SOCIETE
Ziguinchor – Logements d’étudiants : Diabir, pavillon spécial
Situé dans la périphérie de Ziguinchor, le quartier de Diabir, un ancien village rattaché à la ville de Ziguinchor du fait notamment de la poussée démographique, est devenu, au fil du temps, un abri pour les étudiants de l’Université Assane Seck. Ce quartier, pourtant dépourvu de toute infrastructure routière, accueille des apprenants venant des quatre coins du pays.
Par Alpha SYLLA – Son passé violent et douloureux témoigne du manque d’infrastructures routières notamment dans le quartier. En effet, pendant longtemps, ce village, constitué autrefois de champs d’anacardiers et de forêts, rattaché à la commune de Ziguinchor après l’accalmie notée dans la crise casamançaise, ne bénéficiait pas des services de l’Etat et des autorités locales. Mais après la création, en 2007, de l’Université Assane Seck, conjuguée à la démographie galopante de la ville, les populations ont enfin «eu le courage d’occuper les lieux». Aujourd’hui, du fait de sa proximité géographique avec l’Université Assane Seck dont les ¾ sont situés dans le quartier, si l’on se fie à son chef de quartier, Diabir constitue un véritable réceptacle de la population estudiantine. «J’ai hébergé, à moi seul, trois étudiantes», déclare, tout sourire, le chef de quartier de Diabir. Pointant du doigt un petit bâtiment encore en construction, M. Badiane ajoute : «Quand j’ai commencé la construction, les gens (des étudiants) passaient pour me demander ce que je comptais en faire.» Pour ainsi souligner la forte demande de logements par les étudiants.
En ce jour de vendredi 9 février, dans les voies ensablées de Diabir, Mamadou Mané rejoint son local après des heures passées à la Fac. Vêtu d’un super 100 noir et d’un t-shirt blanc estampillé Nike, il presse le pas «pour ne pas rater la prière du vendredi». Mais il accepte quand-même de répondre à notre sollicitation. Il déclare d’un ton pressé : «Les logements ne sont pas suffisants à l’université et très chers dans d’autres quartiers de Ziguinchor. C’est pour cela que beaucoup comme moi ont trouvé une chambre à Diabir.» Derrière lui, un groupe d’étudiants sortant du campus pédagogique, tous aussi pressés de rejoindre «leur domicile». Dans le quartier où les habitations poussent comme des champignons, étudiants et loueurs n’hésitent pas à s’entendre pour l’occupation des maisons souvent pas totalement achevées.
Un mode de vie harmonieux
A quelque 100 mètres de l’université, dans le quartier de Diabir, une maison, à peine finie d’être construite, abrite des étudiants. Près d’une dizaine de jeunes filles et garçons y pratiquent la colocation pour atténuer les coûts du logement dans une ville qui n’est pas la leur. Dans une chambre qui garde encore les traces de truelle, Idrissa déclare : «Nous payons 30 000 francs Cfa la mensualité, plus les factures d’eau et d’électricité», dit-il. Ce qui avoisinerait les 12 000 francs Cfa chaque mois par individu. «Ici, il n’y a aucun critère pour habiter. Si tu t’acquittes de ta cotisation mensuelle, il n’y a aucun problème après. Le reste, c’est de respecter les règles du vivre-ensemble», renchérit le jeune juriste.
Assis sur un matelas posé à même le sol, son colocataire, Moussé Mbaye Diagne, étudiant en Master 2 en Droit et Administration des collectivités territoriales, a, lui, choisi Diabir pour «sa vie harmonieuse et son attractivité pour les étudiants». «Diabir est un quartier très attractif. Au début, on m’a proposé pas mal de quartiers. Mais j’ai vu que Diabir était très proche de l’université, ce qui constitue un atout. Il y a des amis qui étaient là et qui vivaient en harmonie, je me suis rapproché d’eux. C’est un quartier attractif, paisible… En dehors de l’aspect pécuniaire, les gens sont hospitaliers, accueillants et très ouverts. Cela fait un an que je suis dans cette maison, mais les relations ne se sont pas effritées», affirme ce jeune originaire de Keur Massar (Dakar).
Construction de routes
Dans cette vie en surnombre, le quotidien n’est pas exempt de difficultés. Si le quartier ne connaît pas de cas d’insécurité, Diabir, qui manque cruellement d’infrastructures, fait face néanmoins à des coupures récurrentes d’eau, même dans les concessions bénéficiaires d’installations hydrauliques. Mais pour le chef de quartier, il est inapproprié de parler de coupure d’eau. Il déclare : «C’est un service qui nous a octroyés de l’eau avant même le lotissement du quartier. C’était juste pour nous aider. Maintenant, puisque le lotissement est fait, nous demandons la construction de routes et voiries, et l’installation de réseaux d’adduction d’eau dans tout le quartier.» Des doléances dont la satisfaction ne ferait qu’améliorer les conditions de vie de la population locale et des étudiants résidant dans ce quartier relié au centre-ville de Ziguinchor par la ligne n°1. Un bus qui contourne la piste de l’aéroport de Ziguinchor en empruntant des pistes ensablées et en mauvais état.