POLITIQUE
Fatick – Ouverture du Fesnac : Macky célébré sur ses terres
Le Festival national des arts et de la culture (Fesnac) a démarré ce 8 janvier et se poursuivra jusqu’au 12 du même mois. Il honore à Fatick, pour sa douzième édition, le président de la République Macky Sall.
Par Moussa SECK – Attention, on pourrait aspirer trop de poussière : mouvement de foule. Coloriée, la foule, et avec une dominance de blanc dans l’habillement. Du vert, celui de la Sonaged. Un autre vert, l’Armée. Du vert, la pelouse. Un stade, de l’ambiance, des gradins garnis d’officiels. Presque dix-huit et le premier ministre Amadou Ba gravit les escaliers. Alioune Sow suit, puis Matar Ba. Ils rejoignent un grand Serigne, celui de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop. On entend acclamer Cheikh Kanté. On attend annoncer Abdou Latif Coulibaly, Moussa Bocar Thiam, Serigne Mbaye Thiam. Et là, derrière eux, une imposante affiche : 12ème édition lit-on dessus. Thème, lit-on encore : «Macky, les arts et le patrimoine.» «Le Maroc, pays invité d’honneur», «la collectivité léboue, communauté invitée d’honneur», «du 8 au 12 janvier 2024»… Autres informations sur les affiches qui pendent depuis les gradins. Mbaye Pekh, Garmi et autres micros centraux chauffent et meublent tandis qu’assiko et autres percussions, distillent chants et rythmes dans l’antre du Stade Massène Sène.
Et il y a sa photo. Et on l’attend. Macky est presque là. Trois minutes avant dix-huit heures, il est là. Boubous traditionnels, tenues militaires, costards et gilets se lèvent. On ne s’assoit qu’après que ce soit assis l’homme en bleu. Salutations ! Puis, un silence solennel s’empare de Massène Sène qui grouillait de bruit il y a peu. Sont joués les hymnes nationaux du Maroc et du Sénégal, par la musique principale des Forces armées. Il est ici, son Sine aussi. Tout est là et prêt : Fesnac, we can start…
Diverses sonorités et couleurs défilent sur les énormes écrans pour accompagner le soleil dans son déclin. Les quatorze régions du Sénégal sont présentées l’une après l’autre. Qui, des jours durant, vont faire montre de leur ingéniosité culturelle. Chaque région, avec ses quarante participants (artistes, managers et officiels), va peindre en dansant, slamer en contant et mettre sa musique en théâtre.
Avec ou sans soleil, spectacle solaire
Le soleil, qui a fini de décliner vers dix-neuf heures, n’y pourra rien : il y aura un soleil de culture sur Fatick, le temps d’un Fesnac. Amadou Lamine Sall l’avait aperçu se lever depuis Dakar et depuis la cérémonie de pose de la première pierre du Mémorial de Gorée. Il avait prédit une pluie de rayons solaires pour (sur) le Président, tout en rendant hommage au ministre de la Culture et du patrimoine historique. En ces mots : «un grand soleil vous attend à Fatick, dans quelques jours. C’est lui qui l’a allumé pour fêter et laisser chanter ceux qui vous aiment, et qui vous aimeront pour longtemps.» Et le soleil sera peut-être jaloux, de constater qu’on n’a pas eu besoin de ses services pour éclairer le spectacle de danse traditionnelle de la communauté léboue. Il s’est lui-même éclairé. Bleu-jaune, vert-noir, rouge-blanc et vert-jaune-rouge ont été les mariages de couleurs qui ont accompagné, mais sublimé la chorégraphie des dames qui ont ramé sur la pelouse. Après, point de répit : Fatick rapplique, derrière elle, les autres régions. Parce que the show must go on… Et Pape Faye d’inciter au dépassement avec son «bu dara sédd».
Cocktail culturel
Dix-neuf heures, ni chaud ni froid, Fatick ne frissonnant que de sérénité. Reine culture régule la température. Elle réunit déjà, et déjà on peut espérer atteindre les quatre objectifs de l’édition douze du Fesnac. Ces objectifs sont ainsi énumérés dans un document officiel : «juguler les préjugés et instaurer de nouveaux pactes de confiance entre les composantes de la Nation et de la sous-région d’où l’enjeu panafricain qu’il s’est fixé», «restituer et illustrer le patrimoine culturel dans sa richesse accumulée au cours de l’histoire et des évènements marquants de notre évolution», «encourager la création artistique sous toutes ses formes», «faire de la région d’accueil, le temps du festival, un pôle de développement culturel et touristique». Evaluation, après. Pour l’heure, prestations. Ngoyane, avant feu d’artifice, une voix faisant penser à Yandé Codou Sène puis un arrangement de batteurs qui évoque Doudou Ndiaye Coumba Rose, ambiance de chorale et masques dansants… Cocktail culturel. Les caméras auront ramassé pour les yeux absents. Ceux présents auront nourri leur soif de beauté. Les voix auront chantonné. Les mains auront accompagné en applaudissant. On aura aussi pensé à l’insolite, en dansant en tenue de chantier, dans la pelle d’un tracteur et dans la benne d’un camion. Celui à qui il a été récemment décerné le prix de bâtisseur africain de la décennie a vu. Aussi, a-t-il applaudi ces acrobates qui ont presté jusque dans des brouettes sur fond de Fondinke. Mélange sans doute sublime d’univers.
Un autre mélange, un livre cette fois-ci, a été remis au chef de l’Etat. Macky, sur près de 500 pages, a été saisi par plusieurs plumes représentées par M. Racine Senghor, et pour dépeindre sa philosophie de l’action et son action pour l’émergence. Il a autrement été saisi. Après les plumes, le pinceau de Kalidou Kassé avec la complicité d’amis comme le Général Mamadou Mansour Seck. «Macky Sall sur toile.»