SOCIETE

Désenchantement ! La chronique de KACCOR sur les tragédies migratoires des jeunes sénégalais

Ils partent, ils partent… Aucune voix à pouvoir les re- tenir. Ils sont des milliers à se suicider. Des vies englou- ties dans l’océan. Des jeunes qui disparaissent, laissant des parents dans l’illusion qu’ils sont toujours en vie. Des migrants perdus de vue depuis des années dont les familles refusent de porter le deuil. Douleur en permanence…

Des mères, épouses qui perdent le sourire tout en s’accrochant à l’idée illusoire que leurs maris ou fils gardent dans un coin de la terre un souffle de vie et qu’ils peuvent revenir incognito. Il faut voyager dans cer- taines régions du pays pour percer la douleur muette de ces familles qui attendent depuis des années leurs fils partis pour un ailleurs meilleur. Y en a qui reviennent… D’autres meurent dans l’oubli sans que leur deuil ne soit fait.

Aux yeux des autorités, ils n’ont aucune raison de partir. D’ailleurs, pendant que tous les médias parlent de la disparition de 300 migrants, notre ministre des Af- faires étrangère réfute cette information sans convaincre la presse sénégalaise qui y est allée, hier, de ses titres alarmants. Des autorités qui sont toujours dans la dénégation quand ce qu’elles supposent être la belle image du pays est écornée. Pour ces messieurs et dames, tout va dans ce charmant pays.

Encore une fois, nous sommes passés de l’indigence à l’émergence. Et ce même si on continue de tende la sébile aux quatre coins du monde, s’endettant héroïquement. Ils vous diront qu’aucun pays ne s’est développé sans s’endetter. N’empêche, le vrai Sénégal, le pays dans lequel on vit, c’est celui du Sénégalais qui souffre et qui cherche le diable pour lui tirer la queue. Celui du Sénégalais qui survit pendant que des gens enrichis par la politique lui tirent la langue. Celui des agriculteurs, pasteurs et pêcheurs qui étalent leur spleen sans que l’Autorité entende leurs pleurs.

Le vrai Sénégal, c’est aussi celui d’une jeunesse, nous l’avons déjà dit, désemparée et qui se suicide dans l’océan. Celui des diplômés en quête d’emplois qui dés- espèrent de décrocher ne serait-ce, qu’un stage pendant que des professionnels de la politique se vautrent dans des fonctions de sinécure. Celui où la corruption prospère malgré les discours du Chef qui a la fâcheuse propension à protéger des malfrats, trafiquants, détourneurs de nos ressources et faux monnayeurs.

C’est ce Sénégal où règne une flagrante injustice et où des députés croupissent en prison. Un pays que l’éthique a déserté et où chacun essaie de détruire l’autre par des intrigues et la médisance. Si on en est arrivé à constater un tel état de déliquescence ou si l’éthique a reculé, c’est parce que l’autre a échoué dans sa gestion qu’il voulait sobre et vertueuse.

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