A LA UNEPOLITIQUE

Assises de l’Upf : Dakar boucle ses travaux

Au deuxième jour des 50èmes Assises de l’Union de la presse francophone, la question des enjeux liés à la sécurité alimentaire a été débattue. Selon l’ancien directeur du Fonds international de développement agricole (Fida), Mohamed Beavogui, la presse joue un rôle crucial dans la compréhension de ces enjeux.

Par Mame Woury THIOUBOU – Entre 691 et 783 millions de personnes souffraient de la faim dans le monde en 2022. Ces chiffres de la Fao montrent l’importance de ce fléau dans le monde. Quelle contribution apportent les médias à la compréhension de cet enjeu de sécurité alimentaire ? L’Union de la presse francophone (Upf) a posé le débat dans le cadre de ses 50èmes Assises qui se sont ouvertes ce mardi à Dakar. Ce mercredi, le panel consacré à «Médias et enjeux de la sécurité alimentaire», a été l’occasion pour l’ancien directeur du Fonds international de développement agricole (Fida), Mohamed Beavogui, de rappeler qu’il revient aux medias d’informer et d’alerter. Dans un monde où les crises et les guerres, ainsi que les changements climatiques ont été identifiés comme les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire, l’ancien Premier ministre guinéen rappelle que le rôle des médias est crucial. «L’insécurité alimentaire a un impact qui va au-delà de la faim. Et les médias ont un rôle d’investigation pour permettre au public de comprendre la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire», dit-il. Directrice du Bureau du Fonds des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao) au Rwanda, Coumba Sow constate que généralement les organisations telles que la sienne, n’ont pas toujours l’attention des médias quand il s’agit des zones rurales. Mais que c’est au moment où la crise est bien installée que les journalistes s’intéressent à la question.
Mais dans la façon de traiter les informations, le choix de celles-ci, les médias peuvent aider ou compliquer les choses. C’est ce que l’ancien ministre de l’Agriculture du Sénégal, Dr Pape Abdoulaye Seck, met en exergue en donnant l’exemple de la saison agricole 2015. «En 2015, les prévisions météorologiques étaient préoccupantes : démarrage tardif des pluies, arrêt précoce, inégale répartition dans le temps et dans l’espace, et un déficit global par rapport à la moyenne.» Une situation devant déboucher sur un déficit dans la production arachidière de l’ordre de 40%. Selon Dr Seck, c’est en partageant avec la presse les consignes nécessaires pour une réorientation de la production que le déficit annoncé de la saison a pu être rattrapé. «Il fallait inverser les tendances par un programme d’atténuation, développer les productions adaptées. Nous avons donné un mot d’ordre de semis tardifs, de variétés à cycle court et de diversification de la carte variétale.» Le concours des médias, surtout au niveau régional, a permis de largement faire passer le message et de réduire le déficit de la production arachidière à 10%, tout en sauvegardant une croissance positive du secteur agricole. «Les médias peuvent contribuer à diffuser de bonnes informations sur les pratiques culturales», estime Dr Seck. Mohamed Beavogui va plus loin. Il estime que les bonnes pratiques doivent être partagées tout autant que les situations critiques. Il prône un journalisme de solutions.

Recalibrer les modes de consommation
L’on a tendance à souvent répéter qu’il faut «produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons». A la place de cette formule, Dr Pape Abdoulaye Seck préfère parler de recalibrage des modes de consommation. Dr Seck, qui participait au panel sur la sécurité alimentaire dans le cadre des Assises de l’Upf, estime qu’il est extrêmement difficile de changer les habitudes alimentaires dans un pays. «Peut-être que nous devons nous dire que nous avons un potentiel et en fonction de ce potentiel, essayer de tout mettre en œuvre pour satisfaire au mieux les besoins de nos concitoyens.» Pour l’ancien ministre de l’Agriculture, la recette, c’est «une autosuffisance pour les produits de base, minimiser les importations, exploiter de façon optimale nos avantages comparatifs, fortifier notre tissu industriel et jouer sur la durabilité des capacités productives de nos écosystèmes».

Le miracle rwandais
En Afrique de l’Est, le Rwanda est un des pays avec les niveaux de sécurité alimentaire les plus appréciables. Selon la directrice Pays du Fao, Coumba Sow, cela est le résultat d’actions et d’orientations stratégiques qui ont fait leurs preuves. Tout d’abord, Mme Sow salue les performances en matière de gouvernance. «C’est une gouvernance rigoureuse qui crée des contrats de performance, avec un système décentralisé très fort où les maires ont la latitude de mettre en œuvre les programmes du gouvernement avec les budgets de l’Etat. Et ils ont une obligation de rendre compte.» A cela s’ajoute une digitalisation complète du processus de distribution des intrants ainsi que des investissements massifs. Le Rwanda a en effet réussi depuis longtemps à atteindre les 10% de son budget dans le secteur agricole. «Le miracle rwandais est réel», assure-t-elle, en soulignant qu’avec ses trois saisons des pluies, le Rwanda a aussi misé sur la diversification de sa production.

Articles du même type

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Close