Des événements tragiques ont eu lieu, lundi, à Khossanto, une commune du département de Saraya, région de Kédougou. Les ministres de l’Intérieur et des Mines seraient attendus ce mardi à Saraya.
L’arrêté controversé
L’arrêté préfectoral n° 043/P.D/SRY en date du 31 Août 2023 a mis le feu aux poudres dans cette localité du département de Saraya, région de Kédougou. Le préfet Cyprien Antoine Mballo a modifié et remplacé n°033/P.D/SRY du 16 Août 2016 portant création de commissions chargées du recrutement de la main d’œuvre non qualifiée dans les communes du département de Saraya que son prédécesseur Amadou Makhtar Cissé actuel directeur général de la Fonction publique avait pris.
Dans ce dit arrêté du préfet Cissé, les chefs de village étaient responsabilisés pour aider au recrutement de la main d’œuvre locale au niveau des entreprises minières opérant dans cette partie du Sénégal. Trois ans après, le préfet Cyprien Antoine Mballo a voulu changer les règles du jeu avec son nouvel arrêté où les chefs de village sont exclus. Dans le dit arrêté dont Emedia détient copie, l’autorité préfectorale écrit au niveau de l’article premier « il est créé au niveau de chaque commune du département de Saraya, une commission chargée du recrutement de la main d’oeuvre locale non qualifiée. La commission siège au niveau de la préfecture ou bien de la sous-préfecture concernée ».
S’agissant de l’article 2, le préfet spécifie les missions de la commission. Il écrit : « Les missions de la commission sont les suivantes : recevoir les demandes d’emplois non qualifiés, formulées par les populations ; recevoir les offres d’emplois de la main d’œuvre locale non qualifiée des sociétés et entreprises établies au niveau du ressort communal concerné, informer les demandeurs d’emplois par tous moyens : affichage, communiqués de presse sur les offres formulées par les sociétés et entreprises, statuer sur les demandes d’emplois déposées au niveau de la préfecture ou des sous-préfectures concernées ; constituer une base de données sur les demandeurs d’emplois et leurs profils. » Ces commissions sont présidées par le préfet pour la commune de Saraya et par les sous-préfets pour les communes des arrondissements de Bembou et de Sabodala.
Dans l’arrêté préfectoral, dont ampliation a été faite au ministre de l’Intérieur et au gouverneur de la région de Kédougou, les chefs de villages, les présidents de conseil communal de la jeunesse et les présidentes des organisations de femmes concernées sont membres. Une décision pas du goût des populations qui, ce lundi, ont manifesté leur mécontentement. Elles se sont heurtées aux forces de défense et de sécurité. Le bilan est macabre. Deux corps sans vie ont été notés et plusieurs blessés dénombrés.
Enquête indépendante après 2 morts et plusieurs blessés
Devant une répression aussi violente, des organisations de droits humains exigent une enquête indépendante et impartiale pour situer les responsabilités. À travers un communiqué de presse, la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), AfrikaJom Center et Amnesty International Sénégal « condamnent fermement la répression violente par la gendarmerie nationale d’une manifestation de la population de Khossanto, commune du département de Saraya, dans la région de Kédougou, qui protestait contre la modification d’un arrêté préfectoral fixant la composition et le fonctionnement des commissions de recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée par les entreprises minière, le lundi 11 septembre 2023. Cette modification donne la haute main à l’administration territoriale sur les processus de recrutement au détriment des chefs de villages qui présidaient les commissions ».
Ces organisations déplorent « la mort de Bacary Cissokho, un déficient mental errant âgé de 50 ans et un ressortissant étranger, la blessure par balle de sept personnes et des dizaines d’interpellations parmi les manifestants. Des membres des forces de sécurité seraient également blessés par des pierres jetées par les manifestants ».
C’est pour cette raison que ces organisations demandent « l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur les circonstances du décès de deux personnes lors de la manifestation. A cette fin, une autopsie doit être pratiquée sur les corps par un médecin légiste qualifié ». Aux dernières nouvelles, l’arrêté préfectoral a été retiré et n’est plus d’actualité.