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Présidentielle 2024 : Amadou Ba, 2 ans d’attente

Son bilan à la tête du pays peut ne pas faire l’unanimité, tout comme sa façon de gouverner, mais une chose reste certaine : le génie politique de Macky Sall n’est plus à démontrer. Depuis longtemps, il déroule un plan qui a perdu bien de monde. Il a ôté à l’opposition son argument majeur en renonçant à se représenter. Et en désignant son successeur, il s’est assuré de réduire toute vélléité de rébellion dans son camp. De son côté, Amadou Ba agit depuis 2 ans au moins comme s’il était dans le secret du prince et se savait désigné futur candidat, et se préparait en conséquence. 

Par Malick GAYE – La désignation du candidat de Benno bokk yaakaar a tenu en haleine l’opinion pendant des mois. Dans une adresse à la Nation, Macky Sall, qui avait renoncé à se représenter à la Présidentielle de 2024, avait promis une consultation pour désigner le candidat de la majorité. Le Quotidien peut démontrer que c’était une stratégie pour mieux débusquer les foyers internes de tension afin de les contrôler, car le leader de Benno avait déjà son candidat. Pour preuve, 12 jours après les élections législatives, le nom de domaine amadouba2024.com a été créé. Ce qui prouve que l’actuel Premier ministre était au courant du choix de Macky pour 2024, au point de se préparer en conséquence. Il faut néanmoins noter qu’une fois ce site rendu public, l’intéressé, qui n’était pas encore officiellement désigné, s’était empressé de le dénoncer, comme «un fake», en l’imputant à des personnes qui ne lui voulaient pas de bien. Il n’empêche qu’au vu de l’évolution des choses, on peut se demander comment interpréter tout le processus qui a abouti à sa désignation officielle.

Il faut se rappeler qu’à cette période, la percée de l’opposition, conséquence d’une bipolarisation de la scène politique, menaçait sérieusement le pays d’une cohabitation à l’Assemblée nationale. Il fallait reprendre la main pour la majorité ou préparer ses bagages pour retourner dans l’opposition en 2024. En acceptant de ne point se présenter, Macky Sall redevient le maître du jeu en ôtant à l’opposition l’essence de son ascension, qui a été la question de la 3ème candidature.

Il a appliqué à la lettre les conseils de Robert Greene dans son livre Power : les 48 lois du pouvoir. Dans la loi 3, l’écrivain américain affirme ceci : «Maintenez votre entourage dans l’incertitude et le flou en ne révélant jamais le but qui se cache derrière vos actions. S’ils n’ont aucune idée de ce que vous prévoyez, ils ne pourront pas préparer la défense. Guidez-les assez loin dans une autre direction, enveloppez-les d’un écran de fumée et quand ils perceront à jour vos desseins, il sera trop tard.» Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Daouda Diallo et Mame Boye Diao ne diront pas le contraire. Croyant que Macky Sall allait se présenter pour 2024, ces derniers n’ont pas jugé nécessaire de s’écarter du pouvoir pour préparer la Présidentielle. Ce qui n’a pas été le cas de Amadou Ba qui a eu, au moins, deux années pour se préparer en secret. Cette stratégie a le mérite de réduire grandement la capacité de nuisance des candidats à la candidature de Bby par défaut de temps. A cet effet, ceux qui pouvaient jouer aux trouble-fête dans la majorité sont obligés de se positionner derrière Amadou Ba. Le risque est trop grand et le temps quasi nul pour faire cavalier seul. Pour conserver leur poste, il est certain qu’ils vont se donner corps et âme pour y parvenir. Bien qu’une rébellion soit dans l’ordre naturel des choses, Macky Sall s’est assuré, au préalable, que celle-ci soit pratiquement sans grande conséquence. Et il faut comparer l’électorat des rebelles au fichier national pour s’en persuader. C’est à coup sûr moins de 5% du fichier. Avec la majorité silencieuse, ce gap est largement compensé. Cependant, l’opposition réunie, qui n’a pas su battre le pouvoir aux dernières élections législatives, devra se trouver un nouvel argument de campagne. La question de la 3ème candidature n’étant plus d’actualité, tout comme une union sacrée, avec la dislocation de Yaw, elle devra réaliser un exploit pour gagner au soir du 25 février 2024. La politique est un art, la fougue, l’inintelligence situationnelle n’y ont pas leur place. Une élection se prépare des années durant.

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