AUTOMOBILE
Rebondissement dans le procès du crash Rio-Paris : le parquet fait appel de la relaxe d’Airbus et d’Air France
[Article publié le 27 avril et mis à jour à 11H00]
Le procès n’est pas fini. Alors que le tribunal correctionnel avait acté la relaxe du constructeur Airbus et de la compagnie aérienne Air Francedans l’affaire du crash du Rio-Paris, le parquet général a finalement annoncé, ce jeudi, fait appel de ce jugement.
Ecœurement » des victimes
Pour rappel, le 17 avril dernier, le tribunal correctionnel avait mis hors de cause les deux entreprises sur le plan pénal suite au crash survenu le 1er juin 2009 et qui avait causé la mort des 216 passagers et des 12 membres d’équipage. Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’était abîmé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage. À bord de l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens.
À l’issue du procès, qui s’était déroulé du 10 octobre au 8 décembre, il avait ainsi jugé que, si des « imprudences et négligences » avaient été commises, « aucun lien de causalité certain »n’avait « pu être démontré » avec l’accident le plus meurtrier de l’histoire des compagnies françaises. Une décision qui avait suscité « l’écoeurement » des proches des victimes. « Nous attendions un jugement impartial, ça n’a pas été le cas. Nous sommes écoeurés », avait ainsi réagi Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447. « Il ne reste de ces 14 années d’attente que désespérance, consternation et colère ».
Un immense soulagement »
En interjetant appel de ce jugement, le parquet général entend donner « leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi », a-t-il indiqué dans un communiqué. « C’est un immense soulagement », a réagi auprès de l’AFP Alain Jakubowicz, avocat d’une quarantaine de victimes et de l’association de familles Entraide et Solidarité. « Cet appel du parquet général était la dernière chance pour les familles des victimes», a-t-il insisté, soulignant les nombreux « errements dans ce dossier ».
De son côté, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) France ALPA a, lui aussi, « fait part de son profond soulagement » dans un communiqué, jugeant la décision de relaxe prise le 17 avril dernier « d’autant plus incompréhensible puisque le Tribunal a pourtant jugé avec sévérité le comportement d’Airbus ». « L’appel du Parquet Général va permettre à la Cour d’appel d’examiner à nouveau les responsabilités d’Airbus et d’Air France dans cette tragédie, garantissant aux proches des victimes l’accès au droit fondamental que constitue le double degré de juridiction », a souligne le syndicat.
Contacté, Me Simon Ndiaye, avocat d’Airbus, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. De son côté, Me François Saint-Pierre, avocat d’Air France, n’était pas joignable dans l’immédiat.
En outre, sur le volet civil, le tribunal avait jugé que les « fautes » des entreprises avaient conduit à une « perte de chance », soit à augmenter la probabilité que l’accident arrive, déclarant Airbus et Air France « responsables civilement » des dommages. Il avait ainsi renvoyé la question de l’évaluation des dommages et intérêts à une audience le 4 septembre.