SOCIETE

Afterwork – Performance artistique : «Du Bénn» conscientise sur l’émigration irrégulière

Le Collectif artistique «Du Bénn» a organisé un Afterwork mercredi dernier, avec en clôture une performance artistique qui a abouti à une œuvre qui parle de l’émigration irrégulière. Par cette œuvre, les membres dudit collectif, qui sont des amis, et tous issus de l’Ecole nationale des arts de Dakar, jouent leur partition pour conscientiser les jeunes à rester chez eux en leur proposant un avenir prometteur au Sénégal.

Par Amadou MBODJI – Ne dit-on pas que l’art est thérapeutique, il soulage le stress. Mais ce qu’il faut savoir c’est aussi que les artistes sont des éducateurs. Le collectif Du Bénn, composé de six artistes que sont Assane Sarr, Pape Djibril Diop, Baye Réné Gomis, Baye Djiby Ndiaye, Ousseynou Ba et Moustapha Badiane qui se sont mis dans la peau d’un éducateur pour partager les bonnes paroles en vue de mieux convaincre la jeunesse de se détourner de l’émigration irrégulière en leur proposant un avenir meilleur au Sénégal. «A travers cette performance, l’émigration irrégulière, on peut dire que c’est un thème d’actualité et nous avons les jeunes devant nous, on doit les inculquer cette valeur intrinsèque qui symbolise, du moins qui est l’ancrage. Ancrage en deux termes, c’est-à-dire s’ancrer au niveau de nos valeurs originelles, ancrage aussi, tout le monde connaît l’ancre. L’ancre pour les bateaux. Donc c’est une façon de retenir les jeunes, les retenir en leur proposant quoi ? En leur proposant le savoir. En leur proposant quoi ? En leur proposant un avenir meilleur», explique Moustapha Badiane, membre du collectif Du Bénn, lors d’un Aftework artistique dénommé «Demb Ak Tay (Hier et Aujourd’hui)». Il veut les projeter dans un avenir moins anxiogène avec des perspectives plus réjouissantes qui s’offrent à eux. «Tout le monde sait aujourd’hui que le Sénégal sera bientôt un pays producteur de pétrole. Tout le monde sait qu’il y a beaucoup de chantiers qui se profilent à l’horizon, et espérons que ça va profiter aux jeunes. Ils vont trouver du travail ici, ils vont travailler ici parce que, nous tous, beaucoup d’entre nous qui ont eu à voyager, à voir ce qui se passe ailleurs, si on travaille ici dans ce pays, on pourra gagner notre vie et ne pas aller quémander et voir ailleurs si je peux le dire ainsi», fait-il savoir. Ce collectif tenait, mercredi dernier au Grand Théâtre, une «expérience immersive mêlant exposition, table ronde, atelier interactif et dégustation, offrant une exploration dynamique et faisant découvrir l’évolution du groupe depuis sa création».

Revenant sur la genèse du collectif Du Bénn, il faut signaler qu’il remonte à plus d’une dizaine d’années d’existence et regroupe six amis qui partagent l’art comme passion. «Ça fait presque dix ans qu’on est ensemble ou bien plus, onze ans. Parce qu’on a débuté en 2012 avec une exposition au niveau du Centre culturel Blaise Senghor et depuis lors, on travaille à chaque événement culturel national, nous travaillons et voulons marquer notre empreinte à travers ces événements-là», affirme M. Badiane.

Exploitation du pétrole et du gaz
Regroupant d’anciens étudiants de l’Ecole nationale des arts de Dakar, issus des promotions 2004-2008 et 2007-2011, les membres dudit collectif détaillent leurs particularités : une amitié née dans les salles de classe. «Ce n’est pas un groupe fermé. Certes, c’est un groupe d’amis, on a commencé depuis l’Ecole nationale des arts en essayant de collaborer et en essayant d’échanger, en essayant de se bonifier ensemble, c’est comme ça qu’on a eu à travailler. Ce sont des sensibilités qui sont pratiquement les mêmes, et on ne voudrait pas qu’un intrus vienne gâter tout ce qu’on a érigé en tant que groupe», argue Moustapha Badiane. Du Bénn c’est «la diversité». «C’est une façon de montrer qu’il y a une différence, et dans cette différence, on parvient à se singulariser, à se mouler dans un collectif bien particulier, pour dire que notre groupe déjà nous identifie», dit-il. «Je pense que cela doit avoir un impact, surtout sur les jeunes. Il y a les jeunes de l’Ecole nationale des arts qui sont actuellement en formation, qui sont là. Il y des jeunes de l’Ecole hôtelière et tout le monde sait qu’il y a ce qu’on appelle l’art culinaire. Dans la mesure où il y a tous ces jeunes qui sont dans ces écoles, on veut aussi qu’ils s’inspirent de notre démarche. Et notre démarche consiste à faire vivre, à faire revivre, du moins la dynamique créative, pour qu’au moins chacun sorte ce qui est en lui et non pas ce qu’il voit devant lui. Et je pense nous tous ce qui nous singularise c’est cette particularité-là. L’artiste doit sortir ce qui est en lui et non pas ce qui est devant lui», souligne-t-il. Sans fausse modestie, il ajoute : «Quand vous voyez l’œuvre qu’on a réalisée, ce n’est pas une œuvre qu’on voit partout, chacun a sorti une partie de soi pour que ça soit une œuvre collective et tout le monde s’y identifie. Donc pour vous dire que c’est une façon de pousser les autres à s’inspirer de nous. Les thématiques sont nombreuses, ça montre la diversité. Il y a beaucoup de thématiques dans la mesure où chacun de nous travaille suivant une thématique bien particulière. Par exemple, moi, je suis dans le secteur thématique qu’on peut catégoriser d’ancrage. Ancrage culturel, une façon de se ressourcer, d’avoir un marqueur identitaire par rapport à nos valeurs et nos cultures.

Si on prend Assane, il a sa façon de faire. Si on prend Ba, il a sa façon de faire qui est à lui, qui lui est particulière. Si on prend Pape Djibril Diop pareillement, on prend Baye Réné Gomis, chacun à sa façon de s’exprimer au vrai sens du terme.»

Bande de potes
Comptant sur son art pour «s’évader, libéré de toute contrainte», l’artiste ne pourrait se «fixer de limite», si l’on en croit les animateurs du collectif Du Bénn qui ont en ligne de mire la réalisation d’un film correspondant à leur vision.

Ils disent être dans le domaine du design pour lequel ils espèrent «propulser» le secteur et n’exclut pas d’investir la littérature, qui est le 5ème art. «Avant de produire, souvent il y a toute une littérature qui l’accompagne.

L’art ne peut pas aller sans une littérature à côté», telle est leur conviction.

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