule volonté du Procureur de la République ce qui est encore inadmissible dans un État de Droit », prévient l’avocat.
Cependant, il a été mis en garde à vue à l’issue de l’audition. Il est poursuivi pour trois chefs d’accusation : « dénonciation calomnieuse, diffamation, diffusion de fausses nouvelles ».