SOCIETE

Formation professionnelle : Kédougou veut une université à vocation minière

Travailler dans une compagnie minière dans la région de Kédougou, n’est pas chose aisée, surtout lorsqu’on n’a pas une certaine qualification. Pour favoriser la main-d’œuvre locale et permettre aux jeunes de trouver de l’emploi, la question de la qualification se pose pour les jeunes prétendant à l’emploi dans des compagnies minières de la région. La construction d’une université minière pourrait régler la question ?

Par P. M. DIALLO – Une université de dernière génération à vocation minière pour juguler la question de l’emploi et garantir l’insertion des jeunes dans les compagnies minières implantées dans la région. C’est la revendication des jeunes de Kédougou. «Si les jeunes ne sont pas qualifiés, les entreprises doivent les former comme indiqué dans leur contrat. La formation des jeunes incombe à l’Etat. Que l’Etat fasse son travail pour trouver une qualification aux jeunes. Endeavour formait les jeunes qui n’avaient pas de qualification. Pourquoi elle ne le fait plus ?», s’interroge Ousseynou Danfakha, président du Conseil départemental de la jeunesse de Saraya. Même s’il y a déjà un lycée technique industriel et minier à Kédougou, les jeunes estiment que c’est insuffisant, et demandent plus pour répondre aux enjeux actuels. «Nous avons besoin de la construction d’une université à vocation minière à Kédougou», assure M. Danfa-kha. L’inspecteur du Travail de Kédougou, Mamadou Ba, estime que la qualification professionnelle des jeunes de la région est un véritable enjeu. «Elle est un réel problème chez les jeunes à Kédougou, qui doivent accepter de se former», exhorte-t-il la jeunesse. Ce, non sans leur demander de «fréquenter le Lycée technique industriel et minier». Concernant la fréquentation du lycée technique par les jeunes de la région, le président des jeunes de Saraya joue la carte de la prudence. Il lance : «Je suis un produit de ce lycée. La fréquentation du lycée dépend également de l’orientation des élèves d’une part, et d’autre part, du discours ou de la politique communicationnelle et de management de l’établissement pour mieux informer et conscientiser les populations par rapport à son importance et ses filières.» Par ailleurs, Younoussa Diallo, président de l’Association des élèves et étudiants ressortissants de Kédougou, botte en touche les propos selon lesquels les jeunes de Kédougou manquent de qualification. «Cet argument ne tient pas la route. C’est un faux argument», s’est-il offusqué. «C’est un argument qu’on nous sert depuis 2008. On est en 2023. Les entreprise minières peuvent bel et bien trouver les profils dont elles ont besoin dans la région», dit-il.

Se prononçant sur le Forum régional organisé par les jeunes sur l’emploi et l’insertion des jeunes dans les sociétés minières le 18 mars dernier, il renseigne que seule une compagnie minière, en l’occurrence Petowal mining company (Pmc), essaie tant bien que mal de faire bouger les lignes avec des contrats de stage. «Au sortir de ce forum, il n’y a que la compagnie minière Pmc qui a eu à octroyer vingt (20) contrats de stage à l’association. Ce, à partir d’appel d’offres. Rien n’a été fait par les autres compagnies», regrette-t-il. Dans le même registre, le président de l’Aeerk n’y va pas avec le dos de la cuillère pour affirmer avec force : «C’est un manque de volonté manifeste des sociétés minières à recruter les jeunes.» Joint par téléphone, la direction de Barrick Gold n’a pas manqué de revenir sur des statistiques et la politique de recrutement qui favorise la préférence locale. D’ailleurs, c’est l’une des compagnies qui s’illustrent le plus dans ses actions sociales, avec une approche basée sur les besoins des populations locales, mais aussi leurs réalités socioculturelles.

Sur une masse salariale de soixante-huit (68 millions) de francs Cfa, en moyenne vingt-deux (22 millions), soit 33%, restent dans la région de Kédougou. Etant une société d’exploration (recherches), la direction informe qu’au mois de juin dernier, 61% de ses employés étaient originaires de la région de Kédougou.
Les régions de Kédougou et Tamba concentrent 66% des emplois contre 16% pour Dakar, Diourbel 2%, Kaolack 5%, Ziguinchor 1%, etc. Dans ce même registre, l’inspecteur du Travail de Kédougou informe que rien qu’en 2023, 1830 contrats ont été signés. «Ce qui ne prend pas en compte les autres dossiers qui attendent d’être signés. On pourrait atteindre les 2500 contrats pour la seule année de 2023», indique-t-il. Pour qu’il y ait une certaine visibilité dans le recrutement au niveau des compagnies minières, Ousseynou Danfakha préconise «l’érection de la transparence en règle» dans le système d’enrôlement des profils, la publication de la liste des recrues par circonscription et de permettre aux jeunes de soumettre des projets et programmes de formation.
Réalisé par Pape Moussa DIALLO (Envoyé spécial à Kédougou)

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