POLITIQUE
ORGANISER LE DIALOGUE, LA DERNIÈRE CHANCE (PAR ALIOUNE TINE)
Il faut absolument s’arrêter, décrisper, apaiser et organiser le dialogue de la dernière chance pour apurer pacifiquement avec lucidité et responsabilité les contentieux pré-électoraux qui agitent en permanence le champ politique et social sénégalais et qui risquent d’entrainer un processus électoral toxique de la présidentielle de 2024.
Les Sénégalais n’ont jamais vécu un processus présidentiel, si tendu, si violent et si marqué de façon continue par la série noire des contentieux sur l’éligibilité, depuis mars 2021.
Le seul point positif qui permet encore de croire à la possibilité d’une résilience démocratique, c’est la focalisation sur le débat juridique, le dynamisme du débat politique par sa diversité, sa force et sa pertinence : c’est une forme d’évaluation critique de la démocratie, de l’Etat de droit et du suffrage universel.
Le droit, la justice et la régulation électorale n’arrivent plus à régler les contentieux, les malentendus, les divergences politiques profondes qu’on a tendance à réguler par la violence et par la force (violence d’Etat vs violence de la rue), qui ne règlent rien dans la durée sinon installer le pays dans le surplace, la régression et le régime de l’incertain, dans un contexte géopolitique mondial et régional marqué par les conflits et le désordre.
La solution salvatrice c’est le dialogue de la dernière chance. Aujourd’hui, le président de la République Macky Sall doit absolument créer les conditions d’une présidentielle transparente, apaisée et inclusive en prenant des initiatives inédites sur le processus électoral en cours car le président doit imprimer sa marque et sa sortie par des initiatives démocratiques hardies en continuité de l’évolution de l’histoire politique et démocratique du Sénégal. Il est temps de rassurer le Sénégal et l’Afrique sur les capacités de résilience politique et démocratique du pays et d’éviter le basculement vers l’indignité que tout le monde créé en ce moment. Il est temps de mettre un terme sur les controverses sans fin sur processus électoral de la présidentielle de 2024.
Il faut absolument apaiser, décrisper et créer les conditions de succès du dialogue de la dernière chance par des mesures politiques audacieuses qui permettent de réconcilier les sénégalais avec la politique et avec leur Président.
L’autre décision pour apaiser et restaurer la confiance en l’Etat et aux autorités, c’est de traiter sans délai et avec lucidité la défiance de la jeunesse par rapport aux capacités du pays à leur offrir un rêve, un avenir au Sénégal en dépit des promesses de prospérité du pétrole et du gaz.
L’Etat semble tétanisé et impuissant face au phénomène de l’exode massif des jeunes vers l’Europe et les USA, ce qui nous interpelle en tant qu’Etat, citoyens et parents. En aucun cas, cette situation ne doit être politisée car c’est par une réflexion collective, lucide et sereine qu’on pourrait la régler.
Pour la stabilité du pays dans la durée et pour sortir des impasses, et traverser et résoudre les difficultés ensemble afin de montrer que le Sénégal n’a rien perdu de ses capacités de résilience, de ressaisissement, de remise en question, d’introspection, de prospection, de capacité de restauration de la dignité nationale, de la confiance et de la concorde nationale, envisager sans délai un dialogue de la dernière chance pour nous prémunir des menaces complexes et souvent imprévisibles auxquelles il faut faire face en se serrant les coudes : faire nation et faire humanité.