TECHNOLOGIE
Le retour douloureux des coups de Soleil, et leurs conséquences
Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfer ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le mal des transports amplifiés lors des départs en vacancesaux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les dangers microbiologiques méconnus des hôtels, les « traditionnels » coups de Soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous. « Au Soleil, s’exposer un peu plus au Soleil… », comme le dit la chanson de Jennifer… Vous en rêvez depuis des mois. Attention tout de même: votre peau pourrait vous le faire payer cher si vous lézardez trop longtemps. Tendue, écarlate, cuisante – voilà les signes douloureux que vous avez attrapé un coup de Soleil !
Il est aujourd’hui largement admis qu’une surexposition au Soleil, au-delà des petites allergies et du fréquent coup de Soleil douloureux et inesthétique, peut avoir des conséquences sérieuses sur notre santé à plus ou moins long terme.
Pour mieux cerner ces conséquences, arrêtons-nous un instant sur les deux protagonistes de notre problématique: la peau et les rayons UV du Soleil.
La peau: une barrière mise à rude épreuve…
On la néglige souvent et, pourtant, la peau est l’organe le plus grand du corps humain et notre meilleur allié pour nous protéger des agressions extérieures.
Elle est composée de trois couches: l’épiderme, le derme et l’hypoderme (de l’extérieur vers l’intérieur de notre corps). L’épiderme, constitué de plusieurs couches de kératinocytes (cellules de peau), est son enveloppe externe. C’est un tissu en renouvellement permanent qui constitue le premier rempart contre les agressions extérieures, comme les radiations UV.
Le derme, quant à lui, est un tissu vascularisé qui confère résistance et élasticité à la peau via les fibres de collagène et d’élastine, fabriquées par des cellules appelées fibroblastes. De plus, des cellules immunitaires sont présentes dans les vaisseaux et assurent une deuxième ligne de défense après l’épiderme.
Malgré cette défense bien organisée, une surexposition au Soleil met la peau à rude épreuve.
Les effets du Soleil…
La lumière du Soleil contient différents types de rayons ultraviolets (UV) caractérisés par leur longueur d’onde – qui déterminent leur pouvoir de pénétration de la peau (le rayonnement UV pénètre la peau d’autant plus facilement que la longueur d’onde est élevée): les UV-A, les UV-B et les UV-C (de la plus longue à la plus courte longueur d’onde). Lorsque ces rayons traversent l’atmosphère, tous les UV-C et la plupart des UV-B sont absorbés par la couche d’ozone. Seuls les UV-A ne sont pas filtrés de manière aussi efficace: ils représentent 95 % des UV qui atteignent la surface terrestre.
Les UVA pénètrent jusqu’au derme. Ils ont un effet à long terme et jouent notamment un rôle majeur dans le vieillissement précoce de la peau et augmentent le risque de cancers cutanés.
Les UVB atteignent l’épiderme et ont pour effet, à court terme, l’apparition de coups de Soleil et le bronzage. Néanmoins, l’accumulation de leur action joue un rôle dans le vieillissement cutané précoce et l’apparition de cancers à plus long terme.
Le coup de Soleil !
Revenons sur l’une des manifestations les plus précoces d’une surexposition au rayonnement UV: le fameux coup de Soleil.
Celui-ci est dû, en grande partie, aux UVB qui endommagent les micro-ARN (molécules issues de la transcription de l’ADN qui interviennent dans la régulation de l’expression des gènes), présents dans les cellules de l’épiderme, les kératinocytes. Le corps réagit en initiant une réaction inflammatoire qui se traduit, notamment, par une augmentation du flux sanguin en direction de la zone abîmée, d’où le rougissement de la peau (érythème).
Ce processus inflammatoire permet à l’organisme de se débarrasser des cellules dégradées avant qu’elles ne deviennent cancéreuses. Les cellules abîmées se sacrifient pour sauver notre peau (c’est l’apoptose, ou mort cellulaire programmée), et la peau pèle ! Ainsi, le coup de Soleil est une réaction de protection à court terme. Le plus léger, c’est le bronzage qui, en soi, constitue déjà une réaction de défense de la peau face à l’agression par les UV.
– Après ce stade, c’est le coup de Soleil, une brûlure qui atteint l’épiderme et peut être plus ou moins grave. Une brûlure du premier degré entraîne l’apparition d’un érythème rouge vif et douloureux. Il disparaît au bout de quelques jours et la peau peut desquamer lors de la cicatrisation.
– Lorsque des cloques apparaissent, l’atteinte est plus sévère et l’on parle de brûlure du deuxième degré superficielle. La cicatrisation dure environ deux semaines mais ne laisse aucune séquelle visible.
– Le stade au-dessus correspond à la brûlure du deuxième degré profond. Dans ce cas, plus grave, le derme superficiel est touché (en plus de l’épiderme), des cloques apparaissent et des vaisseaux sanguins sont détruits. Il faut compter plusieurs semaines de guérison et ce type de brûlure laisse des traces.
Même si la plupart des coups de Soleil correspondent à des brûlures du premier degré qui disparaissent en quelques jours, les dégâts eux perdurent ! En effet, quelle que soit leur intensité, les coups de Soleil peuvent avoir des conséquences pour notre peau et notre santé à plus long terme…
Toujours se protéger
Malheureusement, à long terme, l’exposition aux rayons UV peut entraîner un photo-vieillissement et l’apparition de cancers.
Les effets majeurs du photo-vieillissement se situent au niveau du derme. En effet, les UVA sont responsables de la formation de radicaux libres (molécules très réactives d’oxygène) qui s’attaquent aux fibroblastes, dégradant ainsi la fabrication des fibres de collagène et d’élastine qui donne la résistance et l’élasticité à la peau. C’est ce qu’on appelle le « stress oxydatif », principale cause de vieillissement prématuré: la peau perd en élasticité et des rides plus ou moins profondes apparaissent. Plus grave encore, en 2009, le CIRC a classé les UVA et UVB comme cancérogènes avérés pour l’Homme. En effet, si les kératinocytes endommagés (avec un ADN non réparé) ne sont pas éliminés par apoptose, un cancer cutané peut se développer. On peut distinguer deux types de cancers: les carcinomes cutanés, les plus fréquents, et les mélanomes, les plus dangereux.
Alors un seul mot d’ordre: protégez-vous !
En matière de Soleil, mieux vaut prévenir que guérir: utilisez des produits de protection solaire, éviter de vous exposer aux heures les plus chaudes (l’été entre 12h et 16h en France).
Ces recommandations sont valables pour tous, même pour les personnes à la peau mate, car ne pas attraper de coups de Soleil ne prémunit pas du cancer cutané