POLITIQUE
Navigation – Réalisation du corridor Praia-Dakar-Abidjan : La mer à boire pour la Cedeao
La construction des deux principaux corridors maritimes, Lagos-Abidjan et Abidjan-Dakar-Praia, qui relieront les pays de la Cedeao, progresse lentement ; ce qui pourrait être l’un des facteurs retardant une intégration régionale rapide et efficace. C’est l’impression qui se dégage d’une réunion qui s’est tenue hier à Praia entre le ministre de l’Intégration régionale du Cap-Vert, Rui Figueiredo Soares, et le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray. Il a assuré que le premier corridor pourrait être finalisé l’année prochaine, tandis que le second attend encore des études plus approfondies. A cet égard, le ministre cap-verdien Rui Figueiredo a demandé une «attention particulière» de la communauté, notamment parce que, a-t-il souligné, «l’intégration ne se fait pas seulement par des déclarations politiques ou par le paiement de taxes communautaires», mais essentiellement «par la connexion entre les différents peuples».
Par Arlinda NEVES (correspondante particulière) – C’est un projet qui tarde à se réaliser : alors que depuis 2017, les chefs d’Etat ouest-africains ont signé un traité visant à construire une autoroute de 3500 km reliant Dakar à Abidjan, à développer un réseau ferroviaire sur l’ensemble du corridor et à construire une ligne maritime entre Praia et Dakar. Cependant, il semble que les deux principaux corridors n’avancent que lentement. C’est pourquoi le sujet est revenu sur le tapis lors de la rencontre entre Rui Figueiredo, ministre des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration régionale du Cap-Vert, et Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Cedeao. «Comme vous le savez, la Cedeao a deux corridors principaux. Le premier Lagos-Abidjan, le second Abidjan-Praia, via Banjul et Dakar. Nous sommes actuellement dans la première phase du premier corridor, qui est à un stade très avancé de mise en œuvre et pourrait être achevé d’ici l’année prochaine. De cette manière, je pense que nous pourrons nous consacrer au véritable développement du marché sous-régional. La deuxième phase est le corridor Praia-Abidjan, et nous allons bientôt commencer à approfondir nos études à ce sujet», a-t-il déclaré, accompagné du commissaire aux infrastructures et à l’énergie de la Cedeao. Omar Alieu Touray a également souligné l’importance du Cap-Vert dans ce processus puisque Praia, comme Dakar, accueillera cet imposant projet qui couvrira huit pays, à savoir le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Guinée Cona-kry, la Sierra-Leone, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Gambie et le Sénégal. Il permettra de promouvoir le développement économique et de lutter contre la pauvreté dans la région. La mise en œuvre du projet doit-elle être améliorée ? C’est en tout cas ce qu’a indiqué le ministre cap-verdien Rui Figueiredo lors de son intervention à la conférence de presse qui a suivi la réunion avec la Cedeao. «La question des connexions maritimes est fondamentale, notamment parce que nous [le Cap-Vert], en tant qu’Etat insulaire et archipélagique, voulons définir ce que nous voulons comme intégration», dit-il. Il ajoute : «l’intégration ne se fait pas seulement par des déclarations politiques, ni par le paiement de taxes communautaires, ni par le partage d’expériences en termes de démocratie, de stabilité, d’Etat de Droit et de respect des droits de l’Homme. L’intervention se fait aussi et essentiellement par la mise en relation des différents peuples», note le ministre capverdien des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration régionale.
Les corridors maritimes, la clé pour accélérer une intégration régionale efficace
En plus, cela est possible. «Si nous parvenons à reprendre les corridors qui existaient déjà, le transport maritime, et à renforcer le transport aérien, qui est aujourd’hui bien meilleur avec le continent africain. Pour cela, comme je l’ai déjà dit, nous aurons vraiment besoin de cette interconnexion du transport maritime», a souligné Rui Figueiredo. Dans ce sens, il a demandé à la Cedeao «d’accorder une attention particulière à ce corridor afin que le Cap-Vert, et au-delà, puisse bénéficier des investissements réalisés dans cette région». Au cours de la conférence de presse, Rui Figueiredo, qui était accompagné de Omar Alieu Touray, a également abordé la question de la dette de 30 mille dollars du Cap-Vert envers la Cedeao, au cours de laquelle les deux parties se sont engagées à élaborer un plan «conjoint et sérieux» pour un paiement échelonné. Après sa rencontre avec Rui Figueiredo, Omar Alieu Touray a également rendu visite au Premier ministre capverdien, Ulisses Correia Silva, avec lequel il a assisté à la cérémonie d’inauguration du nouveau siège du Centre de la Cedeao pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, dans le quartier d’Achada Santo António de Praia. Omar Alieu Touray terminera aujourd’hui sa visite de trois jours dans la capitale capverdienne, où se tiennent en même temps la 8e édition du Forum de l’énergie durable (Esef) et la 4e édition de la Foire internationale des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique du Cap-Vert (Fieree).