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Itw – Candidat, unité et avenir de Benno : Les vérités de Djibril War

Propos recueillis par Bocar SAKHO – Directeur de l’Ecole du parti Apr, Me Djibril War revient dans cet entretien sur le choix et la floraison de candidats à Bby, les lenteurs liées à la désignation du «continuateur» et aussi l’ambiance au sein du parti présidentiel. Sans langue de bois.

Maître, tout le monde est dans l’attente. Qu’attend le Président Macky Sall pour annoncer le nom du candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar ?
On peut comprendre l’impatience des Sénégalais. On peut aussi comprendre l’attitude du Président en tenant compte de ses lourdes charges quotidiennes, comme la gestion des problèmes liés à l’hivernage, les risques d’inondations malgré les moyens déployés depuis, la campagne agricole. Au niveau international, le Président est souvent, eu égard à son leadership reconnu par ses pairs de l’Union africaine, sollicité pour le règlement de certaines crises, notamment celle au Niger suite au coup d’Etat militaire et la problématique décision de la Cedeao d’y envoyer des troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Pour le choix du candidat tant attendu, les Sénégalais sont toujours dans l’attente qui commence à être longue. Pour rappel, quelques jours après sa déclaration, le Président avait convoqué le Secrétariat exécutif national où il avait clairement annoncé la liberté pour les responsables intéressés à se manifester. Tous ceux qui avaient pris la parole avaient donné carte blanche au Président de choisir lui-même le candidat et avaient donné l’engagement de se plier à ce choix. On connaît la suite. Deux personnes seulement s’étaient manifestées, l’ancien ministre Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre-conseiller, Abdou Aziz Diop, même si au niveau du public, on annonçait des noms, deux : le Président du Conseil économique et social, Abdoulaye Daouda Diallo, et le Premier ministre, Amadou Ba.
D’autres candidatures se sont manifestées, volontaires ou proposées, et des auditions avaient été faites par le président Moustapha Niasse, à savoir l’ancien Premier ministre, Mahammed Boun Dionne, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, le ministre Moustapha Diop. Il est triste de constater que depuis, le sujet d’actualité qui occupe le plus le devant de la scène politique aujourd’hui est le choix de notre candidat, le futur «continuateur» du Président Macky Sall, notre candidat pour la prochaine élection présidentielle de 2024. C’est vrai qu’il tarde à quelques mois des échéances électorales.
Avec le comportement de certains responsables de l’Apr, nous courons le risque de subir le même sort que le Ps en 2000 et le Pds en 2012, malgré les nombreuses réalisations du Président Macky Sall, son humanisme et son humilité.

Qu’est-ce qui explique cette profusion de candidats  dans votre Coalition Benno bokk yaakaar ?
C’est la question que tout le monde se pose. Cette situation de rivalités a créé un grand malaise dans le parti, un climat de clivage, de suspicion entre membres de camps dans cette bataille de positionnement.

Vous êtes le directeur de l’Ecole du parti, pourquoi ce débat sur la bipolarisation entre les caciques, les anciens qui mettent en avant la légitimité historique et les nouveaux que ne sont pas les bienvenus et qui sont regardés comme des intrus, venus tardivement et considérés comme des transhumants ?
Il est vrai, ce débat s’invite dans le parti et même au-delà. Dans un parti au pouvoir, les derniers venus ne sont pas souvent bien vus. Le cas de l’Apr est typique en termes de spécificités au regard de sa structuration, son mode de fonctionnement. En son sein, on trouve des militants qui ont des origines politiques différentes. On y trouve des personnes qui n’ont jamais fait la politique, d’autres qui viennent d’autres partis avec des idéologies différentes : des libéraux, comme nous et le Président Macky Sall qui lui-même était maoïste avant de nous rejoindre dans le Pds, notre premier parti, des marxistes, communistes, socialistes, des trotskistes. La force des libéraux, c’est leur capacité de résilience, de transcender les clivages idéologiques pour s’unir avec d’autres au nom de l’adhésion à des valeurs universelles de progrès, de développement autour de l’humanisme, inspiré par la générosité en intégrant le social dans les programmes, politiques et projets, à côté des chantiers infrastructurels. Le Président Macky Sall, venant à la suite du Président Abdoulaye Wade, a bien réussi cette prouesse de diriger le Sénégal pendant douze ans avec une coalition d’alliés fidèles, silencieux et travailleurs. Mais le problème n’est pas là.

Où se trouve le problème alors ?
Depuis notre accession au pouvoir, beaucoup de responsables, hommes, femmes militants de la première heure de l’Apr, ont eu des comportements déplorables qui ont pour noms : manque d’humilité, ego démesuré, manque de générosité à l’endroit de leurs vieux camarades. Ils ne répondent ni aux appels et ne reçoivent leurs camarades pour la plupart. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est que la résultante de ces comportements.
Le Président n’a eu de cesse de s’indigner de ces attitudes. Le paradoxe est que ceux qui sont venus après sont plus réceptifs, accueillants et serviables. A notre humble avis, comme nous n’avions pas manqué de le rappeler, lors de cette rencontre, beaucoup de personnes aussi compétentes auraient bien pu poser leur candidature.
En quoi ces candidats désignés ou proposés à l’entretien avec le président Moustapha Niass avaient des arguments plus convaincants que les autres ? Pourquoi pas nous-même ? Et pourquoi pas d’autres comme les ministres Karim Fofana, Doudou Ka, Mamadou Talla, l’ancien ministre Oumar Guèye, le président de Groupe Oumar Youm, aussi valeureux que compétents ? La triste réalité est l’attitude de beaucoup de responsables Apr à l’égard des militants et des populations démunies. Les Sénégalais aiment bien le Président Macky. Ils le lui ont toujours bien prouvé en lui renouvelant leur confiance à chaque échéance électorale présidentielle.

Dans une contribution, vous l’invitiez à prendre en considération le critère comportemental, de conduite des épouses dans le choix du candidat, en auditant les épouses. C’est aussi important ?
Bien sûr ! Ne dit-on pas que derrière chaque grand homme, il y a une grande dame ? La place de l’épouse est très importante dans la l’action d’un chef d’Etat, qui est après tout un être humain.

Vous aviez recommandé que le candidat choisi par le Président doit se rendre dans tous les foyers religieux, devant les autorités coutumières, poursuivre sous l’œil du Président les chantiers entrepris, solliciter ses conseils. Il fera le même serment au Parti, à Bby et il fera consigner dans un acte notarié ses engagements. Nous sommes dans un Etat, ce n’est pas possible de faire ça…
C’est par devoir de gratitude et pour nous prémunir de l’ivresse et de la folie du pouvoir. Il s’y ajoute que le candidat choisi, en cas de victoire, va poursuivre et continuer le Pse 2035 du Président Macky Sall en l’adaptant au besoin aux réalités du contexte.

Vous dites que si dans les 48 heures les candidats n’ont pas trouvé un consensus pour se désister au profit d’un, vous allez poser votre candidature. La période des auditions par le président Moustapha Niasse n’est-elle pas close ?
Cette sortie n’était pas destinée à créer le malaise chez le Président. Au contraire, je dénonçais l’attitude des candidats, pas tous, qui témoignaient d’un manque d’appréciation des enjeux. Je n’ai pas besoin d’être audité, parce que le président Moustapha Niasse nous connaît mieux que les candidats audités, ayant été à ses côtés pendant dix ans.
Que les candidats fassent preuve de raison et de générosité et s’engagent à être dans les rangs, derrière le candidat retenu. Enfin, je rappelle que les négociations pour renonciation à ces candidatures déclarées ou proposées ne pourraient être un prétexte pour partager à titre de consolation des postes stratégiques de Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ou d’autres institutions, ministres et autres. Ceux qui auront occupé des fonctions de ministres depuis près d’une décennie devront bien céder leurs places à d’autres. Nous renouvelons de manière constante notre amitié, loyauté et engagement à M. le Président.

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