Le bureau de l’Unccias, dirigé par le président Serigne Mboup, a déjoué les manœuvres de Abdoulaye Sow, président de la Cciad. Ce dernier a voulu profiter d’une Ag extraordinaire de l’Unccias pour renverser le bureau en place. Faute de majorité, il s’est retiré avec ses soutiens dans un hôtel pour, sans la présence des représentants du ministère, mettre en place un bureau parallèle. Serigne Mboup demande au ministre du Commerce de prendre ses responsabilités pour remettre de l’ordre.
Par Khady SONKO et Dialigué FAYE – Le conflit opposant le président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias), Serigne Mboup, au bureau de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad), dirigé par Abdoulaye Sow, qui a abouti à la paralysie des chambres de commerce du Sénégal, a éclaté hier au grand jour, et face aux représentants de l’autorité de tutelle. En effet, selon la version de Serigne Mboup, l’Assemblée générale de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias) a remis à l’ordre les présidents dissidents en mettant en application des dispositions du décret 2002.516 du 16 mai 2002, notamment en ses articles 4 et 5.
C’était une manière, pour le bureau de l’Unccias, de répondre à ce qu’ils ont appelé le «forcing» du président de la Chambre de commerce de Dakar, Abdoulaye Sow, et en présence du représentant du ministre du Commerce, de la consommation et des Pme.
«Aucun poste du bureau n’étant vacant, l’Assemblée générale a pris la résolution de rejeter le projet d’ordre du jour de renouvellement du bureau», rapporte un communiqué de l’Unccias.
Selon ce document, en présence du Directeur du commerce intérieur, Cheikh Ahmadou Bamba Ndao, représentant du ministre, et son collègue, l’assemblée a continué la rencontre. L’Unccias a profité de la rencontre pour exhorter le ministère du Commerce à prendre les dispositions pour l’application de la loi 2017-15 du 6 février 2017 portant création de la Chambre nationale de commerce, d’industrie et de services du Sénégal (Cci-Sn) et des Chambres régionales de commerce, d’industrie et de services (Ccir), en vue d’organiser dans les meilleurs délais, la mise en place des nouvelles assemblées consulaires. «La balle est dans le camp du ministère du Commerce qui doit prendre la main, à l’image de la dynamique des chambres de métiers qui fonctionnent et font les renouvellements correctement (chaque cinq ans sans aucune difficulté), pour éviter de ternir l’image du secteur privé sénégalais», plaide le communiqué du bureau légal et légitime. Il faut noter que les dernières élections des chambres de commerce datent de 2010, avec beaucoup de contestations qui ont abouti à l’annulation du bureau de la Cciad par la Cour suprême. Il est utile de préciser que les dissidents, en minorité dans la salle, se sont retirés dans un hôtel de Dakar, où ils ont continué leur réunion et formé un bureau parallèle de l’Unccias. Au cours d’une élection non supervisée, ils ont formé un bureau dirigé par Abdoulaye Sow, qui est secondé par le président de la Chambre de commerce de Louga, Seyni Ndiaye Sène. Jean-Pascal Ehemba, président de la Ccia de Ziguinchor, occupe le poste de 2e vice-président. Cheikh Mouhamadou Sourang, président de la Ccia de Saint-Louis, est le nouveau secrétaire élu. Maodo Sarr, président de la Ccia de Kaffrine, hérite du poste de secrétaire adjoint. Djibril Cissé, président de la Ccia de Tamba, et Mamadou Chérif Diallo, président de la Ccia de Kolda, occupent respectivement les postes de trésorier et trésorier adjoint. Les «frondeurs» ont voulu justifier leur coup par la déclaration suivante, faite par Cheikh Mouhamadou Sourang : «Le président de séance, Serigne Mboup, a systématiquement refusé l’ordre du jour préalablement fixé lors de la réunion du 4 mai 2023. Devant un tel blocage, il a été décidé de passer au vote d’adoption de l’ordre du jour ainsi proposé avec l’accord express du directeur du Commerce intérieur, ce que le président de séance et ses cinq souteneurs ont refusé catégoriquement sachant qu’ils sont minoritaires compte tenu de l’absence du président de la Chambre de commerce de Thiès dont la signature a d’ailleurs été imitée par M. Moustapha Diop, ce qui amène les forces en présence à sept présidents contre six. Devant une telle situation, la majorité a décidé de se retirer dans un hôtel de la place pour procéder au renouvellement du Bureau.» Pour sa part, Serigne Mboup, qui se considère comme le seul président légitime, a déclaré, en marge de cette affaire, que «la balle est dans le camp du ministre du Commerce, qui doit prendre ses responsabilités pour remettre de l’ordre». M. Mboup a indiqué que «la Chambre de commerce est une entité publique, différente des associations comme le Cnp, l’Unacois ou autres. Elle ne peut connaître des ailes dissidentes. Donc, l’Etat doit régler la situation au plus vite, en faisant respecter la légalité».