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Élections de représentativité syndicale : Tous contre la Cnts !

Avec la tenue des élections de représentativité des centrales syndicales qui se tiennent aujourd’hui, la Cnts se retrouve une fois de plus dans le viseur des autres qui veulent la détrôner. Au-delà du statut de devenir un interlocuteur de l’Etat, il y a l’enjeu financer avec la subvention annuelle de 600 millions accordée aux structures majoritaires. Ce qui aiguise des appétits et ambitions.

Par Justin GOMIS – Aujourd’hui, est organisée la troisième édition des élections de représentativité des centrales syndicales. La Cnts, l’Unsas, la Cnts/ Fc et la Csa vont essayer de conserver leur majorité pour continuer à être les interlocuteurs des autorités dans le cadre du dialogue social. Elles sont dirigées, depuis plus de 20 ans, par Mody Guiro pour la Cnts, Cheikh Diop, la Cnts/Fc, Mademba Sock à l’Unsas, qui vont une fois de plus essayer de rester à la tête ces institutions. Pas d’alternance annoncée…

Hormis cette sainte alliance que ces 4 syndicats ont mise en place, les intérêts semblent divergents. Première force du pays, la Cnts devrait se battre pour conserver son poids électoral. A la tête de l’Unsas depuis près de 30 ans, Mademba Sock promet à ses adhérents de détrôner la plus vieille centrale qui règne en maître depuis plusieurs années dans la sphère syndicale. «On verra bien ce qu’on fera le 12. Ma conviction profonde est que nous avons tellement d’hommes et de femmes de conviction que nous sommes capables de tout bouleverser. En 2017, sans les manquements et errements qu’il y a eus, nous n’aurions pas occupé la place que nous occupons à présent. C’est dire qu’il y a un challenge important pour nous. C’est un défi pour nous. Nous sommes nés pour construire un nouveau syndicalisme autour des valeurs qui sont les nôtres. Ces valeurs, nous les vérifions au quotidien. Nous pensons que si le jeu se déroule normalement, l’Unsas sera première. C’est ma conviction intime», assure Mademba Sock.

Le Secrétaire général de l’Unsas est sûr de faire plus qu’en 2017. «Nous avions dépassé 10%. C’est le 4e qui était à 10%. On était loin, à plus de 16%. Nous voulons aller vers cette performance-là», a-t-il promis. Sûr de sa force, il ajoute : «L’Unsas a été la seule organisation syndicale qui a fédéré tout le monde en coupant le courant pour une organisation syndicale qui était en grève et membre de l’Unsas. Mon rêve c’est quand il y a des problèmes à La Poste, à la Senelec, que tous les travailleurs se mettent en mouvement. C’est ça le rêve d’un mouvement syndical autonome fort et fédérateur», ajoute-t-il.

Mademba Sock parie sur l’amélioration des conditions de vie des populations et travailleurs. «Nous allons nous battre pour améliorer le Smig, améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. Ainsi que la baisse de l’électricité qui est aujourd’hui un casse-tête. Les denrées de première nécessité, nous allons soulager le mal-vivre des personnes du 3ème âge, le mal-vivre des populations. C’est exceptionnellement difficile et nous avons essayé de régler avec les moyens qui sont les nôtres», note-t-il.

Enseignants, un corps courtisé
Dans le même sillage, la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal force du changement (Cnts/Fc) espère récolter plus de 30% des suffrages lors des élections de représentativité syndicale prévues ce matin. «A Matam, nous sommes très rassurés, car nous nous attendons à pas moins de 30% de l’électorat. Si on a ce pourcentage dans la région, nous aurons à peu près le même taux au plan national, et nous serons leader du mouvement syndical du point de vue numérique», a dit le Secrétaire général de la Cnts/Fc, Cheikh Diop.
Bien sûr, il y a aussi les autres centrales qui contestent cette hégémonie. Chantre de la 3ème voie, la Fédération générale des travailleurs du Sénégal/B (Fgts/B) veut insuffler une nouvelle dynamique à l’élan syndical plombé par une mauvaise prise en compte des vraies préoccupations des travailleurs par les centrales les plus représentatives. «Nous avons vu que par 2 fois, en 2011 et en 2015, les centrales syndicales dites les plus représentatives, peut-être par le nombre, ne l’ont pas été sur le terrain, parce qu’elles n’ont pas pris en charge l’encadrement des travailleurs, encore moins la lutte des travailleurs», assure Mballo Dia Thiam, Secrétaire général de l’organisation. Pour lui, il faut changer de tête pour avoir une meilleure prise en charge des revendications des travailleurs. Il dit : «Ces centrales n’ont de plus rien fait par rapport au pouvoir d’achat et l’inflation qui continue encore à galoper malgré les augmentations de salaires. Ces augmentations ont été obérées par l’inflation. Nous avons aussi vu que la signature de ce pacte de stabilité économique et sociale n’a pas pris en charge le passif des sectoriels.» Il ajoute : «Nous pensons que forts des acquis, les travailleurs vont voter pour la Fgts/B pour le devenir de tous les travailleurs et dans la réalisation de cette 3ème voie qui met le travailleur au centre pour sa protection et sa promotion. En tant que Fgts/B, héritiers de feu Sidya Ndiaye qui a toujours inscrit son action dans le camp des travailleurs, nous avons l’obligation et le devoir de perpétuer sa mémoire en faisant en sorte que notre centrale soit classée parmi les premières dites les plus représentatives. Nous voulons dépasser le cap des 10%.»

Cheikh Alassane Sène, Secrétaire général de la Fgts/A, espère déboulonner les institutions classiques et assurer une alternance générationnelle. «Ces élections syndicales de représentativité doivent être celles du changement. Depuis plusieurs années maintenant, ce sont elles qui sont sur la scène, mais ne font absolument rien pour les travailleurs. Tous les acquis des travailleurs l’ont été grâce à leurs propres luttes», explique le candidat de la Fgts/A.
M. Sène veut conjuguer au passé les autres : «Les candidats des centrales classiques comme l’Unsas, la Cnts, la Cnts-Fc, entre autres, savent qu’ils n’ont plus la confiance des travailleurs. Pour preuve, ils n’osent pas descendre à la base pour briguer les suffrages des travailleurs. Aujourd’hui, aucun de ces candidats n’a daigné descendre rencontrer la base. C’est parce qu’ils y sont vomis. Et leur stratégie est de recourir aux secrétaires généraux des syndicats des enseignants pour rallier les suffrages des bouffeurs de craie.»

Subvention de 600 millions
Aujourd’hui, les syndicats d’enseignants sont très courtisés pour faire balancer les élections. Le Cusems soutient l’Unsas, le Cusems/Authen­tique va voter la Csa, le Saemss se rallie à la Cnts… Le corps électoral est constitué de près des 3/4 d’enseignants. Malgré cela, il n’y a aucune candidature d’un enseignant. «Ce qui veut dire que malgré leur nombre, ils ne sont que des faiseurs de rois. C’est inadmissible. Aujourd’hui, le constat fait est que ce sont les Sg des syndicats d’enseignants qui donnent des mots d’ordre de voter pour ces candidats. C’est vraiment désolant. Les candidats doivent descendre sur le terrain, rencontrer les travailleurs, leur présenter les bilans et programmes. Mal­heu­reusement, ils passent par des syndicats d’enseignants pour rallier des suffrages. Pour ne serait-ce que mettre un terme à l’hégémonie des centrales classiques qui ne font rien pour les travailleurs», regrette M. Sène.

Evidemment, ces élections ne suscitent pas toujours un grand engouement, car le taux de participation en 2017 n’était que de 28%. Mais, il y a aussi les enjeux financiers avec le versement d’une subvention annuelle de 600 millions F Cfa captée par les quatre centrales syndicales. Ce qui a toujours révulsé les dix autres, qui doivent se contenter des miettes.

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