Concertations ou négociations ! En tout cas, la salle des banquets du palais de République, où se tenait la cérémonie officielle de lancement du dialogue national, a fait le plein hier. Ministres, autorités de la République, dignitaires religieux, présidents de partis politiques, membres de la Société civile, beaucoup ont fait le déplacement pour prendre part à ces concertations lancées par le chef de l’Etat, Macky Sall. Dans un contexte politique très crispé, les discussions devraient durer une quinzaine de jours, mais ce dialogue national est partagé entre rejet de l’opposition, notamment les partisans et alliés de Ousmane Sonko dont le verdict du procès l’opposant à Adji Sarr doit être rendu aujourd’hui, et l’acceptation d’une bonne part des partis d’opposition qui, néanmoins, souhaitent la non-validation du 3ème mandat du chef de l’Etat, Macky Sall.
A la salle des banquets, ils étaient là, à la première rangée, Idrissa Seck, Khalifa Ababacar Sall, Cheikh Bamba Dièye, Mamadou Lamine Thiam, pour ne citer que ceux-là. Khalifa Ababacar Sall, le leader de Taxawu Senegaal, a expliqué les raisons qui justifient sa présence à ce dialogue, contrairement à ses camarades leaders de l’opposition. Il dira : «Je suis du F24 et de Yewwi, et pourtant je suis à ce dialogue. Mais, ce qui mérite d’être débattu, c’est pourquoi la défiance, le doute. Ceux qui ont refusé de venir disent qu’il n’y a aucun sujet nouveau», ajoutant qu’il fait partie de ceux qui pensent depuis longtemps que tout problème finit autour d’une table. Mais en venant à ce dialogue aussi, l’ancien maire de Dakar a estimé qu’il n’y a aucun sujet nouveau parce que, dit-il, la question du 3ème mandat n’est pas nouvelle et il faut absolument en discuter. «J’ai tenu à venir, mais je pense qu’il faut que nous rassurions ce pays et que nous réconfortions les populations pour leur dire que le Sénégal est un et indivisible. Il faut aussi que tous les candidats puissent participer à l’élection, que le parrainage soit réformé, que des modifications soient apportées sur les articles 57, 29, 30 et autres du Code électoral, que le sort des détenus politiques et des journalistes soit décidé», a plaidé Khalifa Sall.
Idy livre ses attentes et rappelle à Macky ses deux mandats
Le président du parti Rewmi et ancien président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a aussi livré ses attentes de ces concertations que va diriger Moustapha Niasse. Idrissa Seck dit attendre de ce dialogue «des conclusions» sur notamment une démocratie renforcée, des élections claires, libres, transparentes et inclusives, des résultats incontestables qui reflètent l’exacte expression de la volonté et du choix du Peuple sénégalais, sans aucune entrave. Se réjouissant de l’invitation à ce dialogue, il rappelle à Macky qu’il a déjà accompli deux mandats. «Je vous exprime mes sincères remerciements pour m’avoir convié de nouveau au dialogue national dans cet Etat du Sénégal, République que vous aurez eu l’honneur et l’immense privilège de diriger pour deux mandats consécutifs de 7 et 5 ans», a-t-il indiqué.
Le Pds liste ses préoccupations
La Secrétaire générale chargée de la communication du Parti démocratique sénégalais (Pds) et députée de Wallu, Nafissatou Diallo, a d’emblée précisé que compte tenu du contexte national de grave crise que traverse le pays, le Pds a accepté de participer à cette cérémonie de lancement du dialogue national, mais regrette qu’à ce jour, de ne pas encore avoir reçu les termes de référence et les modalités d’organisation de ce dialogue. Espérant que ces manquements seront corrigés afin que les objectifs de ce dialogue soient atteints, elle a quand même décliné les propositions du Pds et aussi elle souhaite qu’à l’issue de ce dialogue, le Sénégal puisse retrouver la «sérénité», la «confiance», mais aussi et surtout, entre les populations et la classe politique, «un espace public pacifié et durable, un règlement des problèmes liés aux conditions de transparence et de sincérité dans l’organisation et de participation aux élections».
Concernant l’affaire Karim Wade, Mme Diallo se veut claire. «Nous voudrions juste rappeler que la réparation de l’injustice subie par Karim Wade et ses compagnons d’infortune ne relève pas d’une question d’inéligibilité ou d’une question électorale, il s’agit d’une question d’honneur, de dignité et de justice, il s’agit également et surtout de faire honorer à notre pays ses engagements internationaux et corriger certaines erreurs judiciaires consacrées par plus de 15 décisions de Justice internationale.»