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Candidat à la Présidentielle : Benno est LAS

Les lenteurs notées dans le choix par le Président Macky Sall du candidat de Benno pour la Présidentielle risquent de porter préjudice à la Majorité, alors que du côté de l’opposition l’on est déjà en ordre de bataille.

Une semaine après la déclaration de Macky Sall pour renoncer à une 3ème candidature, son parti, l’Alliance pour la République, et ses partis alliés sont dans le flou total. Si tous veulent afficher une unité de façade en rapport avec les échéances électorales de février 2024, dans les coulisses, l’inquiétude se perçoit nettement. Au point que certains caciques n’hésitent pas à sonder hors du parti pour connaître les véritables intentions du «chef».

Si les états-majors restent dans une prudente expectative, les ambitions personnelles ne manquent pas de s’afficher de jour en jour. Des journaux avaient annoncé, dès les premiers jours du retrait de Macky, la candidature de Abdoulaye Diouf Sarr, suivie de celles de Oumar Youm et de Moustapha Diop, le maire de Louga. Sans compter celle de Abdoul Aziz Diop. Les mastodontes présentés comme les plus sérieux des candidats à la candidature se laissent encore désirer. Personne n’a vu ni entendu Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Daouda Diallo ou Amadou Ba donner une indication de ce que pourrait être le désir de leur cœur. Ni non plus des proches qui avaient été écartés un moment du cercle, comme Mahammed Boun Dionne ou Mouhammadou Makhtar Cissé. Il est indéniable que tous ceux-là piaffent d’impatience et guettent tous les signaux de Mermoz ou du Palais de l’avenue Senghor. Et tous n’ont pas de temps à perdre.

Tous les partis et mouvements d’opposition savent déjà pour qui ils vont devoir battre campagne, et peut-être à l’exception du parti Pastef, savent déjà quels seront les thèmes dominants de leur campagne. Il n’y a que la Coalition Benno qui soit encore dans le doute. Elle a remis le choix de son candidat de consensus à la décision de son leader et président ; et ce dernier a décidé de prendre son temps avant de se déclarer. En espérant que tous se soumettent au choix qu’il annoncera. Or, cela n’est pas gagné.

Le Président sortant a montré durant les bientôt 12 ans qu’il a dirigé le pays, qu’il est adepte de prendre son temps avant de faire connaître ses choix. Mais ici, comme sur beaucoup d’autres choses, le louvoiement risque de coûter très cher à sa coalition. Il a déclaré dans un journal français qu’un candidat «qui ne parvient pas à avoir de la notoriété en sept mois, ce n’est pas la peine qu’il se présente», en écartant le fait qu’il lui a fallu à lui près de 4 ans après s’être séparé de Wade pour gagner la Présidentielle de 2012. Mais même si le contexte est sans doute différent, les procrastinations n’ont jamais permis de donner une recette pour la victoire. De plus, Macky Sall devra bien tenir compte du fait que, avant même qu’il n’annonce renoncer à un 3ème mandat, et qu’il avait la plénitude des pouvoirs, les listes qu’il avait établies d’autorité pour les élections locales et territoriales d’une part, et pour les Législatives d’autre part, ont subi une sévère déroute. Des membres de son camp ont soit établi des listes parallèles pour affaiblir leurs camarades, ou parfois même fait gagner leurs adversaires. Aujourd’hui qu’il n’a plus de moyens de pression efficaces pour maintenir la cohésion dans son camp, quelle méthode compte-t-il utiliser pour vaincre les éventuelles dissidences parmi ses amis ? Plus il laisse à des personnes de son camp le temps de déclarer leurs candidatures, moins il aura les moyens de les faire rentrer dans les rangs pour soutenir le candidat officiel.
La seule chose qui pourrait peut-être empêcher certains membres de son camp de se saborder, pourrait être la peur de voir arriver au pouvoir des gens qui vont leur demander des comptes quant à leur gestion durant les douze dernières années. Mais même cela est à relativiser. Macky Sall a pu avoir connaissance ces derniers mois, de la liste de certaines personnes de son camp qui ont gardé sinon renforcé leurs atomes crochus avec le parti Pastef et son chef, Ousmane Sonko en particulier. Ces personnes dont beaucoup n’ont toujours pas été sanctionnées pour leur trahison, pourraient se dire qu’elles ont suffisamment assuré leurs arrières pour se permettre de mettre le feu au vaisseau Bby.

C’est dire que le président de la République a besoin, pour assurer la pérennité de son legs, de clarifier le jeu au plus vite. Il ne s’agit ici pas que de son parti, mais de l’intérêt du Sénégal. Aussi bien ses partisans que la frange de la population qui lui vouent une certaine affection, ont besoin de voir clair dans la direction qu’il souhaite que le pays prenne après lui. Toute tergiversation ne servirait qu’à préparer la recette d’une déroute future.

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