Pendant 5 jours, ils ont été retenus dans le navire «Rio Tajo» de la Garde civile espagnole dans des conditions exécrables à cause du refus du gouvernement mauritanien de les laisser débarquer. 168 migrants qui ont été interceptés par la Garde civile espagnole le 24 août dernier dans les eaux mauritaniennes, ont quitté le Golfe de Nouadhibou pour rallier Dakar où ils sont attendus ce mardi dans la soirée.
La déception doit se mêler au soulagement, car c’est la fin d’un rêve.
Par B. SAKHO – C’est juste à côté qu’ils ont été bloqués pendant plusieurs jours. A quelques miles de leur pays. 168 Sénégalais, candidats à l’émigration irrégulière, ont été retenus du 24 au 28 août à bord d’un patrouilleur de la Garde civile espagnole, au niveau du Golfe de Nouadhibou. Mais, ils ont dû pousser un énorme ouf de soulagement hier en dépit de la déception de rentrer chez eux après avoir tenté l’aventure européenne sans succès. Joint par téléphone dans la soirée d’hier, le Directeur général des Sénégalais de l’extérieur (Dgse) a annoncé qu’ils ont pu quitter le port mauritanien dans l’après-midi d’hier. «Ils sont attendus demain (aujourd’hui) à Dakar», note Amadou François Gaye. Ils sont à bord d’un patrouilleur de la Marine
Pour l’instant, personne ne connaît les motivations des autorités mauritaniennes, qui ont refusé qu’ils débarquent sur leur sol. Alors que les conditions de vie ne cessaient de se détériorer à l’intérieur du bateau nommé Rio Tajo, qui a intercepté ces migrants à environ 150 km des côtes mauritaniennes. Leur dessein ? Rejoindre les îles Canaries. «Les autorités mauritaniennes avaient catégoriquement refusé l’accostage du bateau, transportant à son bord pas moins de 168 migrants.
Malheureusement, malgré les pourparlers entre les autorités espagnoles et mauritaniennes, aucun accord n’avait été trouvé pour résoudre cette situation délicate pendant plusieurs jours. Cependant, il y a eu un revirement inattendu. Finalement, le bateau en question a décidé de mettre le cap vers le Sénégal. Les rumeurs qui circulaient ne semblaient pas si folles puisqu’un accord aurait en effet été conclu entre les autorités sénégalaises et les responsables espagnols pour permettre l’accostage du bateau», note une autre source impliquée dans la lutte contre l’émigration irrégulière.
Evidemment, il a fallu les interventions du ministre de l’Intérieur et l’ambassadeur de l’Espagne à Dakar pour décanter la situation. «On ne sait pas pourquoi le navire a été bloqué», admet le Dgse.
Les coulisses des négociations
Il faut savoir que le dénouement a permis à ces hommes de retrouver un peu de dignité. Car, les conditions de vie étaient devenues exécrables : pour se protéger du soleil brûlant, des auvents avaient été improvisés. Les candidats n’avaient pas accès à des toilettes ou des douches. Quid de la nourriture ? Ce n’est pas aussi fameux. A l’intérieur du bateau, la tension était devenue palpable. Samedi, des membres de l’équipage ont tiré en l’air pour tenter de réprimer d’éventuelles émeutes, note Infos migrants. Elles ont été provoquées par le non-respect de la grève de la faim, qui avait été organisée pour pousser les responsables espagnols et mauritaniens à se pencher sur leur cas. Cette montée de la tension a poussé les autorités espagnoles à renforcer la sécurité du patrouilleur : 16 agents, armés, du service maritime espagnol sont venus épauler les 20 personnes de la Garde civile.
Il faut savoir que Madrid et Nouakchott ont signé en 2016 des accords dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière. L’Espagne verse chaque année plus de 10 millions d’euros à la Mauritanie pour l’aider à contenir la vague migratoire, car ses eaux sont devenues un couloir vers les îles Canaries. Cet accord donne aux Espagnols le droit d’intervenir sur son territoire pour barrer la route aux candidats au périlleux voyage. D’après Infos migrants, ils ont positionné sur le territoire mauritanien, deux navires, un hélicoptère et une patrouille terrestre.