A LA UNESOCIETE

LE LION VA-T-IL RUGIR POUR NOS ENFANTS ?

Ce jeudi 11 mai est célébrée la journée mondiale des espèces menacées d’extinction. Au Sénégal, le lion figure sur la liste des espèces vulnérables. Plus qu’un membre important de la chaine alimentaire, le lion est, avec le baobab et l’étoile verte, l’un des symboles du Sénégal. Quelques pistes sur les menaces qui pèsent sur ce félin ainsi que les mesures prises pour sauver le roi des animaux.

 

 

Un événement qui s’est produit en mars dernier à Niokolo Koba a fait la Une des journaux bien au-delà du Sénégal. Flo, une lionne équipée d’un appareil qui permet de suivre ses mouvements donne naissance à trois lionceaux. L’histoire d’une lionne qui met bas peut sembler banale mais elle ne l’est pas lorsqu’on connait l’histoire de Flo. Ayant perdu sa trace depuis un certain temps, on la croyait morte, victime de braconnage. Cette disparition avait provoqué tristesse et consternation chez les gardes-forestiers et au sein de Panthera, une ONG active dans la conservation de la faune sauvage. Il faut savoir que Flo n’est pas n’importe quel animal.

Alors que le lion est menacé d’extinction en Afrique de l’Ouest, cette femelle contribue à préserver l’espèce. A elle seule, elle avait déjà donné naissance à 6 lionceaux. La retrouver saine et sauve avec trois petits, deux mâles et une femelle, était un miracle. Avec désormais 9 petits, cette lionne tout juste âgée de 10 ans est en train de repeupler le parc Niokolo Koba. Désormais, sa progéniture représente le tiers de la population de lions du parc.

Une espèce en danger
29 lions. Cela peut sembler minime lorsqu’on sait que le parc peut en abriter 200 mais c’est une évolution notable. En 2011, L’ONG Panthera avait estimé l’effectif à 11 alors qu’on en dénombrait 60 en 2002. On avait alors craint l’extinction imminente de l’animal qui symbolise le Sénégal.

Une baisse qui n’est toutefois pas spécifique au Sénégal. D’après la National Geographic, la moitié des lions d’Afrique ont disparu durant les 25 dernières années. De ce fait, L’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn) a classé les lions parmi les espèces « en grand danger d’extinction ».

Le braconnage et la médecine traditionnelle parmi les menaces
Un certain nombre de facteurs expliquent ce déclin. D’abord, il y a le braconnage d’antilopes et de buffles qui sont des animaux dont se nourrissent les lions. Les lions eux-mêmes peuvent être victimes de braconnage. Selon la National Geographic, les peaux, les dents, les griffes et la viande de lion peuvent être vendus pour des prix très élevés, principalement en Afrique et en Asie, où l’os de lion remplace l’os de tigre sauvage, de plus en plus rare, dans la médecine traditionnelle. Enfin, on note la perte progressive de leur habitat naturel à cause des feux de forêts, de l’extraction minière et de l’expansion de l’agriculture.

L’espoir est permis
Grâce aux efforts combinés de la Direction des Parcs nationaux du Sénégal et de l’ONG Panthera, la population de lions au Sénégal est en hausse après de longues années de baisse systématique. « Ce succès est dû à la sensibilisation et à l’action », explique Philip Henschel, Directeur régional de Panthera. D’abord, les populations ont été sensibilisées sur la nécessité de préserver la flore et la faune du parc. Ensuite, le nombre de rangers qui surveillent le parc a été augmenté et leurs équipements améliorés. Créé en 1954 et inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1981, le Parc Niokolo Koba qui s’étend sur 9 130 km2 est l’un des derniers refuges de lions d’Afrique de l’Ouest qui sont aussi présents au Nigeria, au Burkina Faso, au Bénin et au Niger. Le parc abrite aussi plus de 70 espèces de mammifères, 329 espèces d’oiseaux, 36 espèces de reptiles, 20 espèces d’amphibiens et un nombre important d’invertébrés, selon l’Unesco.

ÉCLAIRAGE

 

Sens et portée de la Journée mondiale des espèces menacées

Mise en place en parallèle aux initiatives de l’Onu en faveur de la biodiversité, cette journée mondiale a pour but de mettre en avant les missions nécessaires de conservation et de protection visant à ralentir la diminution du nombre d’espèces autour du globe. En 2019 plus que jamais, cette journée internationale est une nécessité. Alors qu’il est établi que nous traversons depuis le XIXème siècle la sixième extinction de masse des espèces, les scientifiques notent une alarmante accélération depuis les années 1950 qui continue de croître jusqu’à nos jours. Ce phénomène ne peut et ne doit plus être ignoré.

1 million d’espèces menacées d’extinction
L’Ipbes (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), une branche de l’Onu spécialisée dans les questions environnementales, a récemment produit un rapport sur l’état de la biodiversité mondiale. Il y est indiqué qu’entre 500 000 et 1 million d’espèces sont menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies. Chose qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité. La liste rouge de l’Uicn permet d’avoir un aperçu des espèces en danger de disparition imminente, mais il est compliqué d’avoir des relevés sur l’ensemble des populations animales. Le rapport de l’Ipbes estime que 40% des espèces d’amphibiens, près de 33% des récifs coralliens, et plus d’un tiers de tous les mammifères sont menacés. Aux premiers rangs des menaces qui pèsent sur l’écosystème mondial se trouvent l’Homme et ses activités. De la destruction des sols miniers à la surexploitation agricole, de la pêche intensive à la chasse irraisonnées sans oublier la pollution de l’air, des eaux et des sols, l’activité humaine est impliquée dans toutes les transformations de la nature.

Des solutions existent
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco expliquait lors d’une conférence de presse que « protéger la biodiversité, c’est protéger l’humanité car nous, les êtres humains, nous dépendons fondamentalement de cette diversité du vivant. […] Cette érosion de la biodiversité met en péril notre patrimoine mondial environnemental et avec cela, c’est une menace aussi pour la paix et pour la sécurité. » Pour atténuer les conséquences de cette catastrophe écologique, l’Ipbes préconise un « changement transformateur ». S’il est fondamental que chacun fasse des efforts pour protéger l’environnement, il est vital que s’opère également un changement de société. Le rapport énumère ainsi différentes pistes à explorer, comme une transformation du système agro-alimentaire, un changement des régimes alimentaires pour réduire la consommation de viande et de produits laitiers, la multiplication d’aires protégées, ainsi que des changements économiques profonds.

Beauval s’engage au quotidien
Plus que jamais, les parcs zoologiques ont un rôle primordial à jouer dans la sauvegarde des espèces menacées. Le ZooParc de Beauval et l’association Beauval Nature participent à leur échelle à la conservation des espèces animales. D’un côté en hébergeant des espèces menacées et en participant à des programmes de conservation et d’élevage, comme c’est le cas avec les pandas géants et les diables de Tasmanie par exemple. De l’autre en soutenant et accompagnant plus d’une cinquantaine de programmes de recherche et protection des espèces à travers le monde.

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