SOCIETE
Cap-Vert – Précarité financière : L’appel au secours des migrants
La Plateforme des communautés africaines (Pca) de Praia, par la voix de son président José Viana, lance un appel aux autorités capverdiennes pour une aide financière à certains immigrés qui, dit-il, se trouvent dans une situation de vulnérabilité depuis la pandémie. Il demande également que des mesures flexibles soient mises en œuvre, comme la standardisation des procédures dans les ports et aéroports du pays, pour permettre l’importation de plus de denrées alimentaires en provenance d’autres pays voisins de la Cedeao, qui sont actuellement les plus rentables et contribuent grandement à sortir de l’asphyxie financière. Pour sa part, Quelita Gonçalves, la représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), se dit sensible à la situation de certains migrants, mais elle explique que l’organisation ne dispose pas d’un fonds pour ce type de soutien, mais qu’il y a tout intérêt à créer de futurs projets pour atteindre un plus grand nombre d’immigrants dans les différentes îles dans le domaine de l’entreprenariat.
La Plateforme des communautés africaines (Pca) de Praia cherche la bonne formule pour aider ses membres. José Viana, président de la Pca, continue à chercher du soutien pour certains immigrants qui, depuis la pandémie du Covid-19, se trouvent dans une «situation vulnérable». D’après lui, ils ont perdu leurs petits commerces et il est difficile de les remettre sur pied : «Certains immigrants, surtout ceux qui ont perdu leurs petits commerces, qui dépendaient de la vente et de la revente de produits alimentaires, en particulier de fruits, nous ont fait part des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien parce qu’ils n’ont pas les conditions financières nécessaires pour développer leurs activités.» Et d’ajouter : «Ceux qui leur vendaient des produits importés du Sénégal, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau ou d’autres pays africains voisins du Cap-Vert disent avoir abandonné l’activité car, ces derniers temps, les responsables leur ont demandé divers documents, notamment phytosanitaires, et une taxe touristique de 30 à 50 euros pour le dédouanement de la cargaison, non seulement par voie aérienne, mais aussi lors des échanges entre les îles», déclare-t-il.
Selon M. Viana, ces procédures ne sont pas toujours uniformes car elles dépendent beaucoup de la volonté de ceux qui mettent en œuvre les mesures dans les ports et aéroports. «Parfois, ils exigent certains documents et, à d’autres occasions, ils ne le font tout simplement pas. Cela a créé de nombreuses contraintes pour les immigrants. Ils savent qu’ils doivent se conformer à la loi, mais d’autre part, nous pensons qu’ils ne veulent investir que dans des produits qui sont rentables au Cap-Vert. Malheureusement, ces contraintes ont poussé certains d’entre eux à abandonner ces entreprises et à se retrouver au chômage», dit-il.
Il reconnaît toutefois les efforts considérables déployés par le gouvernement capverdien pour former les migrants aux affaires et à l’entrepreneuriat, mais, note-t-il, beaucoup dépendent encore d’un soutien financier pour débloquer leurs activités. Il affirme que la Pca ne dispose pas des conditions financières pour soutenir cet appui social. En plus, «la Pca s’est efforcée de sensibiliser les immigrés, en leur conseillant de s’organiser en coopératives pour faciliter l’importation ou la vente de produits à Praia et dans d’autres îles du pays, et surtout pour réduire les dépenses, qui sont plus élevées s’ils le font individuellement», dit-il.
Pour ce faire, M. Viana indique qu’il est en contact avec des institutions publiques et privées pour obtenir un soutien financier, mais cela ne suffit pas. Il propose même de réglementer le commerce informel, afin de normaliser les procédures dans les services portuaires et aéroportuaires, voire de permettre un accès plus régulier au marché africain, ce qui pourrait être une alternative pour surmonter les crises qui touchent non seulement les immigrés, mais aussi les Capverdiens. «Je pense qu’il est fondamental que les autorités capverdiennes se penchent maintenant sur cette question, en définissant un cadre réglementaire qui permettra aux entrepreneurs, qui se consacrent au commerce informel, d’acheter en Afrique des produits de bonne qualité qu’ils considèrent comme les plus rentables à l’heure actuelle. Il est certain que tout le monde en profitera, non seulement les immigrés, mais aussi les Capverdiens.» Selon M. Viana, ce n’est que de cette manière que les conditions seront réunies pour que les immigrants soient financièrement indépendants et puissent ainsi subvenir aux besoins de leurs familles, en dépendant moins de l’Etat capverdien et en contribuant au développement du pays.
Questions en suspens : cartes de séjour et la loi sur la nationalité
José Viana a également énuméré d’autres questions qui, selon lui, méritent également d’être dans la liste des priorités de la part des autorités capverdiennes, à savoir la délivrance des cartes de séjour. M. Viana se réjouit qu’environ 72% des migrants résidents soient régularisés, mais il explique qu’il ne comprend pas les retards de délivrance dans certaines îles. «Lors d’une récente réunion avec des immigrants vivant sur l’île de Sal, certains d’entre eux nous ont dit qu’ils s’étaient rendus au Bureau des étrangers et des frontières de cette île pour obtenir leur carte de séjour, mais qu’une responsable leur avait confirmé qu’elle l’avait, mais qu’elle ne pouvait pas leur donner le document parce que les immigrants devaient attendre qu’on les appelle pour s’y rendre. Jusqu’à quand ?», se demande-t-il, précisant qu’il avait signalé le problème aux autorités frontalières, qui ont promis de le résoudre le plus rapidement possible.
José Viana souhaite également que soit résolue la question de la loi qui définit l’attribution, l’acquisition, la perte et la réacquisition de la nationalité capverdienne (loi n°34/X/2023). Cette loi a été approuvée en juillet et est entrée en vigueur en août, mais elle aurait dû être réglementée par le gouvernement dans un délai de 90 jours, ce qui, selon lui, n’a pas encore été fait. Il appelle donc à la rapidité de ces processus, qu’il considère comme extrêmement importants pour débloquer d’autres domaines de la vie sociale des immigrés et améliorer ainsi leur intégration dans le pays.