SOCIETE
Bignona – Pour le respect des franchises du lycée : Les professeurs d’Ahoune Sané en grève
Le lycée Ahoune Sané de Bignona a vécu une journée douloureuse le vendredi dernier. Pour cause, les élèves, professeurs et personnels administratifs ont inhalé du gaz lacrymogène, copieusement fourni par des gendarmes. Comme si cela ne suffisait pas, élèves et professeurs ont été malmenés par ces mêmes gendarmes. Pourtant, ni les élèves ni les professeurs du lycée n’étaient en grève. «Les élèves venus d’ailleurs ont jeté des pierres en passant par derrière. Comme ne nous ne pouvions plus maîtriser nos élèves, par mesure de sécurité, nous les avons libérés. Mais les gendarmes qui étaient déjà devant la porte d’entrée du lycée ont interdit aux élèves de sortir», a expliqué Sadibou Diatta. Selon le président de l’Amicale des professeurs du lycée Ahoune Sané de Bignona, s’en est suivie une tension qui est à l’origine du trouble. «Nous avons subitement reçu des grenades lacrymogènes que lançaient les gendarmes. Beaucoup d’élèves sont tombés ici, certains étaient très atteints, on ne peut même pas dire combien d’élèves étaient évanouis. Les professeurs aussi étaient atteints, alors qu’il y en a parmi nous des handicapés, des malades», a regretté M. Sané.
«Nous vivons une situation difficile et nous exigeons que cela s’arrête. Nous ne voulons plus de ça», dénonce-t-il.
A l’en croire, beaucoup d’élèves ont été évacués dans des structures sanitaires, au camp militaire et à la caserne des sapeurs-pompiers. Parmi ces élèves, certains sont dans un état grave. «Leur état de santé s’est dégradé. Nous dénonçons cela», déplore M. Sané.
D’autres élèves en détention auraient été cueillis dans l’enceinte-même du lycée.
«Nous exigeons la libération des élèves arrêtés, ils n’ont rien fait. Ils ne sont ni des criminels ni des bandits, mais des élèves qui ont vécu ici une situation difficile et qui ont voulu sortir du lycée», assure Sadibou Sané.
Pour manifester leur colère, les professeurs ont suspendu les cours hier et aujourd’hui.
Ils demandent par ailleurs à ce que les gendarmes ne soient plus en poste à l’entrée du lycée. «Nous ne sommes pas des prisonniers. L’école, c’est la connaissance et un esprit libre. On ne peut apprendre que quand on a l’esprit tranquille. Mais des gendarmes avec des armes à l’entrée, nous ne voulons plus que ça continue», dit-il.
Pire, révèle le professeur, «les gendarmes ont le pouvoir d’entrer dans le lycée, dans une classe, prendre un élève et l’arrêter pendant que le professeur est en train de dispenser le cours. Cela s’est passé ici le mardi. Que cela ne se produise plus. L’école est une institution et elle doit être respectée». Inédit.