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Conditions de Sonko pour comparaître demain : Le Niet de l’Etat
Les avocats de Ousmane Sonko ont approché des autorités publiques pour leur soumettre des conditions qui, si elles étaient acceptées, permettraient à Ousmane Sonko de se présenter à la barre de la Chambre criminelle, et d’éviter ainsi un jugement par contumace. Jusqu’à hier dans la soirée, Me Ousseynou Ngom, qui présentait ces désidératas, avait dû faire face à un refus formel de la part du Garde des sceaux.
Par M. G. – Au milieu des spéculations quant à la présence de Ousmane Sonko demain au Tribunal de Dakar, pour répondre de l’accusation de viols répétés et menaces de mort à l’endroit de Adji Raby Sarr, la défense de l’accusé négocie pour éviter autant que possible un jugement par contumace. Il a en effet été longuement expliqué à travers les médias, les néfastes conséquences d’un jugement devant les Chambres criminelles, en l’absence du principal accusé. On a entendu le leader du parti Pastef le vendredi dernier, sur la chaîne Walf Tv, quand il a essayé de relativiser lesdites conséquences, en déclarant que «contumax ne veut pas dire être coupable», allant jusqu’à prétendre que la présence de sa présumée complice Ndèye Khady Ndiaye écartait cette hypothèse.
Si cette catharsis pourrait marcher avec la masse peu instruite de ses fidèles, les avocats de Ousmane Sonko, eux, ne se laissent pas endormir par ce genre d’arguments. La preuve, l’un d’entre eux, Me Ousseynou Ngom, a voulu négocier pour que son client puisse se présenter demain à la barre des Chambres criminelles.
L’avocat a contacté certaines autorités publiques, pour leur présenter ce qui a été considéré comme les conditions pour que le «Patriote» en chef puisse accepter de faire face demain à la demoiselle Adji Sarr.
Ousmane Sonko a fait dire à son avocat qu’il était disposé à être présent le mardi matin à 9h 30 dans la salle d’audience du Tribunal, si les autorités acceptaient de le laisser choisir librement son itinéraire, et levaient le siège de son domicile. De plus, il ne devrait pas être interdit à ses partisans d’entrer dans la salle du procès. Une fois dans la salle d’audience, Ousmane devrait être autorisé à faire une déclaration et refuser de répondre à toutes les questions.
Saisi de cette requête, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, a opposé une fin de non-recevoir. Ismaïla Madior Fall a expliqué aux conseils de Ousmane Sonko que l’Etat n’a pas pour habitude de négocier avec des justiciables. Une fois qu’il a établi les conditions d’un bon déroulement du procès, il appartient à toutes les parties de comparaître. Si l’une des parties, en particulier l’accusé, fait défaut et ne comparaît pas le jour de l’audience, l’Etat appréciera et la loi s’appliquera selon les procédures régulières.
Au-delà de cette réponse bien formelle, il semble se dégager que les autorités politiques ne croient pas à la parole de Ousmane Sonko. Ismaïla Madior Fall et ses collègues sembleraient craindre que s’il était laissé à Ousmane Sonko de choisir librement son itinéraire, le leader du parti Pastef ne choisirait pas nécessairement la voie la plus droite et la plus courte. Il lui serait loisible de vouloir alors se payer un bain de foule à peu de frais, en passant par l’Ucad, les marchés Tilène et Sandaga, et de mobiliser tous les badauds. De plus, le risque de ce bain de foule serait que son véhicule ne puisse arriver au Tribunal à l’heure, contraignant peut-être par cette manœuvre, les juges à renvoyer le procès, ce qui serait, craignent-ils, le souhait de l’accusé.
Il faut rappeler qu’en cas de non-comparution, la loi prévoit que les avocats de l’accusé ne puissent le défendre en son absence. Et en cas de culpabilité, il risquerait d’écoper d’une peine des plus lourdes. Sans compter qu’il serait automatiquement rayé des listes électorales. De plus, privé du droit d’appel, le condamné par contumace ne pourrait que faire opposition à son jugement. Mais pour que cette opposition puisse être recevable, il devra préalablement se constituer prisonnier.