TECHNOLOGIE

Une nouvelle période glaciaire chaude

Les scientifiques se sont pendant longtemps demandés de quelle façon le climat de notre planète avait basculé il y a 700 000 ans de cycles climatiques longs de 40 000 ans aux cycles climatiques actuels, d’une durée de 100 000 ans. Le passage d’un cycle à l’autre s’est produit à la fin d’une période appelée la Transition du PléistocèneMoyen (TPM), datée entre 800 et 670 000 d’années. Cet intervalle est composé de deux périodes interglaciaires entrecoupées par une période glaciaire.


Image Pixabay


Les mécanismes expliquant ce changement clé de cyclicité restent largement méconnus car ils ne peuvent être attribués aux variations des paramètres orbitaux régissant le climat de la Terre. Une nouvelle étude, impliquant des scientifiques du CNRS-INSU identifie une période glaciaire « chaude » qui aurait permis l’accumulation des glaces nécessaire à cette importante transition de cycles climatiques.

Cette étude combine de nouveaux enregistrements climatiques de la marge sud-ouest de la péninsule ibérique avec des enregistrements de loess du plateau chinois et des simulations de modèles. L’étude identifie une tendance similaire au réchauffement et à l’humidification à long terme dans les deux régions subtropicales entre 800 et 670 000 d’années.

Elle révèle que les températures de surface de la mer dans les océans Atlantique Nord et Pacifique Nord tropical étaient paradoxalement plus chaudes pendant la période glaciaire que pendant la période interglaciaire précédente, ce qui a entraîné une augmentation de la production d’humidité et des précipitations, une plus forte expansion de la forêt méditerranéenne occidentale et un renforcement de la mousson d’été en Asie de l’Est.

Cette configuration climatique a entraîné un apport d’humidité océanique des deux océans vers les latitudes plus élevées, ce qui a alimenté les calottes glaciaires et contribué de manière déterminante à l’expansion des calottes glaciaires eurasienne et nord-américaine. Cette expansion était nécessaire pour déclencher le passage des cycles de 40 000 ans aux cycles de 100 000 ans que nous connaissons aujourd’hui, et donc déterminant pour l’évolution du climat de la Terre.


Augmentation à long terme de la forêt, des précipitations en région méditerranéenne et de la mousson d’été est asiatique associée à la production et migration vers le nord de la source d’humidité atlantique. Le climat du glaciaire est plus chaud et humide que l’interglaciaire précédent.

Laboratoire CNRS impliqué

Laboratoire Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC – OASU)
Tutelles: CNRS / Université de Bordeaux / Institut polytechnique de Bordeaux / EPHE.

Références

María Fernanda Sánchez Goñi, Thomas Extier, Josué M. Polanco-Martínez, Coralie Zorzi, Teresa Rodrigues & André Bahr, Moist and warm conditions in Eurasia during the last glacial of the Middle Pleistocene Transition, Nature Communications volume 14, (2023).

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