SOCIETE
L’île menacée de disparition : Saint-Louis s’engouffre dans une mauvaise brèche
L’élargissement de la brèche augmente le risque de disparition de l’île de Saint-Louis déjà menacée par l’avancée de la mer.
Par Alioune Badara CISS – L’île de Saint-Louis est menacée par l’avancée de la mer, notamment par la brèche. Si rien n’est fait, elle va tout simplement disparaître. Pour éviter que cette île historique soit rayée de la carte du Sénégal, l’Agence de développement municipal (Adm) est en train de mener une étude depuis maintenant 4 ans avec des cabinets pour mieux comprendre ce phénomène. A la suite de cette étude, il sera édicté un certain nombre de mesures. Elles permettront à la fois de protéger Saint-Louis de la situation, de protéger aussi l’Ile aux oiseaux, ainsi que tous les villages qui sont impactés par l’avancée de la mer. Pierre Coly, directeur de l’Appui institutionnel à l’Agence de développement municipal, confirme la situation catastrophique de Saint-Louis. «On sait que si rien n’est fait, Saint-Louis risque la submersion d’ici quelques années, selon les études qui ont été faites. Actuellement nous sommes dans une phase où nous allons bientôt boucler ces études et les soumettre à l’appréciation du gouvernement pour que des mesures soient prises dans ce sens», relate M. Coly.
C’est ainsi que l’Agence de développement municipal (Adm) a ouvert depuis hier à Saly, une rencontre avec les acteurs sur la gestion des risques et catastrophes, adaptation et résilience au changement climatique : impacts de l’érosion côtière et des effets de la brèche à Saint-Louis. Ces rencontres entrent dans le cadre du Projet de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis (Serrp). Au cours de cette rencontre, les capacités de tous les acteurs seront renforcées pour les amener à développer toutes les stratégies et actions nécessaires à la résilience des populations qui seront impactées par ce phénomène.
Par ailleurs, le directeur de l’Appui institutionnel à l’Adm a également souligné que les populations impactées par l’avancée de la mer seront déplacées sur le site de relogement de Diogop. «Normalement d’ici deux semaines, la première vague sera déplacée, et au fur et à mesure les bâtiments seront prêts. En tout, ce sont 15 mille personnes qui seront déplacées sur le site de relogement définitif avec les logements qui vont être réalisés. Dans une première vague, il y aura 200 à 300 logements qui seront disponibles pour accueillir des familles, et au fur et à mesure que l’avancement va se faire, nous irons à un déplacement beaucoup plus conséquent. Il est prévu de réaliser 500 logements d’ici la fin du projet», précise Pierre Coly.
En plus du déplacement des populations impactées, un cadre de vie agréable sera créé avec un accompagnement à travers des activités génératrices de revenus, des projets sociaux économiques seront aussi réalisés sur place. «Déjà, nous avons mis en place des unités de couture, de coiffure, de micro jardinage, et nous avons même remis aux personnes déplacées des camions frigorifiques et utilitaires pour leur permettre de poursuivre leurs activités de pêche. Il est aussi prévu de mettre en place des activités telles que la pisciculture et un certain nombre de services qui leur permettront de subvenir à leurs besoins», ajoute-t-il.
L’adjoint au maire de Saint-Louis, Latyr Fall, représentant le maire de Saint-Louis à cette rencontre, a détaillé l’impact de cette brèche sur la vie des populations. «Notre commune est la ville la plus menacée du Sénégal. Nous cohabitons avec cette brèche qui, entre 2003, 2004 et 2005, a atteint des proportions extraordinaires. Plus de 500 personnes y sont mortes. Au moment où nous parlons, nos vaillants pêcheurs ne peuvent pas aller en mer s’il y a la houle. Déjà en 1980, on disait que si rien n’est fait, Saint-Louis allait disparaître, on croyait que c’était des histoires. Mais ce que nous avons vécu entre 2013 et 2014 avec la destruction de beaucoup de maisons plus les pertes en vie humaines, Saint-Louis est bien impactée par le phénomène du changement climatique», relève Latyr Fall.
Ainsi, avec le programme de protection côtière, la langue de Barbarie est bien ceinturée, de Gokhou Mbathie à Guet-Ndar. «Le problème d’érosion se déplace du nord vers le sud, Gokhou Mbathie, Santhiaba, Guet-Ndar, il y a plus de problèmes, mais si rien n’est fait, à Hydrobase et Gandiol, demain on pourra avoir les mêmes problèmes. Ce qui est en train d’être réalisé sur le terrain est une révolution. Avec la digue de protection, nous autres de la langue de Barbarie, même s’il y a la houle, il n’y a plus ce phénomène qu’on vivait. C’est pourquoi nous remercions l’Etat du Sénégal et le maire de Saint-Louis», se réjouit l’adjoint au maire de Saint-Louis.
D’un financement à hauteur de 49, 5 milliards de F Cfa, le gouvernement du Sénégal, avec le concours technique et financier de la Banque mondiale, a lancé le Projet de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis (Serrp), entré en vigueur le 21 septembre 2018, pour une durée de 7 ans. L’Agence de développement municipal (Adm) assure la coordination de la mise en œuvre de ce projet.