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Réengagement des 3 derniers contingents : L’Armée accueille des renforts

Depuis quelques mois, l’Etat est en train de redessiner la carte sécuritaire du pays. En plus de la création de nouvelles infrastructures, pour construire un système sécuritaire qui va réduire la vulnérabilité de certaines zones du pays à la criminalité transfrontalière et aux menaces terroristes et «combler» un vide sécuritaire, il procède à un rappel des troupes pour renforcer le personnel militaire. Le ministre des Forces armées a décidé, après le gel des départs à la retraite des militaires jusqu’en juin 2024, de rappeler à l’activité les contingents 2019/3, 2020/1, 2020/3, 2021/1, libérés au terme de leur durée légale.

Par justin GOMIS – Le 21 juin dernier, Me Sidiki Kaba, ministre des Forces armées, a pris une décision «portant rappel à l’activité des personnels militaires à la disponibilité». Et c’est une me­sure qui entre en vigueur tout de suite : à compter du 1er juillet 2023, «les personnels militaires à la disponibilité, issus des contingents 2019/3, 2020/1, 2020/3, 2021/1, libérés au terme de leur durée légale, sont rappelés à l’activité».

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Cette nouvelle mesure vient s’ajouter à une série de décisions prises ces derniers temps par les autorités étatiques pour renforcer la présence militaire. Du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, les retraites militaires vont être gelées. Dans un décret signé le 8 mai, le Président Sall avait décidé de la suspension à titre exceptionnel des départs à la retraite des personnels militaires des Armées. Et aussi dans la Maréchaussée : car la Gendarmerie nationale annonçait aussi le programme de recrutement des militaires non rengagés des contingents 2019, 2020, 2021/1.

Pourquoi ? Pour des raisons de secret-défense, aucun détail n’a été donné. Alors que le Sénégal sort d’un mois de juin tendu fait de violences, de pillages, de saccages d’édifices vitaux, cette mesure interroge. En tout cas, cette nouvelle décision forte du ministère des Forces armées montre une volonté de garder les effectifs militaires en nombre. Evi­demment, le contexte sécuritaire volatile dans la sous-région, totalement déstabilisée par la présence djihadiste, pousse tous les appareils sécuritaires à se réajuster. Avec la décision du Mali de mettre dehors la Minusma et ses Casques bleus, pour confier les clés de son système militaire à Wagner, qui a montré ce samedi sa rupture avec l’Etat russe, après la rébellion de son patron, poussera le Sénégal à renforcer sa doctrine actuelle : plus d’hommes, de moyens, d’infrastructures pour prévenir les périls sécuritaires.

L’Armée renforce ses effectifs

Ces investissements dans les infrastructures et les ressources humaines, au-delà du budget toujours en hausse des Forces de défense et de sécurité, du recrutement massif d’agents, des revalorisations des in­­demnités, qui rappellent les urgences sécuritaires dans une sous-région agitée. Gou­­diry, Fa­tick, Louga, Fon­golimbi, Maka… L’Armée et la gendarmerie procèdent depuis quelques mois à une réécriture de la carte sécuritaire en créant de nouveaux cantonnements militaires et brigades de gendarmerie.

De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, en passant par le Centre, le maillage du territoire national est une réalité. Le Camp militaire de Goudiry, situé à l’Est du Sénégal, à la frontière malienne, accueille le 4ème Bataillon de reconnaissance et d’infanterie de l’Armée. Par exemple, il permet, en liaison avec les autres Forces de sécurité, de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières. Qu’est-ce qui peut expliquer cette militarisation accélérée de plusieurs zones ? Evidemment, la situation explosive de la sous-région, où se meuvent des terroristes, pousse tous les pays à réajuster leur stratégie sécuritaire pour faire face aux menaces transnationales. Face à l’expansion du conflit malien dans la région du Sahel et la menace qu’elle pose aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, il est nécessaire de renforcer la capacité de réponses des soldats.

Il y a quelques mois, l’Etat avait acté la naissance de l’Ecole nationale de la Marine, qui est le dernier édifice militaire qu’il fallait construire. Elle vient compléter la carte scolaire des Armées, permettant à tous les corps habillés de disposer de leurs centres de formation et d’obtenir leur indépendance académique. Bref, le Sénégal veut obtenir sa propre souveraineté sécuritaire en formant sa propre élite militaire et paramilitaire.

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