Toutes ces trois questions peuvent être réglées en un rien de temps, par le « Maitre du jeu », celui que la Constitution définit comme la Clé de voûte des institutions. En effet, le président de la République peut ramener la tension politique et sociale de 1000 degrés à zéro.
En marge du Conseil des ministres ce mercredi, si Macky Sall déclare qu’il ne se représentera pas en 2024, demande à son ministre de la Jeunesse, Mame Mbaye Niang de renoncer à son appel dans le procès en diffamation qui l’oppose à Ousmane Sonko, tout en instruisant le ministre de la Justice de faire de même avec le Parquet et pour finir, signe un décret d’amnistie des faits pour lesquels Karim Wade et Khalifa Sall avaient été condamnés en 2016 et 2018, tout redevient comme dans le meilleur des pays de la Teranga. Mais ça, c’est, semble-t-il, trop rêver, si l’on analyse tous les actes posés par l’actuel Président et ses plus proches collaborateurs.
Un chemin du dialogue avec plusieurs acteurs nationaux et internationaux
Il y a une autre voix qui pourrait déboucher sur un dégel, c’est celle du dialogue entre les différentes parties prenantes du jeu politique sénégalais. Lors de son adresse à la Nation le 03 avril dernier, le Président Macky Sall a affirmé être ouvert au dialogue avec toutes les forces vives de la Nation pour retour à la paix et à la stabilité.
Une surprenante rencontre Idy-Sonko
Mais qui dit dialogue en politique dit négociations, compromis, mais également médiation. La presse sénégalaise a largement fait état d’une surprenante rencontre entre Idrissa Seck, actuel président du Conseil économie social et environnemental (CESE) et non moins allié de Macky Sall dans la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar et Ousmane Sonko, principal opposant. Dans les discussions relatées dans la presse, le leader de Pastef aurait demandé à son hôte la libération de tous les détenus politiques, l’abandon des poursuites judiciaires à son encontre et la renonciation du Président Macky Sall à se représenter en 2024 une 3e fois. Conditions sine qua non pour décrisper le climat politique marqué par d’énormes tensions.
Idrissa Seck qui aurait eu l’accord de Macky Sall pour se rendre en médiateur chez Sonko, est dans une posture assez étrange. Lui qui a implicitement déclaré sa candidature à la présidentielle de 2024 sur sa page Facebook avant de supprimer le post.
L’Élysée joue sa partition dans le duel de feu Macly-Sonko
Il n’y a pas eu que Idrissa Seck qui a eu à se rendre chez le chef de l’opposition sénégalaise. Selon le journal français Le Monde, le 23 mars dernier, une délégation de l’Elysée conduite par Nadège Chouat, la numéro 2 de la branche Afrique du palais français, s’est rendue à la Cité Keur Goorgui pour rencontrer Ousmane Sonko. Les discussions auraient tourné sur les relations bilatérales entre la France et le Sénégal. La tension politique a été certainement abordée lors de cette visite.
D’autant plus que, selon l’avocat français de Sonko, Me Juan Branco, cette délégation de l’Élysée a été au palais de la République pour rencontrer le Président Macky Sall dans le but de trouver une issue moins pensante au procès en diffamation qui tient en haleine tout le pays.
La société civile sénégalaise également dans le lot des médiateurs
La Coordination des organisations de la Société civile (COSCE) du Sénégal a également pris son bâton de pèlerin pour trouver une issue heureuse au feuilleton judiciaire Sonko-Mame Mbaye Niang. Le fondateur de Afrikajom Center, Alioune Tine et ses camarades ont essayé de réunir les protagonistes autour d’une table pour une solution à l’amiable de leur différend. Dans cet entreprise de médiation, la COSCE est accompagnée par le National Democratic Institute (NDI), qui est une filiale du parti démocrate américain.
Toutes ses démarches entreprises de part et d’autres montrent que la situation, aussi tendue qu’elle est, peut déboucher sur une solution qui puisse permettre aux Sénégalais d’avoir une période préélectorale et électorale calme et apaisée.
En attendant, c’est reparti pour une nouvelle période de probables tensions avec l’enrôlement express du recours de Mame Mbaye Niang et le procureur de la République par la Cour d’Appel dont le président n’est autre que Amady Diouf, ancien chef du parquet qui avait lui-même corsé les charges contre Sonko en première instance avec les chefs d’inculpation de Faux et Injures publiques pour lesquels le chef de l’opposition a été relaxé par le juge Mamadou Yakham Keita.