SOCIETE

Tunis – «Théâtre de la liberté» : Les prisons jouent leur partition

Si de nombreuses troupes professionnelles profitent de la vitrine qu’offrent les Journées théâtrales de Carthage, la rencontre est également une occasion pour les pensionnaires des prisons et centres de rééducation du pays, de monter sur les planches et s’affronter dans une compétition, « Le théâtrale de la liberté ».

Par Mame Woury THIOUBOU (Envoyée spéciale à Tunis) – Ils sont prisonniers. Souvent condamnés à de longues peines. Mais à l’occasion des Journées théâtrales de Carthage (Jtc), ils peuvent faire l’expérience de monter sur les planches. Le programme Liberté des Jtc met ainsi en concurrence neuf troupes théâtrales issues des prisons du pays. Pour cette année, la prison de Gafsa est la première à monter sur les planches. Le spectacle, intitulé 5 sur 5 traite de la question du handicap. Si tous les acteurs sont des prisonniers, le metteur en scène en est un ancien. Il a passé quelques années derrière les barreaux. Depuis 5 mois, il travaille avec la petite troupe de moins d’une dizaine de personne pour monter ce spectacle qu’il aura écrit en se basant sur ses propres expériences et son vécu en prison. « Dans cette pièce, j’ai voulu travailler sur les handicapés. Ici en tunisien un handicapé n’a pas la priorité et c’est honteux », explique Assad Hamda, enseignant et metteur en scène. Dans la pièce, trois prisonniers handicapés luttent pour améliorer leur quotidien. L’un est aveugle, l’autre est porteur d’un handicap physique et le troisième est sourd. « Il y a le formateur psychique qui veux faire avec eux un projet artistique mais le directeur de la prison refuse. Il fait un rapport et le formateur est renvoyé. Ce sont des situations réelles et on a des exemples », explique M. Hamda.

Le théâtre de la liberté, le nom donné à cette section des Jtc, réunit des clubs de théâtre installés dans les prisons et centres de rééducation du pays. A l’occasion des Journées théâtrales de Carthage, ces prisons montent des pièces de théâtre qui sont présentés tous les jours au Centre culturel Ibn Khaldoun de Tunis. A la fin, trois parmi les 9 troupes recevront des récompenses. Selon le porte-parole du comité des prisons et maisons de redressement, ces représentations sont attendues avec impatience par les prisonniers. Durant toute l’année, les clubs de théâtre travaillent à mettre en œuvre ces pièces qui sont écrites par les prisonniers eux-mêmes ou par des bénévoles du secteur artistique. « Au total, neuf prisons ou centre de rééducation ont été sélectionnées. Et c’est une expérience innovante qui met en lumière la coopération entre le ministère de la justice et le ministère des affaires culturelles », explique M. Ramzi.

« Le prisonnier est enfermé mais cela ne devrait pas l’empêcher d’avoir des activités artistiques et intellectuelles de la même façon qu’il y a des prisonniers qui sont formés à la coiffure ou qui sont dans le club de folklore tunisien », souligne le metteur en scène Assad Hamda.

Depuis 2017, la section Théâtre de la Liberté des Journées Théâtre de Carthage offrent une vitrine à cette initiative innovante. Selon les autorités tunisiennes, ces manifestations culturelles visent à consacrer davantage la dimension correctionnelle et humanitaire face aux châtiments afin de réduire les disparités entre la vie carcérale et la liberté. Etre en prison, ne doit pas priver du droit à la culture pour tous, indiquent ces autorités.

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