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LE COUP D’ENVOI RATÉ D’AMADOU BÂ

Nouveau ministre des Sports en remplacement de Yankhoba Diatara, Amadou Ba a officiellement pris officiellement, hier, avec la passation de services avec son prédécesseur. Le PM a indiqué la volonté du Sénégal de déposer sa candidature pour la Can 2027 alors que le dépôt des candidatures est déjà bouclé et la liste des candidats est connue depuis la semaine dernière, après une annonce officielle de la CAF.

 

 

L’exiguë salle des conférences de la Primature ne pouvait contenir le trop plein de personnes venues assister à cette cérémonie qui a connu près de deux heures de retard. Pour son premier speech en tant que Premier ministre et ministre des Sports, Amadou Ba a réitéré la volonté du Sénégal de candidater à l’organisation de la Can 2027.

« J’envisage, en étroite relation avec la Fédération Sénégalaise de Football, de faire étudier, dans les meilleurs délais, le cahier de charges de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2027. Et si les conditions sont réunies, je soumettrais la proposition de candidature du Sénégal à la très haute appréciation de Monsieur le Président de la République. En effet, après « Sénégal 92 », le moment est venu, au regard des performances exceptionnelles du football sénégalais, d’organiser, pour une deuxième fois, une Coupe d’Afrique dans notre pays et d’améliorer encore sensiblement le niveau de nos infrastructures et de nos équipements sportifs », a affirmé Amadou Ba.

Sauf que la CAF a déjà annoncé, il y a à peine une semaine, que le délai de rigueur des dépôts de candidatures est bouclé et les quatre candidats (l’Algérie, le Botswana, l’Égypte et trois pays réunis, le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie) ont désormais jusqu’au 23 mai prochain pour finaliser leur dossier et soumettre tous les documents nécessaires. Les visites d’inspection auront lieu du 1er juin au 15 juillet alors que le pays organisateur sera dévoilé en septembre prochain. Une bourde que le nouveau patron du département des Sports aurait pu éviter s’il avait été suffisamment instruit du dossier. L’on se demande d’ailleurs comment le Sénégal compte-t-il soumettre sa candidature après l’annonce on ne peut plus claire de la CAF.

Cette impréparation manifeste sur le sujet n’a pas commencé hier, avec la passation de services. Déjà, lors d’un déplacement à Saint-Louis, quelques jours avant son départ du gouvernement, c’est le ministre sortant, Yankhoba Diatara qui évoquait « une ambition du Sénégal d’organiser la CAN 2027 » moins d’une semaine après la date officielle de dépôt des candidatures. Le bouchon avait même été poussé plus loin avec une vidéo du compte officiel de la Présidence de la République, s’appuyant sur cette déclaration, pour annoncer la candidature du Sénégal, au mépris total des procédures. On se demande finalement l’objectif de ces sorties aux airs d’effets d’annonces.

DÉLAIS, INFRASTRUCTURES, CONTRAINTES…

L’autre question centrale, au-delà de la forclusion, concerne l’état des lieux infrastructures sportives d’envergure pour l’organisation d’une telle compétition. À ce jour, le Sénégal ne dispose que du stade Me Abdoulaye Wade de Diamniadio et son terrain annexe comme infrastructures prêtes à l’emploi. Il en faut au moins 6 pour une CAN à 24 équipes comme c’est le cas depuis l’édition 2019 en Égypte. L’on nous dira que le stade Léopold Sédar Senghor est en chantier et devrait être livré avant 2027. En principe. Mais il faudrait également rappeler que c’est en décembre 2018, à la veille de la Présidentielle de 2019, que le ministre des Sports d’alors, Matar Ba, annonçait en grande pompe, le bouclage du financement et le démarrage des travaux de réfection de l’ancien antre des Lions.

Aujourd’hui, près de 4 ans et demi plus tard, nous en sommes toujours à l’étape du début de chantier. Combien de temps prendront les autres chantiers, étant entendu qu’il faudra construire stades et terrains d’entraînement ? Quand on voit ce qui s’est passé au Cameroun et qui en train de se répéter en Côte d’Ivoire, avec d’énormes problèmes de respect des délais d’exécution des travaux qui induit moult conflits avec la CAF, on comprend aisément que le Sénégal est très loin d’être dans les dispositions de s’aligner pour une échéance aussi proche que 2027, d’autant plus qu’il y a, l’année prochaine, une élection présidentielle qui va nécessairement bloquer tout projet d’envergure pendant un temps considérable entre campagne électorale, installation de gouvernement et prise en main des dossiers.

Il faudrait nécessairement cesser de se leurrer sur cette question et prendre en main les véritables chantiers sur la table du département des Sports. Il y a à ce jour, beaucoup de questions plus urgentes à évacuer pour un ministre des Sports… fut-il le Premier ministre !

 

Lamine M. DIÉDHIOU & Babacar N. FAYE

4 mai 2023

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