A LA UNETECHNOLOGIE
Le point de vue d’un expert sur le secteur postal au Sénégal
Mon point de vue sur le secteur postal au Sénégal à travers un jeu de questions/réponses.
Question n°1 : Quelle est votre appréciation du niveau d’ouverture à la concurrence du secteur postal au Sénégal ?
Réponse 1 :
Je pense que l’ouverture partielle du marché postal à la concurrence était pertinente au début pour permettre à l’opérateur historique en charge du service postal universel de combler son manque à gagner avec les services réservés. Cependant il s’est avéré que la loi telle qu’elle a était écrite a laissée une brèche exploitée par les opérateurs privés ce qui ne permettait pas à l’opérateur historique de profiter des services réservés. L’ouverture partielle est devenue donc caduque on devrait migrer vers une ouverture totale du marché et rendre opérationnel le fonds de développement du service universel qui se chargera de rémunéré le service universel de l’opérateur historique, ainsi le marché va tendre vers une « concurrence saine et loyale ».
Question n°2 : Pensez-vous que les objectifs de la réforme de 2006 sont atteints ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Réponse 2 : la réforme de 2006 avait pour objectif entre autres d’ouvrir partiellement le marché à la concurrence afin de diversifier l’offre de services avec des tarifs accessibles et d’assurer une meilleure couverture du territoire sous la supervision de l’autorité de régulation garante d’une concurrence saine et loyale.
Nous pouvons dire que l’objectif d’ouvrir le secteur à la concurrence a été atteint, car le marché postal compte plus de 16 operateurs.
Concernant la qualité de service et l’accessibilité des services, il y’a des efforts à faire pour en faire une réalité.
Concernant la couverture du territoire national ; il semble évident que la poste dispose d’un réseau très dense qui couvre tout le territoire et qui mériterait d’être mieux rentabilisé.
On peut donc dire que les objectifs de la réforme de 2006 ont été atteint à 70%, cependant il y’a des efforts à faire pour assurer un développement harmonieux du secteur.
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Question n°3 : Dans les conditions évoquées ci-dessus, quels objectifs généraux pensez-vous que la nouvelle loi doit viser ?
Réponse 3 :
La nouvelle loi devrait promouvoir une concurrence saine et loyale à travers l’ouverture totale du marché sous la surveillance du régulateur ;
Elle devrait instituer la mise en place d’un fonds destiné à financer le service postal universel ;
Elle devrait aussi promouvoir le partage d’infrastructures et l’interopérabilité des opérateurs ;
Elle devrait enfin veiller à la diversification des services postaux avec une meilleure qualité de service et avec des tarifs accessibles.
Question n°4 : Que pensez-vous des régimes actuellement en vigueur dans le secteur postal ? Pensez-vous que le secteur a besoin d’une nouvelle classification des acteurs ? Si oui, que proposez-vous ? Quels sont vos arguments ?
Réponse 4 :
Actuellement les régimes en vigueur sont le régime de la concession qui concerne l’opérateur historique et celui de la licence qui concerne les opérateurs privés. Cependant le secteur enregistre la présence de nouveaux acteurs qui ne sont pas pris en compte dans le champ d’application de la loi. Il faudrait penser à introduire un autre régime qui permettrait à l’autorité de mieux organiser le secteur.
Question n°5 : Sur la partie réglementaire, sur quels objectifs l’institution de régulation doit-elle se focaliser ? Pourquoi ?
Réponse 5 : Sur la partie règlementaire les objectifs de l’autorité de régulation devraient être :
•D’assurer une concurrence saine loyale,
•De veiller sur la qualité des services et au respect du cahier de charge des opérateurs,
•De lutter contre la pratique illégale de l’activité d’opérateur postal
•De veiller à l’audit des coûts de l’opérateur en charge du service postal universel
•Et d’impulser une bonne dynamique au secteur
Question n°6 : Pensez-vous que le service public doit toujours être maintenu dans le secteur postal ou au contraire que la libéralisation doit être totale ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Réponse 6 : Comme dit plus haut je pense que le secteur postal doit évoluer vers une libéralisation totale, ce qui permettrait une meilleure concurrence entre les acteurs sous la supervision du régulateur.
Le service universel est une mission de service public que l’Etat a délégué à l’opérateur en charge du SPU et en contrepartie la desserte des zones non rentables sera rémunérée à travers le fonds dédié au service universel.
Question n°7 : Dans le contexte actuel, les services réservés doivent-ils être maintenus ?
Réponse 7 : les services réservés doivent être supprimé du code des postes, ce serait un double emploi d’avoir des services réservés et le fonds de service universel en même temps.
Question n°8 : Quel format souhaitez-vous donner au SPU ?
Réponses 8 : le service postal universel est assuré par l’opérateur historique du fait de sa meilleure couverture territoriale. Ce dernier assure la desserte des zones non rentables avec des tarifs accessibles et une qualité de service bien déterminée à travers un cahier des charges.
Pour financer le manque à gagner, un fonds sera mis en place. Ce fonds sera alimenté par la contribution des opérateurs privés.
Question n°9 : Comment percevez-vous l’avenir de la société publique SN LA POSTE ? Selon vous, que doit faire l’Etat pour réformer l’entreprise ?
Réponse 9 : la SN la poste est une société qui a beaucoup de charges et peu de revenus, elle est donc déficitaire. Les charges exorbitantes de la société sont en majeur partie dues à une masse salariale élevée du fait d’un pléthore d’effectifs. Pour redresser une entreprise on a deux options :
•Il faut élaguer les branches mortes ce qui reviendrait à faire un plan social ce qui serait catastrophique pour les pères de familles concernés ;
•L’autre option serait de diversifier ses revenus en créant de nouveaux produits. En effet, l’Etat pourrait permettre à la poste d’être un fournisseur d’accès internet ou un MVNO, ainsi le surplus d’effectif sera redéployé vers ces nouveaux services et la postes aura de nouvelles sources de revenus.
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Question n°10 : Quelle analyses faites-vous des activités des opérateurs privés ? Quel est leur apport au secteur postal ?
Réponses 10 : les opérateurs privés sont d’un apport considérable au secteur, en effet, de par leur entrée dans ce secteur, ils ont participé à l’amélioration des offres de services et à la qualité y afférente, mais aussi à la baisse tarifaire au grand bénéfice des consommateurs. Cependant une meilleure interopérabilité permettra à chacun d’entre eux d’avoir plus de revenus en minimisant leurs coûts.
Question n°11 : Quel type d’encadrement faut-il aux opérateurs privés pour exercer et développer véritablement leurs activités ?
Réponse 11 : les opérateurs privés apportent de la diversité et sont essentiels pour l’essor du marché. Cependant si certains ont de grandes part de marchés comme DHL les autres tentent de se battre pour tirer leur épingle du jeu ce qui n’est pas toujours évident, mais c’est la loi du marché ! C’est à eux de développer des stratégies commerciales pour grignoter le maximum de part de marché. Le rôle du ministère et du régulateur se limite à mettre en place un cadre propice à une concurrence saine et non à être l’agent commercial des opérateurs.
Question n°12 : Quelles sont, pour vous, les meilleures modalités de contribution des opérateurs privés au FSU et de paiement de la redevance d’exploitation de la licence ? Avez-vous une proposition sur la méthodologie de calcul ?
Réponse 12 : le fonds devrait être alimenté par la contribution des opérateurs privés à hauteur de 2% de leur C.A et la redevance sera payé à hauteur de 1% du C.A.
Question n°13 : Estimez-vous que ces acteurs exercent une activité qui relève de la chaine de valeur du secteur postal ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Réponse 13 : les livreurs exercent une activité qui est une partie intégrante de la chaine de valeur de l’activité d’opérateur postal.
Question n°14 : Comment ces acteurs doivent-ils être pris en charge si vous les catégorisez comme acteurs postaux ?
Réponse 14 : Il faut introduire un nouveau régime pour encadrer l’activité de livraison. Ils seront soumis au régime déclaratif et pourront travailler avec les opérateurs ayant une licence, il faut reproduire exactement le schéma des fournisseurs de service à valeur ajoutée dans le secteur des télécommunications.
Question n°15 : Comment percevez-vous cette évolution future de la régulation ?
Réponse 15 : Une régulation proactive et adaptée aux enjeux de l’heure !
Question n°16 : Quels sont, selon vous, les défis de l’institution de régulation ?
Réponse 16 : Encadrer le marché, assurer un équilibre du marché et veiller à sa viabilité tels sont les défis du régulateur.
Omar Diop