POLITIQUE
Réflexion – Des universitaires réunis autour d’un colloque – Etat-Nation : une «construction coloniale» en Afrique à repenser
Un colloque de deux jours, qui s’est ouvert, mercredi, à l’université Assane Seck de Ziguinchor (Sud), propose de repenser l’Etat-Nation en Afrique, en s’inscrivant notamment dans une perspective de décolonisation de ce modèle hérité de celui de la France. «Les chercheurs n’ont pas pris suffisamment de temps pour repenser l’Etat, alors que nos Etats-Nations sont surtout le fruit de constructions coloniales avec des peuples qui, au départ, ne partageaient pas la même territorialité, mais ont été mis ensemble par le colonisateur», a expliqué Mouhameth Lamine Manga. Le directeur du laboratoire du centre de recherche interdisciplinaire sur les langues, les littératures, l’histoire, les arts et la culture de l’université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) intervenait lors de cette rencontre scientifique dont le thème est «L’Etat, entre universalisme et variabilité des pratiques». Plusieurs intellectuels et universitaires venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine, prennent part à ce colloque. Il s’agit principalement de l’historien et ancien recteur de l’Ucad, Saliou Ndiaye, de l’anthropologue français, Jean Loupe Amselle, et de son compatriote et sociologue, Jean Copans, entre autres spécialistes de la question.
Ce colloque devrait constituer un cadre devant permettre aux participants d’aborder en profondeur la question de l’Etat en vue de susciter davantage une réflexion allant dans le sens de repenser le modèle actuel d’Etat-Nation en Afrique, a souligné Mouhameth Lamine Manga.
Insistant sur la nécessité de repenser en profondeur le modèle Etat-Nation, principalement dans les pays africains, l’universitaire a tenu à rappeler que «le modèle français a été copié avec l’Etat maximal. Lequel modèle est né, selon lui, de la célébration de l’unité retrouvée de 1792».
«Il y avait deux modèles qui se présentaient en Europe au 18ème siècle, le modèle de l’Allemagne et celui de la France», a relevé M. Manga, ajoutant que c’est à partir de 1946 que le modèle français a été étendu un peu partout dans les ex territoires de la colonie française.
Avec le modèle allemand, poursuit l’universitaire, il y avait déjà une unité linguistique et culturelle, faisant que la Nation a précédé dans ce pays l’avènement de l’Etat, tandis que pour la France, c’est plutôt l’Etat qui a précédé la Nation. «Nos élites ont appris l’exercice du pouvoir à travers le gouvernement français et ont repris le même modèle pour essayer de casser des particularismes régionaux et promouvoir l’idée de l’Etat-Nation homogène, une Nation avec le choix fait souvent d’un héros qui est érigé au panthéon», a encore fait valoir l’enseignant-chercheur. Mouhameth Lamine Manga a toutefois rappelé l’importance d’accompagner le processus de consolidation de l’Etat-Nation à travers des activités scientifiques. Les communications issues de cette rencontre seront publiées sous forme d’acte du colloque, a annoncé le directeur du laboratoire du centre de recherche interdisciplinaire sur les langues, les littératures, l’histoire, les arts et la culture de l’université Assane Seck de Ziguinchor.
Aps