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Portabilité : Le Restic veut un bilan
Le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies, de l’information et de la communication (Restic) réclame «une évaluation effective et exhaustive de la portabilité des numéros de téléphonie mobile au Sénégal», qui a été lancée depuis 2015 par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp).
Par Dialigué FAYE – Redynamiser la concurrence sur le marché des télécommunications au Sénégal, au bénéfice des consommateurs. Tel a été, entre autres, l’objectif de la portabilité des numéros de téléphonie que l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) avait lancée en 2015. Huit ans après, le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies, de l’information et de l’information (Restic) signale qu’on est très en dessous des objectifs. «Depuis 2014, l’Artp a adopté les lignes directrices de la portabilité des numéros mobiles, c’est-à-dire la possibilité de changer son opérateur de réseau tout en gardant son numéro.
L’opérationnalisation de cette permutation entre opérateurs force la baisse des prix, une meilleure accessibilité au réseau de qualité de la zone, un maillage plus dense du territoire par les opérateurs et une concurrence avec des infrastructures fiables et performantes. La portabilité visait à redonner plus de flexibilité à l’usager et moins de contraintes dans ses choix face aux tout puissants opérateurs. Malheureusement, à l’heure des bilans, tel n’est pas le cas. Aujourd’hui, l’opérateur historique garde toujours son ascendance sur le parc des lignes fixe, mobile et internet.
Heureusement que son réseau et ses pratiques respectent les normes et standards de qualité dans le sous-secteur. La portabilité mise en œuvre par l’Artp n’a pas permis de rééquilibrer le marché des télécoms en créant une concurrence effective dans le parc global des abonnés et usagers entre les trois opérateurs sur les 14 millions d’usagers mobiles au Sénégal», relève le Restic.
Avec la persistance des numéros non identifiés, souligne Moustapha Diakhaté, président de cette organisation et ses collaborateurs, «le processus de portabilité n’a pas l’impact escompté, selon les données de l’autorité de régulation, près de 66% des demandes de portabilité sont rejetés. Plus que jamais, notre marché du mobile, extrêmement dynamique avec la progression du parc d’abonnés, manque de fluidité, même avec l’avènement des opérateurs virtuels tels que Xeweul etc.».
Le Restic encourage ainsi «l’Artp et les opérateurs à réévaluer la portabilité des numéros et le catalogue d’interconnexion avant toute mise en œuvre du roaming national. Sans une évaluation effective et exhaustive de la portabilité, nous allons vers les mêmes limites et contraintes pour le roaming national et cela ne permettrait pas aux clients et usagers du fixe, du mobile et de l’internet de recevoir les meilleurs services aux meilleurs prix et tarifs».
Evaluer le Fdsut
Pour rappel, c’est en septembre 2015 que l’Artp avait procédé au lancement de la portabilité des numéros de téléphonie mobile au Sénégal. L’Artp, en étroite collaboration avec les opérateurs, avait défini les conditions et modalités du processus ainsi que les rôles et responsabilités des différents acteurs, à travers la décision n°2015-011 du 23 novembre 2015. Cela, pour rendre plus dynamique la concurrence au bénéfice des utilisateurs.
Les opérateurs, les associations de consommateurs, la Société civile ainsi que les équipes de l’Artp avaient à l’époque travaillé sans relâche, pour mettre en place une procédure simple, fluide et efficace permettant à tout abonné qui le souhaite, d’effectuer la portabilité de son numéro, en moins de 24 heures avec une durée maximale d’interruption de 2 heures.
A l’aune des statistiques observées, il apparaît un taux de rejet important de près de 66% des demandes de portabilité dont les deux tiers sont causés par une mauvaise identification des numéros.
Sur les zones non couvertes ou peu couvertes par le réseau, notamment certaines zones rurales, le Restic interpelle le ministère de l’Economie numérique sur le service universel et son effectivité dans la réduction de la fracture numérique et digitale à l’intérieur du pays. Les responsables de cette organisation jugent aussi nécessaire de «faire le bilan du Fonds de développement du service universel des télécoms (Fdsut) et de quelques licences d’opérateurs en cours, et surtout les fonds qui y ont été mobilisés. L’évaluation est devenue essentielle pour le Fdsut et la portabilité».
Les responsables des entreprises du secteur des Tic affiliés au Restic saluent, néanmoins, «le dynamisme que le nouveau Directeur général imprime déjà à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes sur des problématiques urgentes comme la couverture effective du territoire en
réseau fixe, mobile, internet et surtout la régulation des réseaux sociaux numériques».