SOCIETE

Reportage – Désensablement des rues à Ziguinchor : Business lucratif !

Le désensablement des rues après la pluie est un acte citoyen à Ziguinchor. Mais, c’est surtout une activité génératrice de revenus, poussant les hommes et les enfants à s’y adonner dans plusieurs quartiers de la commune. Au-delà des ramasseurs de sable, les maçons et propriétaires de maison y trouvent leur compte. Ce sable, plus abordable que celui des carrières, offre des garanties de solidité et de résistance aux bâtiments. Aussi, l’activité soulage les riverains en rendant fluide la circulation des motos, véhicules et même des piétons.

Par Khady SONKO – A Ziguinchor, le désensablement des rues est un acte citoyen qui a fini de devenir une activité d’après-pluie. Elle fait des fortunés dans plusieurs quartiers de la commune où les hommes, les enfants et même des femmes s’adonnent à l’activité. Avec le ruissellement des eaux de pluie, le sable s’accumule de manière excessive sur certaines ruelles, rues, chaussées de la commune de Ziguinchor. Ce qui rend ainsi difficile leur accès. Cependant, cette masse d’alluvion constitue une véritable aubaine pour certaines personnes, qui transforment ces obstacles à la circulation en opportunités et se font de l’argent. En fait, le ruissellement des eaux entraîne des tonnes de sable qui échouent sur les coins, au niveau des trottoirs et dans des caniveaux dans beaucoup de quartiers de la commune de Ziguinchor.

Aujourd’hui, il est devenu banal de dépasser des gros bras en train de pelleter le sable pour remplir leurs charrettes. Les coins les plus recherchés sont les croisements sablonneux, là où les ruelles débouchent sur des routes goudronnées ou pavées. A ces endroits-là, le sable prisé par les connaisseurs s’amoncelle. Les opérations de désensablement, menées par des volontaires, sont à l’origine des tas de sable visibles sur les abords des routes. Ils font partie du décor dans les quartiers de Soucoupapaye, Lindiane, Colobane, Kandé, Kantène. Parfois c’est du sable détrempé, parfois la dune de sable douchée date de plusieurs mois.

Moussa Barro peut être fier d’être l’initiateur de cette activité lucrative qu’il pratique depuis maintenant 10 ans. Mais, au début, Moussa ne vendait pas ce sable. L’artiste, qui est né et a grandi dans le coin, était guidé par son amour pour le quartier. «Je désensablais chaque aube, au point que les passants pensaient que la mairie me payait. C’était juste pour faciliter la circulation et rendre le coin propre», se souvient M. Barro.

A l’époque, ce sable servait à remblayer sa cour. Une partie de sa demeure même est faite grâce à ce matériau. Au fil du temps, l’argent s’est ajouté à l’acte citoyen de l’artiste-électricien en bâtiment. Il raconte : «Un jour, un gars m’a dit qu’il avait besoin de ce sable et m’a proposé de me l’acheter. C’est comme ça que j’ai commencé ce commerce. On vend le camion de 16 m3 à 40 mille francs Cfa. C’est une bonne affaire, mais ce n’est pas facile. Il faut être débrouillard pour le faire.» «Je le fais parce que je tiens à la propreté de notre habitat. Je ne le faisais pas pour l’argent, ni pour la mairie. Je ramassais les papiers, sachets et puis je balayais d’ici jusque là-bas tôt le matin, chaque jour», explique Moussa Barro. Cela a fait des émules. Aujourd’hui, beaucoup de gens s’adonnent à l’activité pendant l’hivernage. Si lui vend au jour le jour, d’autres stockent leur sable et attendent la fin de l’hivernage. «Le prix est plus intéressant pendant la saison sèche», confie M. Barro.

Les gamins ne sont pas en reste dans cette activité. Eux, ils ne sont pas guidés par le cachet citoyen qui entourerait cette activité. Il n’y a que les sous que cela peut générer qui les intéressent. «Ces tas de sable appartiennent à nos enfants, mais là, ils sont partis à l’école. Grâce à la pluie, ils se font de l’argent pendant les vacances», a confié une mère qui tient une table de légumes à Soukoupapaye. Pour prospérer dans ce commerce, il faut affronter la boue, ou comme qui dirait, «il faut battre le fer quand il est encore chaud». L’assemblage se fait juste après la pluie. Sinon la concurrence risque de passer et récupérer la matière.

Une bonne matière prisée par les bâtisseurs
Les partenaires des rassembleurs de sable sont les maçons, opérateurs dans le domaine du bâtiment ou les gens qui construisent. «C’est un sable de qualité pour la construction de bâtiments. Les briques de ce sable sont les meilleures. C’est encore plus intéressant quand on l’utilise pour la construction et le coulage», affirme ce maçon à l’œuvre au quartier Soucoupapaye de Ziguinchor. Du haut du niveau 1 du bâtiment, Souleymane Ndiaye, truelle à la main, les habits entachés du ciment mélangé au sable, témoigne : «J’ai construit toute cette partie du bâtiment avec ce sable. Des briques au coulage, j’ai utilisé ce sable qui rend la construction plus solide et résistante. Même pour le lissage de l’ensemble de la maison, j’utilise ce sable.» Son fournisseur est juste à côté, Moussa Barro, l’initiateur de ce commerce. Un autre client de M. Barro explique son choix de ce sable : «il est de meilleure qualité que le sable de carrière. En plus, c’est plus accessible quand on a de petits travaux à la maison qui ne nécessitent pas beaucoup de sable. Un ou deux chargements de «Taf-taf» feront l’affaire pour moi», dit-il sous l’anonymat.

La bénédiction des riverains des coins sablonneux
Armés de pelles, une bande de garçons chargent un tricycle communément appelé ici «Taf-taf». Le chargement est à 3 mille francs Cfa et la livraison à 2 mille. Contrairement aux autres coins, ici, il ne s’agit pas de rue goudronnée, ni pavée. C’est plutôt une ruelle sablonneuse, qui est un passage des eaux de pluie. «Nous n’enlevons que le surplus de sable pour faciliter la circulation. Mais nous y trouvons notre compte puisque nous vendons ce sable», fait savoir un des jeunes à l’œuvre. Selon les riverains, les ramasseurs n’agressent pas leur environnement. Mais il faut les avoir à l’œil. «S’ils enlèvent le surplus de sable, cela nous soulage beaucoup. Mais si on les laisse faire selon leur volonté, ils risquent de creuser nos routes et nous créer encore d’autres problèmes. Voilà pourquoi nous les surveillons», dit une dame qui demande à la mairie de leur venir en aide. «Pendant l’hivernage, les taximen n’entrent pas jusqu’ici, parce qu’il y a trop d’eau. Pendant la saison sèche, ils refusent d’y venir parce qu’il y a trop de sable. Nous sommes vraiment fatigués, nous avons besoin de routes goudronnées. Que la mairie pense à nous», plaide Mme Ba. Une autre ruelle sablonneuse sépare les quartiers Belfort et Tilène. Ici aussi, l’activité des ramasseurs de sable est bénie par les habitants. «Ces garçons nous arrangent d’une part parce que quand va arriver la saison sèche, cette partie où ils travaillent va être remplie de sable. Alors les taximen refuseront de venir ici. Ils refusent également de passer ici pendant l’hivernage à cause de l’eau et du sable. Mais si on les laisse enlever du sable à leur guise, cela risque d’être un caniveau», témoigne Khady Ba qui habite ce quartier depuis 14 ans.

Les tricycles se frottent les mains
Ce matin, Oumar Diallo, conducteur d’un tricycle communément appelé «Taf-taf», a des commandes à satisfaire. Il explique : «J’achète pour mon client. Il paie le chargement à 3 mille et moi je l’achemine chez lui. A Chaque voyage, il me paie 2000 francs Cfa. Il a besoin d’une grande quantité de sable, des tonnes. Je risque de faire ça toute la journée, tant qu’il y a du sable.» Comme Oumar Diallo, on croise dans la circulation beaucoup de tricycles chargés de sable en cette matinée.

Au quartier de Kandé, même décor en cette matinée, avec un temps plutôt doux par rapport à la veille. Ici, c’est un adolescent qui dirige les travaux. Aziz (nom d’emprunt) supervise la bande de ramasseurs qui chargent un «Taf-taf». «C’est le troisième chargement. Mon domaine s’étend jusqu’au rond-point de Kandé, là-bas. C’est un travail dur, mais on y gagne de l’argent.

Je vends le chargement à 2 mille 500 francs Cfa. Par jour, je peux faire 5 à 6 chargements, selon l’intensité de chaque grande pluie. Parfois je travaille sur commande, parfois non», indique Aziz.

Aujourd’hui, même les femmes s’adonnent à l’activité commerciale. Le prix des chargements de «Taf-taf» et des camions de sable de la rue montent au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’hivernage, allant ainsi de 2 mille 500 à 5 mille francs Cfa, et à partir de 45 mille pour les camions.

A Ziguinchor, le désensablement des rues est un acte citoyen qui a fini de devenir une activité d’après-pluie. Elle fait des fortunés dans plusieurs quartiers de la commune où les hommes, les enfants et même des femmes s’adonnent à l’activité. Avec le ruissellement des eaux de pluie, le sable s’accumule de manière excessive sur certaines ruelles, rues, chaussées de la commune de Ziguinchor. Ce qui rend ainsi difficile leur accès. Cependant, cette masse d’alluvion constitue une véritable aubaine pour certaines personnes, qui transforment ces obstacles à la circulation en opportunités et se font de l’argent. En fait, le ruissellement des eaux entraîne des tonnes de sable qui échouent sur les coins, au niveau des trottoirs et dans des caniveaux dans beaucoup de quartiers de la commune de Ziguinchor.

Aujourd’hui, il est devenu banal de dépasser des gros bras en train de pelleter le sable pour remplir leurs charrettes. Les coins les plus recherchés sont les croisements sablonneux, là où les ruelles débouchent sur des routes goudronnées ou pavées. A ces endroits-là, le sable prisé par les connaisseurs s’amoncelle. Les opérations de désensablement, menées par des volontaires, sont à l’origine des tas de sable visibles sur les abords des routes. Ils font partie du décor dans les quartiers de Soucoupapaye, Lindiane, Colobane, Kandé, Kantène. Parfois c’est du sable détrempé, parfois la dune de sable douchée date de plusieurs mois.

Moussa Barro peut être fier d’être l’initiateur de cette activité lucrative qu’il pratique depuis maintenant 10 ans. Mais, au début, Moussa ne vendait pas ce sable. L’artiste, qui est né et a grandi dans le coin, était guidé par son amour pour le quartier. «Je désensablais chaque aube, au point que les passants pensaient que la mairie me payait. C’était juste pour faciliter la circulation et rendre le coin propre», se souvient M. Barro.

A l’époque, ce sable servait à remblayer sa cour. Une partie de sa demeure même est faite grâce à ce matériau. Au fil du temps, l’argent s’est ajouté à l’acte citoyen de l’artiste-électricien en bâtiment. Il raconte : «Un jour, un gars m’a dit qu’il avait besoin de ce sable et m’a proposé de me l’acheter. C’est comme ça que j’ai commencé ce commerce. On vend le camion de 16 m3 à 40 mille francs Cfa. C’est une bonne affaire, mais ce n’est pas facile. Il faut être débrouillard pour le faire.» «Je le fais parce que je tiens à la propreté de notre habitat. Je ne le faisais pas pour l’argent, ni pour la mairie. Je ramassais les papiers, sachets et puis je balayais d’ici jusque là-bas tôt le matin, chaque jour», explique Moussa Barro. Cela a fait des émules. Aujourd’hui, beaucoup de gens s’adonnent à l’activité pendant l’hivernage. Si lui vend au jour le jour, d’autres stockent leur sable et attendent la fin de l’hivernage. «Le prix est plus intéressant pendant la saison sèche», confie M. Barro.

Les gamins ne sont pas en reste dans cette activité. Eux, ils ne sont pas guidés par le cachet citoyen qui entourerait cette activité. Il n’y a que les sous que cela peut générer qui les intéressent. «Ces tas de sable appartiennent à nos enfants, mais là, ils sont partis à l’école. Grâce à la pluie, ils se font de l’argent pendant les vacances», a confié une mère qui tient une table de légumes à Soukoupapaye. Pour prospérer dans ce commerce, il faut affronter la boue, ou comme qui dirait, «il faut battre le fer quand il est encore chaud». L’assemblage se fait juste après la pluie. Sinon la concurrence risque de passer et récupérer la matière.

Une bonne matière prisée par les bâtisseurs
Les partenaires des rassembleurs de sable sont les maçons, opérateurs dans le domaine du bâtiment ou les gens qui construisent. «C’est un sable de qualité pour la construction de bâtiments. Les briques de ce sable sont les meilleures. C’est encore plus intéressant quand on l’utilise pour la construction et le coulage», affirme ce maçon à l’œuvre au quartier Soucoupapaye de Ziguinchor. Du haut du niveau 1 du bâtiment, Souleymane Ndiaye, truelle à la main, les habits entachés du ciment mélangé au sable, témoigne : «J’ai construit toute cette partie du bâtiment avec ce sable. Des briques au coulage, j’ai utilisé ce sable qui rend la construction plus solide et résistante. Même pour le lissage de l’ensemble de la maison, j’utilise ce sable.» Son fournisseur est juste à côté, Moussa Barro, l’initiateur de ce commerce. Un autre client de M. Barro explique son choix de ce sable : «il est de meilleure qualité que le sable de carrière. En plus, c’est plus accessible quand on a de petits travaux à la maison qui ne nécessitent pas beaucoup de sable. Un ou deux chargements de «Taf-taf» feront l’affaire pour moi», dit-il sous l’anonymat.

La bénédiction des riverains des coins sablonneux
Armés de pelles, une bande de garçons chargent un tricycle communément appelé ici «Taf-taf». Le chargement est à 3 mille francs Cfa et la livraison à 2 mille. Contrairement aux autres coins, ici, il ne s’agit pas de rue goudronnée, ni pavée. C’est plutôt une ruelle sablonneuse, qui est un passage des eaux de pluie. «Nous n’enlevons que le surplus de sable pour faciliter la circulation. Mais nous y trouvons notre compte puisque nous vendons ce sable», fait savoir un des jeunes à l’œuvre. Selon les riverains, les ramasseurs n’agressent pas leur environnement. Mais il faut les avoir à l’œil. «S’ils enlèvent le surplus de sable, cela nous soulage beaucoup. Mais si on les laisse faire selon leur volonté, ils risquent de creuser nos routes et nous créer encore d’autres problèmes. Voilà pourquoi nous les surveillons», dit une dame qui demande à la mairie de leur venir en aide. «Pendant l’hivernage, les taximen n’entrent pas jusqu’ici, parce qu’il y a trop d’eau. Pendant la saison sèche, ils refusent d’y venir parce qu’il y a trop de sable. Nous sommes vraiment fatigués, nous avons besoin de routes goudronnées. Que la mairie pense à nous», plaide Mme Ba. Une autre ruelle sablonneuse sépare les quartiers Belfort et Tilène. Ici aussi, l’activité des ramasseurs de sable est bénie par les habitants. «Ces garçons nous arrangent d’une part parce que quand va arriver la saison sèche, cette partie où ils travaillent va être remplie de sable. Alors les taximen refuseront de venir ici. Ils refusent également de passer ici pendant l’hivernage à cause de l’eau et du sable. Mais si on les laisse enlever du sable à leur guise, cela risque d’être un caniveau», témoigne Khady Ba qui habite ce quartier depuis 14 ans.

Les tricycles se frottent les mains
Ce matin, Oumar Diallo, conducteur d’un tricycle communément appelé «Taf-taf», a des commandes à satisfaire. Il explique : «J’achète pour mon client. Il paie le chargement à 3 mille et moi je l’achemine chez lui. A Chaque voyage, il me paie 2000 francs Cfa. Il a besoin d’une grande quantité de sable, des tonnes. Je risque de faire ça toute la journée, tant qu’il y a du sable.» Comme Oumar Diallo, on croise dans la circulation beaucoup de tricycles chargés de sable en cette matinée.

Au quartier de Kandé, même décor en cette matinée, avec un temps plutôt doux par rapport à la veille. Ici, c’est un adolescent qui dirige les travaux. Aziz (nom d’emprunt) supervise la bande de ramasseurs qui chargent un «Taf-taf». «C’est le troisième chargement. Mon domaine s’étend jusqu’au rond-point de Kandé, là-bas. C’est un travail dur, mais on y gagne de l’argent.

Je vends le chargement à 2 mille 500 francs Cfa. Par jour, je peux faire 5 à 6 chargements, selon l’intensité de chaque grande pluie. Parfois je travaille sur commande, parfois non», indique Aziz.

Aujourd’hui, même les femmes s’adonnent à l’activité commerciale. Le prix des chargements de «Taf-taf» et des camions de sable de la rue montent au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’hivernage, allant ainsi de 2 mille 500 à 5 mille francs Cfa, et à partir de 45 mille pour les camions.

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