SOCIETE

LOBAALY, LE VILLAGE BÂTI À LA SUEUR DES ÉMIGRÉS

Ici, l’émigration est applaudie des deux mains. Tout ce qui bouge dans ce village est l’œuvre de ses braves émigrés. Au-delà de l’aspect migratoire, les populations sont confrontées à des difficultés, surtout la mobilité en cette période de l’hivernage, l’axe Nawel-Demankani étant encore en chantier. Sans compter le désenclavement de la route de Dandé Maayo. Bienvenue à Lobaaly, terre des émigrés.

 

 

Situé dans le Dandé Maayo sud, le village de Lobaaly est une localité de la commune de Bokiladji (département de Kanel). Il est à une vingtaine de kilomètres de Sémmé. Habité par les Peulhs, Lobaaly a été fondé par un certain Ardo Dia vers les années 1300, selon les témoignages. Ardo était un peulh Diawo issu de l’ex-Soudan (le Mali). Selon Mamadou Dia, un des notables du village, Lobaaly vient du mot « Lob baaly (un lieu où on soignait le bétail ».

El Hadji Oumar Tall a passé la nuit à Lobaaly

Réputé pour son attachement à la religion islamique, le village de Lobaaly a été cité dans l’un des écrits d’El Hadji Oumar Tall qui y a séjourné pendant des jours lors de sa fameuse tournée dans le Fouta, rapporte-t-on. Le livre sacré du coran est mémorisé par la majorité des filles de cette localité. La population s’active dans l’agriculture, l’élevage et la pêche, puisque le village se trouve au bord du fleuve Sénégal.

L’émigration est devenue obligatoire à Lobaaly

Ici, à part la pratique de l’Islam, l’émigration est la seconde religion. Pour dire la détermination des jeunes à aller en Occident notamment. L’association pour le développement de Lobaaly de France a financé toutes les infrastructures du village : école, forage, poste de santé, une mosquée d’une valeur de 300 millions, un marché, entre autres. La particularité de ce village est que dans chaque concession, on y trouve un puits, même si le forage est fonctionnel.

Un poste de santé sans sage-femme

Les émigrés ont intégralement financé la structure sanitaire de Lobaaly qui polarise trois villages. Mais celle-ci est confrontée à d’innombrables difficultés telles que le manque de matériel d’équipements, des médicaments. L’ambulance est en panne depuis cinq longues années et il n’y a pas de sage-femme, déplore l’infirmier chef de poste, Amadou Moustapha Diba qui est à sa septième année de service. Il ajoute : « Depuis que l’ambulance est tombée en panne, pour évacuer les patients, on est obligés de louer un ‘’clando’’ avec une somme de 35 000 FCFA et tout repose sur le dos des populations. Pour des examens d’échographie, les femmes enceintes font le déplacement vers Bakel ou Ourossogui. Une situation déplorable », indique-t-il. Avant d’inviter l’Etat du Sénégal à revoir sa copie.

Créer des emplois pour fermer la voie du Nicaragua

Dans cette partie de la Vallée du fleuve Sénégal, les maladies endémiques comme la bilharziose sont récurrentes vu les liens que les populations ont avec l’eau du fleuve et celle des pluies, surtout en cette période de l’hivernage. Au-delà de l’aspect sanitaire, des migrants de retour, en l’occurrence Abdoul Dia, un jeune de 32 ans, a investi dans le transport et ouvert une boulangerie pour alimenter Lobaaly et les villages environnants en pain. Selon lui, c’est une manière de lutter contre le chômage des jeunes et de stopper l’émigration clandestine dans une zone où le Nicaragua est sur toutes les lèvres, la nouvelle voie pour entrer aux Etats-Unis.

 

Amadou Oumar DIALLO (Correspondant à Ma

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