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Pétition pour la libération de l’ex-leader de Pastef : Karim Fofana recadre les intellectuels

La pétition de plus d’une centaine d’intellectuels du Sénégal et d’autres pays dans le monde, publiée lundi, est en train de faire débat. Du côté du gouvernement, le ministre Abdou Karim Fofana (AKF), dans une contribution, reproche aux signataires d’oublier certains principes comme «la séparation des pouvoirs».

Par Dieynaba KANE – Des personnalités d’ici et d’ailleurs ont signé une pétition lundi, dans laquelle elles ont demandé, au nom de l’Etat de Droit et de la démocratie, la liberté pour Ousmane Sonko. La réponse du gouvernement ne s’est pas fait attendre. 24h après, Abdou Karim Fofona, ministre du Commerce et porte-parole du gouvernement, a porté la réplique. Dans un document, M. Fofana se désole «de voir des intellectuels et professionnels du Droit, pour la majorité des signataires, fouler aux pieds le principe de la séparation des pouvoirs». Selon lui, «appeler le président de la République, par l’intermédiaire du Garde des sceaux, à demander au Parquet de libérer un détenu inculpé par un juge d’instruction, relève soit d’une méconnaissance du fonctionnement de la Justice, offense que nous ne leur ferons pas, soit d’une tentative d’entretenir un amalgame à dessein». Et le ministre de s’indigner : «Il est vrai que nous avions l’habitude des amalgames et manipulations d’un groupe de politiciens signataires et de leurs alliés attitrés membres de la Société civile. Cette fois, ils ont pu compter sur le renfort d’autres personnalités ainsi entraînées dans une démarche politicienne dont cette pétition n’est qu’un énième reflet.» Dans sa réponse, Abdou Karim Fofana s’est aussi interrogé sur le silence des personnalités signataires de cette pétition sur les différentes sorties de Ousmane Sonko. «Lorsqu’on lit la pétition, on a envie de demander aux signataires où ils étaient quand le prisonnier dont ils appellent à la libération, au mépris du Droit, disait à des jeunes «d’en finir avec Macky Sall» et de le traiter «comme Samuel Doe» (ancien Président libérien traîné par des putschistes dans la rue jusque sur une place publique, torturé et découpé en morceaux), en précisant que si les jeunes sont bien entraînés et, dotés d’armes, chacun d’entre eux pourra mener à bien ce projet ?», a-t-il demandé.
Poursuivant ses propos, M. Fofana interpelle également les signataires de cette pétition, qui se présentent comme des «humanistes», sur leur silence concernant «l’attentat sur un bus ayant causé la mort d’une jeune femme de vingt-et-un ans et d’une jeune fille de sept ans, à la suite des appels à l’insurrection du justiciable qui bénéficie de leurs signatures». Et le porte-parole du gouvernement d’ajouter : «Que doit-on comprendre lorsqu’ils restent muets sur les appels répétés au coup d’Etat et aux mouvements insurrectionnels rendus publics par le parti dont ils contestent la dissolution, alors que ces actes ont constitué un manquement aux obligations des partis politiques figurant à l’article 4 de notre Constitution et à l’article 4 de la loi n°81-17 du 6 mai 1981 modifiée par la loi n°89-36 du 12 octobre 1989 ?»
Abdou Karim Fofana fait remarquer également dans son document que les professeurs d’université signataires de cette pétition ont détourné «le regard face aux incendies de facultés et de bibliothèques universitaires». Il en est de même, d’après lui, «des pillages de commerces et de banques, des attaques sur des infrastructures névralgiques telles que des transports, des centrales électriques, des installations de distribution d’eau, dans le but de paralyser l’activité économique du pays et installer le chaos».
Au regard de ses arguments, le ministre porte-parole du gouvernement estime que «si, comme ils (Ndlr : les signataires de la pétition) l’écrivent, ils sont soucieux de l’Etat de Droit, attachés à la paix, à la stabilité, à l’unité, à la concorde nationale, à la préservation des acquis démocratiques et au respect de la Constitution, ces signataires devraient se féliciter que les refus de répondre aux magistrats, les tentatives d’installer un climat de terreur pour ne pas répondre à la Justice, ainsi que tous les actes de  défiance, d’insurrection et de sédition n’aient pas prospéré». Pour Abdou Karim Fofana, «reprenant leurs esprits, ceux parmi les pétitionnaires qui sont de bonne foi doivent aussi se réjouir que la séparation des pouvoirs, leur pétition appelle à la violer, reste un principe intangible de notre République».

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