POLITIQUE

Critiques contre l’institution judiciaire : Ismaïla Madior Fall, avocat des magistrats

La perception de certains de la Justice sénégalaise qui est instrumentalisée n’est pas la réalité. C’est en substance ce qu’a soutenu le ministre de la Justice, Garde des sceaux, lors de l’Ag de l’Union des magistrats du Sénégal tenue ce week-end à Saly.

Par A. B. CISS – L’Assemblée générale de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) s’est tenue ce week-end à Saly. Cette rencontre s’est déroulée dans un contexte où les critiques sur l’indépendance de la Justice sont de plus en plus nombreuses et acerbes. Le ministre de la Justice, qui a présidé l’Ag de l’Ums, a assuré que les institutions fonctionnent normalement. Selon Pr Fall, «il n’y a pas de discrédit sur l’institution judiciaire». Et le Garde des sceaux d’expliquer : «Aujourd’hui, dans tous les pays du monde, y compris les grandes démocraties, il y a une sorte de critique, une sorte d’insatisfaction du citoyen vis-à-vis du fonctionnement de la Justice. Parfois complexe, parfois lente,  parfois chère et compliquée à comprendre. Si vous prenez les enquêtes ou les baromètres qui mesurent le niveau de satisfaction des citoyens envers la Justice dans tous les pays de l’Ocde, vous verrez que le taux d’insatisfaction est très élevé. Aujourd’hui, en Europe, je peux citer la France,  il y a des pays où on a voté des lois portant restauration de la confiance du citoyen envers la Justice. Ça veut dire qu’on considère que les citoyens dans une large mesure ne font pas toujours confiance à la Justice. Donc, c’est un fait universel, il n’y a rien de sénégalais.» Rejetant l’idée qu’il y a un manque de confiance en la Justice dans notre pays, M. Fall s’interroge : «Si les Sénégalais ne faisaient pas confiance à la Justice, est-ce qu’ils auraient fréquenté la Justice ?» Et d’assurer : «Les lieux les plus fréquentés au Sénégal, ce sont les hôpitaux et les tribunaux. Si on n’a pas besoin de la Justice, on n’y va pas.»
Toutefois, le ministre de la Justice a tenu à expliquer les raisons de cette perception. A ce propos, il déclare : «Lorsqu’il y a une ou deux affaires dans lesquelles des hommes politiques sont impliqués, il y a un prisme déformant, il y a une attitude qui consiste à juger la Justice à partir d’un cas dans lequel un homme politique est impliqué. Les Sénégalais connaissent leur Justice, font confiance à la Justice, font confiance aux magistrats et l’Etat est là pour défendre les magistrats.» Dans ce cadre, il a rendu «hommage à la Justice et aux magistrats». D’après M. Fall, «malgré les menaces de mort, malgré les intimidations sur leur personne et leur famille, la Justice a tenu, les magistrats ont tenu et le Droit a été dit, l’Etat de Droit a été sauvegardé». Quid du fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) et des consultations à domicile ? Sur cette question, le ministre de la Justice a rappelé que deux réunions du Csm ont été tenues dans l’année et une consultation à domicile pour apporter une correction. Et de renseigner : «Les consultations à domicile sont vraiment l’exception, ce n’est vraiment pas la règle, et puis le président de l’Ums, comme les présidents de Cour et de Parquet, savent que le président de la République nous a recommandé fortement d’éviter, sauf dans des cas où cela se justifient, dans des cas d’urgence, de recourir aux consultations à domicile. Par exemple, les dernières mesures qui ont été prises, l’ont été sur la base de consultation à domicile. Donc, aujourd’hui, la consultation à domicile d’exception se pratique dans des moments de nécessité ou d’urgence, mais pour l’essentiel, ce sont les réunions en présentiel.»
Accusé de s’immiscer dans les affaires judiciaires, le ministre de la Justice a apporté des précisions. «Dans tous les pays du monde, les ministres de la Justice sont aussi des politiques, mais l’essentiel, c’est de pouvoir faire la part des choses. Le ministre doit parler de politique de Justice, il doit parler de l’administration de la Justice, de la distribution de la Justice, mais un ministre de la Justice ne s’ingère pas dans les procédures, il ne s’immisce pas dans les affaires qui sont en instruction ou en jugement. Son rôle est de s’assurer qu’il y ait une bonne distribution de la Justice sur l’ensemble du territoire, sans interférer ou s’immiscer dans les procédures en cours», s’est-il défendu.

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