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« Me SÈYE A ÉTÉ SACRIFIÉ ! » 30 ANS APRÈS, SA FAMILLE ÉVOQUE LES ENJEUX FINANCIERS

L’incertitude grandit à quelques mois de la Présidentielle de 2024. Les clignotants sont au rouge. Comme en 1993. Ce lundi 15 mai, l’assassinat de Me Babacar Sèye a 30 ans. Mais c’est comme aujourd’hui, tant la situation politique actuelle est tendue. Ses deux enfants, Mes Abdy Sèye, l’ainé du vice-président du Conseil constitutionnel tué sur la corniche, et Khalil Sèye répondent aux Questions directes de Alassane Samba Diop sur iTv. Des révélations sur des motivations économiques et financières que politiques…

 

CE QUE DISENT LES LIVRES

Le procès de Me Sèye, je l’ai vécu de l’intérieur parce que j’étais encore stagiaire et pas encore avocat. En 94, le procès s’est tenu et je prenais des notes dans le cabinet d’avocat où j’étais stagiaire. Tous les ouvrages consacrés à Me Sèye, aucun des auteurs ne s’est rapproché des membres de la famille pour demander leurs versions sur les discours qu’ils ont tenus dans leurs ouvrages. Il y a énormément de vérités pas encore sorties et de contrevérités publiées dans ses ouvrages. Mais la vérité elle est unique, seule Dieu la détient. Nous avons été éduqués d’une certaine façon.

LES RESSENTIMENTS, 30 ANS PLUS TARD

30 ans, ce n’est pas un jour. Cette histoire, m’est restée en travers de la gorge comme aussi beaucoup de Sénégalais à cause de ses non-dits. En tant que musulmans, nous nous en remettons au décret divin. Il n’en demeure pas moins que l’assassinat de Me Babacar Sèye est un événement qui, en principe, n’honore pas la démocratie et la politique sénégalaises. Et cela nous le déplorons dans la mesure où Me Babacar est Sèye est mort dans l’exercice de ses fonctions. Il défendait une cause qui a tendance à être mise aux oubliettes. Car cette cause n’a pas été reprise par ceux qui devaient le faire. Ce crime ne peut pas être soluble dans la mémoire de l’oubli. Donc, je demande à ce que cette affaire soit élucidée. Pas pour la famille, mais pour le Sénégal.

TENSIONS POLITIQUES, RAPPEL DE LA SITUATION DE 1993

En 1993, les enjeux politiques étaient énormes. Mais il y avait aussi des enjeux économiques et financiers qui ont été occultés. Me Sèye était vice-président du Conseil constitutionnel et non président. Au moment de la proclamation des résultats, d’abord de la Présidentielle, il a eu à départager Abdou Diouf et Abdoulaye Wade en tapant sur la table parce qu’il y avait le contentieux des ordonnances qui se posait. Et pour Me Sèye, il fallait les faire accepter parce que celles-ci étaient délivrées par les Cours d’appel, donc des juridictions légitimes. Aux Législatives, l’opposition a eu aussi à utiliser les ordonnances comme le Parti socialiste pour la Présidentielle. Le Ps avait demandé l’annulation des ordonnances reçues à la Commission nationale de recensement des votes. Babacar Sèye a dit non parce qu’elles avaient été acceptées à la Présidentielle pour le Ps et donc, elles ne pouvaient être rejetées pour les Législatives. Or, dans le décompte qu’il avait par devers lui, l’opposition avait 63 contre 57 pour le Ps, ce qu’il devait proclamer. Diouf était au courant parce qu’il avait mandaté quelqu’un pour dire à Wade qu’il allait former son gouvernement. Wade a dit qu’il va passer chef de gouvernement. Malheureusement le décès de Me Sèye est intervenu entre 14h et 15h.

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS

À partir de ce moment, tout a été remis en cause. Pourquoi le parti au pouvoir à l’époque tenait mordicus à être vainqueur aux Législatives, à former son gouvernement ? Parce qu’entre 89 et 90, on parlait d’une dévaluation, mais Houphouët-Boigny avait demandé d’attendre.

La dévaluation est survenue en 1994… Un an après l’assassinat de Me Sèye. Et toute la classe politico-financière en a vraiment profité avec le parti au pouvoir. C’étaient les grands enjeux économiques et financiers parce que la dévaluation procure d’énormes facilités de s’enrichir. Mais la politique l’a emporté sur cet aspect.

Babacar Sèye a été sacrifié sous l’autel des intérêts individualistes, bassement matériels et même internationaux. Il faut dire que le Sénégal était à la croisée des chemins. Est-ce qu’il fallait laisser le pays imploser ou mettre le holà ? C’est en ce moment-là que le décès de Me Babacar Sèye a servi de déclic pour apporter une paix sociale. Moi j’estime que son départ n’est pas vain. Et c’est comme si c’était ce même scénario de 1993 qui est en train de se reproduire actuellement.

 

 

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