Le Sénégal prévoit de produire 1, 7 million de tonnes d’arachide en 2024. Les producteurs ne pourront pas prendre le kilogramme en deçà de 280 francs, qui est le prix plancher. Le gouvernement a pris la décision de payer les arriérés de factures des opérateurs de 2022 et 2023.
Par Malick GAYE
1, 7 million de tonnes ! C’est ce que le Sénégal ambitionne de produire en arachide pour 2024. Le Premier ministre l’a annoncé hier, lors d’un Conseil interministériel sur les préparatifs de la campagne arachidière 2023-2024 qui va commencer le 30 novembre. Ainsi, le prix plancher a été fixé à 280 francs le kilogramme d’arachide.
Amadou Ba estime que le régime en place a fait un bond considérable pour le développement de la filière. Il en veut pour preuve l’augmentation «de 30% de la production arachidière entre 2011 et 2022». Il a illustré sa déclaration par ces propos : «Pour la campagne 2023-2024, le gouvernement a alloué un budget de 100 milliards de francs dont 28 milliards pour la subvention des semences d’arachide, contre 14 milliards lors de la campagne précédente. Cette subvention a permis la mise en place de 86 000 tonnes de semences d’arachide dont 70% sont certifiés pour toutes les variétés et catégories confondues. En plus, la quantité d’engrais pour la culture de l’arachide a augmenté de 28% en 2023 par rapport à la moyenne des cinq dernières années.»
Dans la même logique, le ministre de l’Agriculture a annoncé 10 mesures pour mener à bien la campagne de cette année. Il s’agit de l’accord sur le prix plancher, la date de démarrage de la campagne. Samba Ndiobène Kâ a surtout insisté sur le paiement des arriérés de factures des opérateurs. Car, a-t-il estimé, le règlement des factures des opérateurs pour les campagnes 2021-2022 et 2022-2023 est un impératif pour une bonne campagne de commercialisation. «Cela permettra aux opérateurs de disposer de ressources financières pour les paiements aux producteurs après les livraisons des graines aux points de collecte et d’éviter le phénomène des bons impayés connu avant 2012», a-t-il assuré. Et dans le but de faciliter l’accès des opérateurs aux financements pour la collecte des semences de leurs contractuels, une notification des lettres de constitution de stock de semences certifiées a été proposée.
La question sera de savoir si des acteurs extérieurs ne viendront pas perturber cette machine en proposant aux paysans des prix plus attractifs que le tarif fixé par l’Etat. Cela risquerait alors de priver les industriels locaux de matières premières.
Parmi les mesures pour une bonne campagne arachidière, la réactualisation du comité de suivi a été mise sur la table. Le ministre de l’Agriculture a annoncé la volonté du gouvernement d’encadrer la collecte des graines destinées à l’exportation. «Pour la préservation de la bonne image de notre arachide et éviter des rejets sur les marchés extérieurs, il est prévu, en relation avec tous les acteurs (Administration, exportateurs, producteurs), un renforcement du contrôle de la qualité des graines et des milieux de stockage», a-t-il expliqué. Le gouvernement compte appliquer l’interdiction d’exportation des semences d’arachide, conformément au décret n°2010-15 du 13 janvier 2010 et le protocole d’accord relatif aux exigences phytosanitaires de l’arachide du Sénégal vers la Chine.
Cette mesure va permettre de préserver le capital semencier et les performances agricoles de la filière. Et c’est aussi, même si cela n’est pas dit de façon claire, une manière de veiller à ce que les graines en provenance du Sénégal ne soient pas mises à l’index, comme cela a été le cas l’année dernière, du fait de mauvaises conditions de stockage et des traces d’aflatoxine que les Chinois disaient avoir repérées dans les stocks exportés sur leur territoire.
C’est ainsi que, pour cette campagne arachidière, les Forces de sécurité vont jouer leur rôle en renforçant la surveillance aux frontières. «Pour sécuriser les matières premières, une surveillance accrue des frontières permettrait de s’assurer que les exportations de graines répondent aux normes établies», a détaillé le ministre de l’Agriculture. Les usines et unités de transformation vont être relancées. La dernière mesure consiste à encadrer la période de collecte des exportations. Pour éviter toute perturbation des disponibilités en semences, il a été proposé que l’autorisation d’exporter des arachides soit limitée à la période du 30 décembre 2023 au 30 avril 2024, pour tirer ainsi la leçon de la campagne 2022-2023.