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Reportage – Politique d’immigration : Suisse, terre d’asile

Réalisé par Pape Moussa DIALLO depuis Berne (Suisse) – L’Organisation internationale pour les migrations (Oim), à travers son bureau à Berne, travaille en étroite collaboration avec le Secrétaire d’Etat aux migrations (Sem) pour un retour humanitaire assisté des demandeurs d’asile ou de personnes qui expriment le besoin de retourner volontairement dans leur pays d’origine. Pour Berta Fernandez-Alfaro, cheffe de mission, coordinatrice du bureau Oim de Suisse et Liechtenstein, le retour volontaire est toujours meilleur que la déportation.

«Le retour volontaire est toujours meilleur que la déportation.» Cette phrase est de la cheffe de mission et coordonnatrice du bureau Oim Suisse et Liechtenstein, Mme Berta Fernandez-Alfaro. Elle se prononçait sur la collaboration qu’entretient son organisation avec le Secrétariat d’Etat aux migrations (Sem) suisse dont le bureau se trouve à Berne. Depuis 2003, à la suite d’une convention-cadre relative à la coopération opérationnelle en matière de retours volontaires et d’immigration vers un pays tiers depuis la Suisse, le projet «SwissRepat Iom Movement» (Sim) est mis en œuvre. Le projet s’adresse aux personnes dont le cas relève du domaine de l’asile, ainsi qu’aux étranger(e)s qui choisissent de rentrer volontairement dans leur pays d’origine ou d’immigrer dans un pays tiers. Le programme offre à ces personnes cibles la possibilité d’un voyage (retour) planifié et encadré par l’Oim. Cependant, précise Mme Berta, l’Oim «ne participe pas dans le processus du traitement des dossiers d’asile. L’organisation donne des informations à ceux qui ne sont pas éligibles pour un retour assisté».
Le retour humanitaire assisté seulement ou une aide financière ne suffisent pas pour prévenir l’émigration irrégulière. Il faut, une fois que la personne concernée est de retour, qu’elle soit «accompagnée sur le monitoring, l’élaboration d’un business plan, en plus d’un encadrement technique et d’un accompagnement psychologique pour l’aider à surmonter les écueils», préconise la cheffe de mission de l’Oim en Suisse. Toujours dans la recherche des solutions, elle préconise la «reconnaissance» des compétences acquises par ces personnes afin d’aider à leur réintégration sociale dans leur société d’origine et les motiver à travailler. Les enjeux et défis liés à la migration sont à la fois complexes et contingents.
A Berne, il y  a une parfaite harmonisation des actions pour éviter les doublons. «On travaille avec la Société civile et les autres acteurs pour mieux coordonner nos actions, être plus efficaces et prévenir les doublons sur le terrain», poursuit Berta.
Même si cette dernière est convaincue que les plus grandes masses de migrations se font entre et dans les régions économiques plutôt que du Sud vers le Nord, comme certains se bornent à le faire croire partout et par tous les moyens, il n’en demeure pas moins que pour elle «il faut une approche à plusieurs niveaux pour venir à bout de la migration irrégulière». La migration, pouvant être considérée comme un indicateur de la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent les populations, est fortement encouragée par le manque de perspectives dans les pays d’origine, les conflits, le changement climatique, le manque d’infrastructures sociales de base, etc. Sous ce rapport, dira notre interlocutrice, la migration «est plutôt une stratégie d’adaptation». A l’en croire, il faut travailler davantage à rendre le continent africain attractif, avec son bonus démographique qui fait du continent «une terre d’opportunités». En plus, la migration irrégulière, dira Berta Fernandez-Alfaro, «est aussi une question de crime transnational organisé».
Pour contrer ce phénomène, l’Oim travaille beaucoup en Suisse sur la prévention à travers des séances d’information et de sensibilisation pour lutter contre la traite des personnes. Sur le profil de ceux qui migrent, Berta assène : «Ce ne sont pas les pauvres qui migrent.» Par conséquent, elle estime qu’il faut «travailler à rentabiliser leur fonds par une approche bottom-up et non le contraire». D’ailleurs, pour aider à une meilleure prise de décision et à l’élaboration de politiques publiques inclusives, elle recommande aux gouvernants mais aussi aux collectivités territoriales d’utiliser les indicateurs de la gouvernance de la migration, qui est un outil de gouvernance et d’aide à la prise de décisions. A l’endroit des candidats à l’émigration irrégulière, la coordonnatrice du bureau Oim Suisse et Liechtenstein lance : «Il faut prendre le temps de s’informer avant d’entamer un projet migratoire. C’est dur et l’on risque de perdre sa vie sur les routes migratoires.» Des outils comme MigApp de l’Oim, les Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (Baos) au Sénégal sont par exemple des services qui peuvent aider à avoir la bonne information avant d’entamer un projet migratoire.

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