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ItW – Directeur sortant de l’Usaid : Peter Trenchard fait son bilan
Après quatre années à la tête de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid-Sénégal), Peter Trenchard prend sa retraite ce mois d’août. Il a remis le témoin à Mme Alyssa Leggoe, qui était jusque-là son adjointe. Mais avant de faire ses valises pour les Etats-Unis, celui qui a été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre national du Lion a fait la revue de la coopération entre les Etats-Unis et le Sénégal.
Vous venez de boucler 4 ans à la tête de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid-Sénégal). Quel bilan tirez-vous de ce mandat ?
C’est mon deuxième séjour au Sénégal. Au total, j’ai fait 15 ans au Sénégal. Lors de ces 4 dernières années, j’ai travaillé avec le secteur privé, la Société civile et le gouvernement. Nous avons travaillé dans plusieurs domaines tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et la gouvernance. L’objectif est de contribuer de manière significative à la croissance économique. Par exemple, nous avons travaillé avec le ministère de l’Education pour enseigner aux élèves la lecture dans leur propre langue. Nous avons touché 900 mille élèves dans 4 mille écoles qui se situent dans 9 des 14 régions du Sénégal. Nous avons augmenté le taux de lecture, qui était de 2, 1%, à 17% sur 2 années. L’année passée, nous avons mobilisé plus de 22 millions de dollars pour 11 entreprises privées qui ont créé plus de 1000 emplois sur une année de mise en œuvre. Pour la santé, nous avons traité plus de 500 mille personnes.
Comment déterminez-vous les besoins du Sénégal ?
Ça appartient au gouvernement du Sénégal de déterminer ses besoins. Les stratégies de développement de l’Usaid sont alignées sur le Plan Sénégal émergent (Pse). Nous travaillons directement avec tous les ministères.
L’Usaid a lancé un programme sur 5 ans depuis 2020 avec le gouvernement, avec plus de 346 milliards de francs Cfa de don. Pourquoi le contribuable américain, qui est frappé par la crise, offre gracieusement cette somme ?
Au Sénégal, ce sont plusieurs institutions qui y interviennent. C’est le Mcc (Millennium challenge corporation), Usaid. En tant que dirigeant de l’Usaid, je vais me contenter de cette institution. C’est vrai que chaque année, on fait un don de 225 millions de dollars. Ce n’est pas un crédit, mais un don. Depuis toujours, les Usa ont un double objectif. Nous créons le partenariat bien-sûr, pour promouvoir l’intérêt américain. Nous voulons aussi améliorer les conditions de vie dans les pays en voie de développement. Je dois vous rappeler ces mots de notre ancien Président Kennedy qui a créé l’Usaid. Il disait ceci : «Nous ne pouvons pas nous soustraire à nos obligations morales en tant que bon voisin des nations libres. Nous devons respecter notre statut de Peuple le plus riche dans le monde en application de l’obligation d’aide financière.»
On peut dire, en résumé, que vous aidez les pays pauvres pour qu’ils ne viennent pas aux Usa menacer votre sécurité ?
Non ! Si on a un partenariat honnête, où il est facile de commercer, c’est qu’on a des intérêts communs.
On parle du Parcours de l’émergence avec un programme sur 5 ans pour 3 piliers. Pouvez-vous détailler cette collaboration ?
Le Sénégal est un pays émergent avec une croissance et une économie fortes, une ressource humaine de qualité. Il y a certes des défis à relever, mais le pays est sur le chemin du développement. Nous avons compris cela et nous voulons faire plus. C’est pourquoi nous demandons aux Ong, aux collectivités locales, au gouvernement d’identifier leurs besoins, et nous essayons de les accompagner. C’est pourquoi 75% de nos projets sont gérés par les Sénégalais et 97% du personnel est du Sénégal.
La gestion du «Force Covid-19» a contraint la Cour des comptes à demander l’ouverture d’une information judiciaire. En tant que partenaire financier technique, comment avez-vous vécu cette information ?
On est intervenu dans la crise. On a fait notre propre audit sur nos financements. Tout est en ordre. La question ici, c’est de savoir comment dominer le risque de corruption ? Pour une croissance forte, il faut garantir la stabilité pour une concurrence saine. S’il y a de la corruption, c’est difficile. Nous sommes en train de travailler avec le gouvernement dans le financement public à cet effet. Nous avons lancé un programme avec les collectivités locales dans la collecte des impôts. Cela va permettre aux autorités municipales de piloter la collecte des impôts en ligne. Ça va augmenter les recettes fiscales, tout en enregistrant les transactions. Ça va réduire le risque de corruption. En moyenne, ça a augmenté de 150% les recettes fiscales.
Quels sont les défis du Sénégal, selon vous ?
Dans chaque pays, il y a des défis à relever. Par contre, au Sénégal, il y a une vision claire. Nous, à l’Usaid, nous finançons majoritairement la santé. Le défi, c’est la démographie galopante. Ça va continuer. Comment éduquer cette jeunesse ? Comment lui trouver du travail ? Ce défi n’est pas spécifique qu’au Sénégal. C’est partout le même problème. Il faut augmenter les opportunités pour le secteur privé, afin qu’il investisse. Ce qui va contribuer à stabiliser le pays. Il ne faut pas oublier une bonne éducation pour cette jeunesse. Le deuxième défi, ce sont les changements climatiques. Ça va évoluer dans le temps. Le Sénégal est un pays littoral. L’eau salée peut entrer dans les fleuves et perturber l’activité économique. L’Usaid travaille dans ce sens. Nous avons fourni un super ordinateur à la station météorologique. Cela va être d’un grand apport pour les pêcheurs et agriculteurs pour les informations météorologiques. Il fournit des informations précises pour plus d’un million de personnes.