Ils sont plus de deux cents à avoir retiré des fiches de parrainage. Tous aspirent à être président de la république. Or, seul un sera choisi. Un choix qui incombe aux sénégalais et à eux-seuls. Mais, auparavant, les filtres devront agir pour limiter le nombre des prétendants au fauteuil. Alors, seulement, les électeurs seront appelés à choisir.
Un choix cornélien. Car, le président sortant, pour la première fois dans l’histoire du pays, ne sera de la partie. Pis, son principal opposant Ousmane Sonko risque de ne pas être aussi de la partie. Une situation qui plonge les sénégalais dans une situation très difficile. Et ils ne cessent alors de se poser la question du profil du candidat à choisir. Car, rien n’est simple, à ce propos. Bien sûr, tous ceux qui passeront l’étape du parrainage auront, en principe, le profil de l’emploi. A ce niveau, il n’y a pas de soucis.
Le Sénégal n’a pas de problème de cadre. Il y a suffisamment de cadres pour assumer ces hautes fonctions, même si elles sont d’une importance capitale. Beaucoup en ont la rigueur, la compétence, la crédibilité. Mais, le principal problème qui va se poser à tous est celui de la marge de manœuvre du candidat choisi car personne ne peut prétendre accéder à ses charges sans vraiment une large coalition.
Pis, en cas de second tour, les négociations seront tellement serrées de part et d’autre qu’il est illusoire de chercher à en sortir sans vraiment faire des promesses fermes à d’autres leaders afin de bénéficier de leur soutien.
Ainsi, si c’est le candidat du pouvoir qui gagne, il devra assurer la continuité et compter alors largement sur les équipes présentes dont certains montrent, déjà, des signes d’impatience. Si c’est un candidat de l’opposition qui passe par exemple au second tour, s’il y en a, le désir de gagner va également l’obliger à pactiser avec tous les partis et mouvements qui le désirent.
Ainsi, pour tous les candidats et surtout pour le vainqueur, il faudra essayer de faire du neuf avec du vieux. Ce qui est extrêmement difficile. Car, il est illusoire de gérer le pouvoir sans compter sur un vaste ensemble de politiciens professionnels aguerris et dont certains sont là depuis belle lurette. Car, sans eux, il est difficile de gagner.
Or, si on gagne avec eux, on devra gérer avec eux. C’est la fameuse doctrine du ‘’gagner ensemble, gouverner ensemble’’. Voilà le problème que le Sénégal traine comme un goulet. Et cela risque d’être le cas pendant longtemps. Ceux qui font des promesses aux populations la plupart du temps mirobolantes, sont pris en otage par les politiciens professionnels parce qu’ils sont sous l’emprise de la psychose de la réélection.
Se faisant, ils n’ont pas toute la latitude nécessaire pour agir. Même s’ils le voulaient, ils seraient rattrapés par la real politik qui peut se résumer par un partage du gâteau qui est comparable à ce qui se passe dans les sociétés commerciales, entre actionnaires. Or, il est parfois très difficile de servir à la fois ses partisans et ses alliés tout en satisfaisant son peuple. C’est pourquoi, ce peuple a actuellement de sérieux problèmes pour établir un profil-type du candidat idéal.