POLITIQUE

SONKO ÉLIMINÉ : ALIOUNE TINE DIT SA DÉCEPTION

Alioune Tine a exprimé sa déception à la suite de l’élimination de Ousmane Sonko de la présidentielle par le Conseil Constitutionnel.

Texte in extenso

Le long, fastidieux , irrationnel processus électoral, la narration épique de l’interminable bataille qui oppose le Pr Macky Sall au chef de l’opposition  Ousmane Sonko, cette bataille  où tous les coups sont permis tire tragiquement à sa fin, ses conséquences politiques et sociales sont imprévisibles dans la durée. Alors que Macky Sall n’est plus candidat et théoriquement n’a plus d’adversaire politique, la bataille continue entre l’État et Ousmane Sonko avec des effets pervers sur les institutions , sur les principes et valeurs comme l’indivisibilité de la République, le caractère inaliénable des droits humains , l’impartialité de l’administration et de la justice. Pire on a assisté à une dégradation continue des institutions démocratiques et des forces politiques organisées.

Le parrainage qui fonctionne comme un véritable jeu de hasard est révélateur des faiblesses,  des paradoxes et  des contradictions de notre système politique. Ces sérieux défis doivent faire l’objet d’une réflection collective. Le Pacte républicain se défait gravement sous nos yeux: quand 6 PM sont recalés au parrainage et que les leaders politiques institués, légitimes et reconnus de l’opposition peinent eux aussi à passer la rampe du parrainage, là où de nouveaux acteurs de mouvements sociaux sans parcours politique et sans expérience dans l’État, passent allègrement l’épreuve. Que vaut la primature comme institution?

Un parrainage fonctionnant où le hasard de l’ordre de passage peut s’avérer décisif sur l’éligibilité. Il faut un système qui faut élimine les doublons et non les candidats.

Reste la justice comme institution, appareils acteurs, la justice comme ensemble de règles qui régissent la Cité. On vit un temps d’intermination, d’incertitude, de flottement des normes, des règles, des principes et du sens. Cela va au-delà de ce qu’on répète comme insécurité juridique. On assiste à un effondrement de la dignité de la fonction de juger et de la déligitimation de parole performative du juge par l’Administration, la parole du juge doit être suivi d’effet, sinon elle tombe dans l’inanité. Quand l’Administration y contribue, elle nie  le pouvoir constitutionnel de la justice, et nous sort de l’état de droit. Il ya pire avec la décision incompréhensible du Conseil Constitutionnel ultime recours et seule juridiction d’innovation, d’invention et de production d’un nouveau droit susceptible de faire avancer , progresser et développer la démocratie, l’etat de droit et les droits fondamentaux .

Le Conseil Constitutionnel doit crédibiliser le processus, inspirer la confiance contribuer à la paix et la stabilité. Quand le Conseil Constitutionnel rejette d’une manière aussi désinvolte et expéditive sans examen dans le fond le dossier de Sonko, sous le prétexte de dossier incomplet , il se situe dans la continuité de l’action de la DGE et de la Caisse DC , pire la couvre et l’entérine. On attendait tous une rupture d’isotopie qui marque l’émancipation de la justice par rapport au pouvoir. Surtout par rapport à ceux qui brandissent avec légèreté l’argument de la  Raison d’etat, véritable négation de l’état de droit. On s’attendait à une réponse aux  interpellations des savants de la matière (Sidy Alpha Ndiaye, Maurice Soudieck Dione ou Sougoufara), c’est à dire aller dans le fond et invalider au besoin, cela aurait été plus professionnel et aurait sauver les meubles. Mais avec cette décision de notre auguste et respectée institution nous déçoit. C’est notre intérêt à tous de protéger la dignité de la fonction éminente du juge dans notre société.

Nous avons besoin du dialogue de la dernière chance, d’une introspection sur les pathologies de notre democratie pour que la force, l’argent et l’usage abusif des moyens de l’état ne soient pas les seuls régulateurs de notre société. Nous vivons un malaise politique et social profond qui méritent un examen collectif et sans concession. On peut être rattrapé par  ces pathologies si on continue à foncer tête baissée vers le mur.

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