Grande UNETECHNOLOGIE
Le parfait exposé de l’expert Omar Diop sur l’intelligence économique !
- INTRODUCTION
Depuis la fin de la guerre froide (1991) on assiste à une globalisation des marchés et à l’émergence d’une situation d’affrontement économiques dont les protagonistes sont à la fois les blocs économiques supranationaux, les Etats et les entreprises. Il en résulte un durcissement de la concurrence. EN effet, à une économie de production a succédé une économie de marchés.
L’intelligence économique constitue désormais le mode de pensée et le mode d’action de la société de l’information et de la connaissance dans laquelle nous rentrons. Deux questions sont au cœur de l’intelligence économique : celles de la coopération et de la production de connaissances nouvelles.
La coopération dans la mondialisation, c’est l’aptitude à agir efficacement ensemble, d’une façon coordonnée, dans le but de réaliser des projets communs qui fonde la performance de l’entreprise, la prospérité d’un territoire, d’un pays ou d’un ensemble de pays.
La production et la maitrise des connaissances nouvelles et la capacité d’innovation deviennent le nerf de l’affrontement des firmes. L’intelligence économique, qui dépasse largement les pratiques de la veille constitue alors une approche stratégique permettant à l’entreprise de dépasser des comportements d’adaptation en privilégiant leurs capacités d’anticipation.
La notion d’intelligence économique s’inscrit par essence dans un champ pluridisciplinaire, parmi lesquelles l’économie, la gestion et le droit. L’information utile est ce dont ont besoin les différents niveaux de décision de l’entreprise pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par le top management afin d’améliorer sa position dans son environnement concurrentiel.
L’intelligence économique se décompose en trois volets :
- L’information et le renseignement qui rassemblent tous les outils, toutes les méthodes qui visent à favoriser la collecte d’information, son retraitement et sa diffusion.
- Le volet sécurité et protection qui vise non seulement à éviter le pillage d’informations au sein de l’entreprise, mais aussi et surtout à organiser sa protection. Il repose sur la sensibilisation des personnels détenant de l’information stratégique, sur le recours à la protection du savoir et du savoir faire par les brevets ou bien par le secret et sur la sécurisation des systèmes informatiques.
- Le troisième volet est celui de la communication d’influence qui rappelle l’importance de la maitrise de l’image de l’entreprise par la connaissance des réseaux médiatiques.
- II.HISTORIQUE
Les grands penseurs du renseignement sont SUN TZU et FRANCIS BACON. Les premiers travaux à ce propos ont été commandités par Elisabeth(I) pour mettre en place un système de renseignement efficace. Ces travaux serviront de plan pour réaliser la Royal Society, système de renseignements scientifiques.
Entre les deux guerres, Pinkerton développe le renseignement commercial, 3500 salariés travaillaient sur des mandats de recherche d’informations sur des concurrents.
Les japonais dans les années 60 ont parfois travaillé à la limite de la légalité ; ils ont ainsi profité de certaines naïvetés de responsables d’usines, de chercheurs universitaires, d’actionnaires prompts à vendre leur technologie ou de consultants prêts à monnayer leur savoir.
Un des rares cas où les japonais se sont fait prendre au cours d’une action illégale est le cas « HITACHI ». Cette société commercialisait des ordinateurs compatibles avec les ordinateurs IBM et désirait mettre la main sur des documents internes IBM décrivant les standards pour les interfaces des produits. Les intermédiaires payés par les japonais ont été arrêtés. C’est par la suite que le japon a mis en place un excellent système d’information national, le JETRO.
Les Américains n’ont pas vu l’émergence de la puissance japonaise sans s’inquiéter. Les techniques japonaises ont été parfaitement comprises et analysées par la C.I.A qui a cherché à sensibiliser les entreprises américaines dès les années 65.
Les entreprises proches de la défense ont été les plus sensibles, en particulier Motorola, qui a monté l’un des premiers systèmes d’intelligence économique, en s’inspirant du modèle japonais, sous la houlette de John Herring, ancien directeur de la technologie à la C.I.A.
Après le japon dans les années 1960 et les USA à la fin des années 1980, la France s’est lancée à son tour dans cette démarche d’intelligence économique au début des années 1990. Après les travaux de quelques pionniers (Jacques Villain, Philippe Baumard…), l’intelligence économique est officiellement introduite en France en Avril 1992 par la création de la branche française de SCIP (society of competitive intelligence professionals).
III.Les fondements de l’intelligence économique
Les technologies de l’information et de la communication, issues du mariage de l’informatique, de l’électronique, des télécommunications et de l’audiovisuel, ont révolutionné l’accès à l’information. Internet permet aujourd’hui d’accéder à plus de 10 Milliards de données, entrainant une baisse constante du coût de l’information primaire. L’émergence de l’intelligence économique accompagne donc la convergence des situations nouvelles de guerre économique et d’explosion de l’information.
L’information est devenue ainsi une ressource stratégique pour les acteurs publics et privés. La difficulté n’est pas de l’obtenir mais de la gérer et de la protéger, car ce sont ces deux dimensions qui en font un avantage compétitif et qui font de l’intelligence économique un outil stratégique indispensable.
Cependant l’intelligence économique est souvent confondue avec le concept de veille. En effet, la veille se définit comme la collecte d’informations en vue de leur analyse et de leur diffusion. Il s’agit de recueillir de l’information (blanche) pour la mettre à la disposition de l’ensemble des décideurs.
L’information blanche qualifie une information publique et accessible, ne faisant l’objet d’aucune sécurisation particulière ; elle se distingue de l’information grise qui ne fait pas l’objet de publicité et que l’on trouve de manière indirecte ou détournée mais légale, et de l’information noire qui fait l’objet d’une haute sécurisation et relève de l’espionnage industriel.
Mais l’intelligence économique va bien au-delà de premier savoir faire analytique(veille) car elle suppose en outre la mise en place d’un processus de gestion et de protection de l’information. La gestion de l’information (organisation de la rareté de l’information, orientation du sens de l’information, travail d’influence) illustre le caractère offensif de la démarche d’intelligence économique, alors que la protection du patrimoine informationnel et le processus de sécurité économique constituent la face défensive de cette même démarche.
C’est la complémentarité des démarches offensives et défensives qui permet à l’intelligence économique de surpasser les possibilités de la veille et de devenir une arme efficace de l’organisation pour faire face aux nouveaux défis économiques.
L’intelligence économique reste dans le cadre du strict respect de la loi. Elle ne recouvre aucune pratique obscure, déloyale ou faisant courir un risque juridique à ceux qui la pratiquent et à l’entreprise pour laquelle ils l’exercent.
Le système d’information est le dispositif central de toute organisation, car en diffusant l’information il est le support de toutes les décisions. C’est donc une composante fondamentale de la démarche d’intelligence économique, car il intègre les technologies de l’information qui ont permis le développement du concept.
Il met ainsi la technique au service du contenu informationnel. En effet, grâce au système d’information, l’organisation peut récupérer, stocker et analyser une masse critique d’informations qui excède largement la capacité du raisonnement humain.
En outre le système d’information intègre une fonction décisionnelle qui automatise le processus de recherche de l’information et la mise en forme des données nécessaires à la prise de décision. Cette fonctionnalité est au cœur de la démarche globale d’intelligence économique.
IV. Contenu de l’intelligence économique
L’intelligence économique ne se résume pas à la veille, elle comprend les taches suivantes :
- Recherche et recueil des informations et des connaissances clés (veille, investigation) ;
Formulation des raisonnements stratégiques (stratégie d’innovation, conduite de projets, anticipation et maitrise des risques, évaluation des effets et des décisions à prendre) ;
- Mise en œuvre des actions et animation des réseaux (animation des réseaux d’influence, déploiement préventif ou curatif des actions offensives ou défensives, communication sur les valeurs) ;
- Evaluation des effets et mutualisation des pratiques (étude d’impact, retro-veille sur les processus, échanges de pratiques et de savoir, audit d’intelligence économique, auto-évaluation).
Selon certains penseurs, l’intelligence économique aurait quatre fonctions :
- Le réseau: constitué de personnes n’appartenant pas à l’entreprise mais aussi des employés de l’organisation pouvant servir d’experts sur une question donnée.
- La mémoire: c’est le seul organe spécifique de l’intelligence économique, elle est chargée de mémoriser les informations et connaissances explicites de l’organisation. Elle peut être organisée dans le cadre d’un projet d’ingénierie des connaissances. Il s’agit d’un référentiel structuré dont les données principales (métadonnées) sont compatibles avec la structure du système d’information.
- La maitrise: l’intelligence économique est au service de l’organisation, à ce titre elle est pilotée par le chef d’entreprise qui doit définir ses objectifs et les grandes questions auxquelles elle devra répondre.
- L’analyse : il s’agit des correspondants du réseau d’intelligence économique qui produisent des questions pertinentes et valident les réponses en offrant des choix multiples à l’entreprise.
V. Le processus de mise en place de l’intelligence économique dans le cycle moderne
Certains spécialistes en intelligence économique estiment que sa mise en place devrait avoir pour préalable l’évaluation de la culture stratégique de l’entreprise en commençant par :
- Une phase d’audit d’intelligence économique ;
- Une veille sur les méthodes des concurrents, notamment sur les méthodes employées par les grands groupes américains ;
- Une analyse des meilleurs pratiques à l’intérieur de l’organisation.
Mais d’une manière consensuelle, le processus d’intelligence économique peut se décliner comme suit :
- Recherche et recueil des informations et des connaissances clées ;
- Traitement et interprétation des informations recueillies ;
- Formulation des raisonnements stratégiques ;
- Mise en œuvre des actions et animation des réseaux ;
- Evaluation des effets et mutualisation des pratiques.
- VI. L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE : Opportunités et risques
En utilisant tous les moyens d’information disponibles, l’intelligence économique permet à l’entreprise d’appréhender son environnement : les stratégies de ses concurrents, les tendances des marchés à venir, les dynamiques territoriales, les pratiques locales et internationales. Au-delà des décisions stratégiques, l’intelligence économique concerne l’ensemble des acteurs de l’entreprise à qui elle permet d’identifier et de minimiser les risques commerciaux, financiers, juridiques.
L’intelligence économique induit tout à la fois des décisions offensives (recherche et développement, transfert de technologie, conquête de nouveaux marchés) et défensives (protection du patrimoine, sécurité, maitrise des risques industriels, commerciaux, d’altération de l’image).
Ainsi l’intelligence économique constitue le socle de la compétitivité de l’entreprise et une condition à sa survie dans un contexte de concurrence mondiale exacerbée.
La richesse de l’organisation provient de la circulation des savoirs et des savoirs faire, mais également de leur protection (partage sélectif, segmenté, organisé et sécurité de l’information). Or, au quotidien les entreprises de toutes tailles sont confrontées à des risques réels de déstabilisation :
- Attaques au niveau des fournisseurs ;
- Fuites de cerveaux ;
- Fausses informations ;
- Offres d’emplois fictives ;
- Tentatives d’instruisions dans le système d’information internet a multiplié les risques d’opérations malveillantes.
Le processus d’intelligence économique doit donc permettre à l’entreprise de veiller à la sécurité de son système d’information sur lequel pèsent des menaces tant accidentelles (catastrophes naturelles, erreurs humaines), qu’intentionnelles (espionnage, intrusions, sabotages).
VII. La communication d’influence
Savoir décrypter et gérer les manœuvres et procédés informationnels capables d’affecter ponctuellement ou durablement l’image, le comportement et la stratégie d’une organisation est devenu essentiel pour les entreprises. Elles sont, en effet, devenues particulièrement vulnérables aux attaques informationnelles et peuvent de ce fait faire l’objet de manœuvres de déstabilisation de la part de concurrents, d’états ou d’acteurs provenant de la société civile. Par ailleurs, il s’agit de développer la capacité des entreprises à mettre en œuvre des démarches d’influence.
L’influence est la capacité à changer efficacement l’état d’une chose, sans exercice de l’autorité ou de la puissance sur la chose et/ou sur son état. Les actions d’influences ont pour objet de changer l’état des perceptions, des croyances, des attitudes, afin de créer, maintenir ou modifier des comportements d’une personne, d’un groupe ou d’une organisation.
Elles ont pour but d’atteindre ou de défendre les objectifs et les intérêts légitimes de leur auteur ; pour cela, elles usent de tous moyens pour gérer l’information sans l’usage de l’autorité ou de la force. SUN TZU disait dans son livre l’art de la guerre « remporter cent victoires en cent combats n’est pas ce qui est le mieux…soumettre l’ennemie sans combat est ce qu’il y’a de mieux. »
Trois champs de bataille, autres que la guerre :
Informer | Faire connaitre | Par l’information |
Convaincre | Faire aimer | Par la communication |
Influencer | Faire agir | Par les opérations d’influence |
Les modes opératoires de la guerre de l’information sont :
- Déception : la diffusion de fausses informations visant à introduire l’opposant en erreur ;
- Intoxication : la diffusion de fausses informations parmi d’autres vraies ;
- Déstabilisation : état social ou psychologique qui provoque des troubles dans l’ordre intellectuel ou social ;
- Manipulation : méthode d’instrumentalisation de l’individu en lui travestissant la vraie nature de l’intention.
- VIII. CONCLUSION
En conclusion, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que toute entreprise n’ayant pas mis en place un dispositif d’intelligence économique serait vulnérable. Nous vivons à une époque où la maitrise de l’information et de la géostratégie sont fondamentales pour espérer survivre dans un environnement hostile et hautement concurrentiel. Il devient donc un impératif pour toute structure ayant le souci de la compétitivité de se prémunir d’outils et de méthodes de recherches déployées par certains experts, qui peuvent soutenir les dirigeants d’entreprises dans ces moments difficiles.
« L’intelligence économique est l’outil de prédilection pour accompagner ces prises de décision… »
Omar Diop