Emploi – Stratégie nationale de développement du secteur privé : Pour créer 3 millions d’emplois en 10 ans

Le secteur privé national ambitionne de créer 3 millions d’emplois en 10 ans. C’est la principale ambition de la Stratégie nationale de développement du secteur privé (Sndsp). Ces emplois vont être créés par la formalisation de 300 mille entreprises et la création de 300 champions qui iront à l’assaut du marché international. 

Par Malick GAYE – La dernière fois que le Sénégal avait défini une Stra­tégie nationale de développement du secteur privé (Sndsp), le pays n’avait pas 1000 milliards de budget. C’était en 1999. 25 ans plus tard, le Sénégal étrenne sa nouvelle Sndsp. Cette fois-ci, les ambitions sont d’atteindre la création de 3 millions d’emplois d’ici à l’horizon 2035. Pour ce faire, le privé national compte atteindre 300 mille entreprises formelles, plus que les 14 mille enregistrées en 2022.

La création de ces 3 millions d’emplois devra, en grande partie, être supportée par les 300 champions que la Sndsp ambitionne de mettre en place. Ces champions iront à l’assaut du marché international. La Sndsp part d’un constat. «Il n’y a pas beaucoup d’entreprises formelles au Sénégal. Nous sommes entre 12 et 14 mille selon les chiffres de 2022. Ce sont 9 entreprises pour 10 mille habitants, alors qu’au Maroc, ce sont 500 pour 10 mille habitants. En plus, elles sont trop petites. Nous n’avons que 400 entreprises qui ont un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards Cfa. Et 90% des entreprises ont moins de 100 millions de chiffre d’affaires», a expliqué hier Victor Ndiaye de Performances Group. Chargé de présenter la Sndsp, Victor Ndiaye a affirmé que «le marché du travail du Sénégal accueille chaque année 250 mille demandeurs d’emploi. Sur ce chiffre, seuls 20 mille trouvent du travail». Selon lui, la raison est toute trouvée : «Nous avons des chaînes de valeur peu intégrées. On a les matières premières, mais on n’a jamais su créer des chaînes de valeur. Conséquence : On a une croissance structurelle faible et fragile. Et ça, c’est depuis l’indépendance. Le taux de croissance était de 2% pour Senghor, 3% pour Diouf et Wade, et 6% pour Macky. Ce qui entraîne une balance commerciale structurelle déficitaire. On est à 1200 milliards de déficit de la balance commerciale. L’écono­mie est enfermée dans un cercle vicieux de croissance faible et fragile. Car on n’a pas beaucoup d’entreprises informelles dont la capacité de création d’emplois est faible. Ce qui donne un secteur privé national faible et coincé.»

Ainsi, le défi que la Sndsp veut relever est de sortir de ce «cercle vicieux». A cet effet, la Sndsp souhaite une transformation radicale du privé national en formalisant 300 mille entreprises d’ici 2035. Elle ambitionne de  formaliser tout le tissu économique. Son objectif est d’avoir 300 champions qui exportent et qui rayonnent sur le marché international. Pour y arriver, la Sndsp préconise un soutien de l’Etat aux entreprises nationales par une administration qui accompagne la compétition, une attraction et un développement de la coopération en mettant en place des groupes régionaux. «Il nous faut sortir du cercle vicieux en bâtissant des filières compétitives. 24 filières vont porter l’émergence. C’est le cas du sel de Fatick. L’ambition est d’en faire une région riche, et on a pris l’exemple de Salzbourg (une région d’Autriche) en développant la transformation du sel. Les infrastructures étant construites, il faut attaquer la deuxième phase en accompagnant les productions pour aller vers le haut de gamme. Le cadre des affaires doit être revu de manière progressive. Qu’est-ce qu’on transforme ? Que va-t-on exporter ? Ce sont des questions de ce genre qui doivent guider les réformes», a expliqué Victor Ndiaye.

De manière succincte, la Sndsp repose sur 5 piliers qui sont le soutien aux entreprises, la stratégie de compétitivité, la facilitation de la conduite des affaires par l’administration, l’attraction et le développement de groupes régionaux, le dialogue et l’alliance public-privé. Le coût d’impulsion de la Sndsp s’élève à 15, 5 milliards Cfa.